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Mardi de l’Union des Ingénieurs et Scientifiques : la transition énergétique ne peut créer de rupture

LUnion régionale des Ingénieurs et Scientifiques Ain Rhône, la Société des Électriciens et des Électroniciens (SEE) et Enviscope.com organisaient ce mardi à l’amphithéâtre Sequin de l’INSA de Lyon un «  Mardi des Ingénieurs et scientifiques”  sur le thème de la transition énergétique.

Environ quatre vingt personnes ont assisté à cette rencontre destinée à mettre sur la table, en toute indépendance et objectivité, les difficultés d’une transition souvent perçue en France, comme un virage à prendre en dix ou vingt ans.

Patricl Leclercq, de la SEE, a rappelé le rôle de cette société savante spécialisée dans la science et les techniques de l’électricité. Les exposés d’André Mordant, ancien président de l’URIS Rhône et de Jean Fluchère, ancien délégué régional d’EDF ont montré la complexité des enjeux.

André Mordant, a montré les mix énergétiques de cinq pays européens, la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Grande Bretagne. L’Allemagne a fait le choix d’une sortie rapide du nucléaire, en investissant massivement dans l’éolien et dans le photovoltaïque. Cette mutation audacieuse pose plusieurs problèmes : coût, difficultés à adapter le réseau, excédents de la production éolienne vendus parfois avec subventions sur des marchés étrangers.

Pas essentiellement un défit électrique

Jean Fluchère, reprenant des données de la DGEC (1), de Jean-Marc Jancovici, ou de l’Agence internationale de l’Energie, a rappelé que le défi énergétique n’est pas essentiellement pour la France, comme pour l’Europe, un défi de l’électricité.

«  Il faut absolument réduire la consommation de combustibles fossiles, que nos importons et nous coûtent 68 milliards d’euros en 2012, et sont fortement émetteurs de polluants et de gaz à effet de serre nuisibles pour la santé et le climat » résume Jean Fluchère.

Réduire la consommation des usages non captifs des énergies fossiles

La priorité doit être donnée aux usages non captifs des énergies fossiles, qui doivent être pris en charge par des énergies propres et renouvelables si possible. C’est dans le bâtiment qu’il faut porter l’effort, sur le neuf, soumis à des normes RT2012 et future RT2020, mais surtout sur l’existant. Or, le rythme de 400 000 rénovations de logements annoncé par le Grenelle n’est pas tenu, puisqu’on en est à seulement 120 000 logements rénovés.

«  Cette politique est victime d’un effet d’éviction, cerné par Jean-Marc Jancovici, la crise économique, les limites  des finances publiques et les sommes importantes consacrées trop rapidement aux énergies renouvelables sans que ces filières soient matures, ont privé de moyens pour la rénovation thermique des bâtiments rappelle Jean Fluchère.

Ne pas fermer ce qui fonctionne

Le projet de fermeture accéléré de centrales nucléaires, promis par le candidat François Hollande, n’est pas présenté comme sérieux, par Jean Fluchère. «  Une centrale nucléaire ne vieillit pas elle, s’use et l’on peut remplacer des composants qui s’usent. Ce qui compte  c’est la sécurité, et l’avis de l’Auitorité de Sûreté nucléaire. Fermer des centrales qui peuvent encore fonctionner, c’est détruire de la valeur économique. Il est illusoire de croire que le démantèlement peuvent créer des emplois ou des compétences, car ces compétences existent à Lyon avec le CIDEN”(1).

L’objectif de 50% d’électricité nucléaire en 2025 pose aussi un problème. La mise en service de l’EPR de Flamanville contraindra à fermer dix-huit tranches d’ici à 2025, si le gouvernement ne veut pas dépasser 50% d’électricité nucléaire dans douze ans. Il faudrait fermer 18 tranches nucléaires en France, dont deux fois quatre tranches en Rhône-Alpes.

Mais la fermeture de ces tranches et le plafond de 50% d’électricité nucléaire risquent de mener à des impasses pour la consommation d’électricité. La rénovation du parc  de  logement ne permettra pas de réduire la consommation, et l’efficacité énergétique n’aura pas assez progressé. Les renouvelables ne seront pas en mesure de prendre le relais dans un délai aussi court. « Les énergies renouvelables, même si elles ont leurs limites sont intéressantes mais on a financé des énergies qui ne représentaient pas une filière industrielle. Une filière industrielle, c’est de la recherche, de la production de l’exportation, or, notre recherche, notre production n’étaient pas mûres et on a subventionné l’industrie chinoise. 

Allonger le fonctionnement des centrales actuelles

Le scénario d’un allongement de la durée de vie du parc nucléaire, de son renouvellement par le lancement d’EPR, en 2016 et 2018, paraît d’autant plus sérieux pour l’ancien délégué Régional d’EDF que la demande d’électricité dans les pays européens interconnectés restera forte malgré la crise. Des pays comme l’Italie sont structurellement très importateurs, et l’Allemagne risque d’être aussi importatrice. Enfin, l’Autorité de Sûreté Nucléaire demande une marge de sécurité sur le parc afin que ce dernier ne soit pas fragilisé par la défaillance possible d’une centrale.

Plusieurs questions ont été posées par le public sur le lien entre nucléaire et santé, sur le lien entre consommation énergétique et produit intérieur brut. A la question du lien entre nucléaire et santé, Jean Fluchère a rappelé que les effets environnementaux et sanitaires du nucléaires n’étaient pas perceptibles. Les énergies fossiles posent davantage de problèmes de santé et d’environnement.

La question des accidents a été posée, et des intervenants, sans parler des contaminations de territoires, ont souligné l’absence d’effets sanitaires actuels pour les populations civiles, après l’accident de Fukushima. Les échanges, faute de temps, ne sont pas revenus sur la catastrophe de Tchernobyl. La question des personnels des centrales peut se poser.

Le conférence a été conclue par Jean-Luc Guyot, président de l’URIS Ain-Rhône.

Enviscope consacrera plusieurs articles à cette soirée. Le prochain ” Mardis des ingénieurs et scientifiques ” sera dédiée le 11 juin, aux nanotechnologies.

michel.deprost@enviscope.com

1) Direction générale de l’énergie et du climat.

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