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Michel Claessens : l’incompétence avouée, point de départ de la connaissance

Dans un monde complexe à tous les niveaux, politique, économique, technologique, la question de la compétence se pose. C’est la compétence qui doit permettre de comprendre et d’agir.

Or, la compétence est en question. Elle est mise en question par la complexité, par l’impossibilité pour quelque individu que ce soit de maitriser tout les savoirs. L’incompétence est une dimension systémique des sociétés actuelles et du fonctionnement de l’humanité.

Encore faut-il en cerner les contours. Il y a l’incompétence de ceux qui prétendent savoir, par souci de valorisation, gout du pouvoir, sur médiatisation.  L’incompétence se nourrit largement de l’explosion des savoirs difficiles à maitriser, dont la technologie numérique et internet ne facilitent pas la compréhension.

Michel Claessens note que les géants du numérique ne permettent pas l’accès à une connaissance ordonnée. Les algorithmes des moteurs de recherche enregistrent les tendances de la curiosité du public, les préoccupations des internautes. Les algorithmes secrets des moteurs de recherche ne permettent pas de recherche la connaissance.

Attention au journalisme de façade

Cette évolution a entrainé une dérive du monde des médias. La profusion d’informations, les sources innombrables, la rapidité avec laquelle les informations se succèdent, leur complexité rendent difficile le travail de la presse d’information et des journalistes.  « L’ampleur prise par le « journalisme de façade » est à son avis l’un des lus grande menace de nos sociétés démocratiques et technoscientifiques » souligne Michel Claessens.  Les journalistes sont en particulier responsables lorsqu’ils mettent sur le même plan scientifiques et charlatans !

L’hyperspécialisation des scientifiques, la concurrence qu’ils peuvent se livrer, la médiatisation de la communication scientifique, mal relayée par les médias, simplifiée sont aussi  des écueils.

L’avenir est donc à la transdisciplinarité,  à l’interdisciplinarité, aux liens entre connaissances,  la pensée de la complexité, mise en avant par Edgar Morin, dans son ouvrage La Méthode.

Changer l’enseignement

Pour l’avenir l’enjeu réside largement dans  l’enseignement, qui en France est particulièrement incapable de promouvoir des  méthodes d’apprentissage de l’avenir. L’enseignement en France repose sur une approche disciplinaire, avec des disciplines séparées. La conséquence est claire, chaque discipline est perçue comme une fin en elle-même. L’histoire sert aux historiens, les mathématiques aux mathématiciens «  décloisonner la connaissance et la société est une nécessité » insiste Michel Claessens.

L’enseignement des sciences lui-même doit être dynamique : il faut faire comprendre que la science est une construction et non pas un ouvrage achevé, statique. Il faut rompre avec la vision d’une science figée, séparée, laborieuse. L’enseignement doit passer d’une approche déductive à une approche inductive, qui éveille la curiosité. Mais le changement ne doit pas amener à une science spectacle, simplifiée, et considérée seulement sous un angle ludique.

Cette révolution à 180 degrés de l’enseignement suppose que soit réalisé un véritable changement dans l’apprentissage des techniques numérique, dont les limites doivent être maitrisées.

L’incompétence est une démarche

L’apprentissage doit être celui du risque, des ruptures, de la découverte, des changements de situations. La science doit être aussi citoyenne en association les citoyens non pas à des démonstrations  spectaculaires, mais à la recherche, à la collecte de données, à  la confrontation.

L’incompétence ne devient alors pas un but, mais une démarche, qui vise à se mettre en situation d’apprendre, de rester en éveil. La première compétence est de rester en éveil, pour gérer son incompétence et faire de son incompétence une compétence productrice de nouveaux savoirs.

Pour mettre en œuvre cette révolution, Michel Claessens, souligne l’existence de profils psychologiques particuliers, identifiés par la classification Myers Briggs Type Indicator (MBTI).  Les personnes extraverties,  intuitives,  objective, analytiques, tournées vers l’avenir, le travail en équipe, sont les mieux outillées pour trouver des solutions, pour inventer. Ce sont les inventeurs, conscients des limites de leurs connaissances, à la recherche de solutions qui sont les plus aptes à inventer l’avenir.

Michel.deprost@enviscope.com

Petit éloge de l’incompétence, Michel Claessens, Editions Quae, 16 euros

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