Le projet InterAPI mené par l’’Itsap-Institut de l’abeille, montre que des cultures mellifères d’automne, apportent aux colonies d’abeilles mellifères, une alimentation équilibrée et les aide à traverser l’hiver.
Aujourd’hui, les surfaces en fleurs dans les zones de grandes cultures sont trop rares pour la constitution des stocks alimentaires en nectar et en pollen nécessaires à la survie des colonies d’abeilles en hiver. Les colonies ne bénéficient alors que des quelques éléments boisés et plus particulièrement le lierre, pour assurer leurs réserves.
Le projet InterAPI a étudié l’intérêt des cultures intermédiaires mellifères (Cim) pour produire du nectar et du pollen. L’expérimentation, réalisée sur deux ans dans quatre zones en Beauce, a permis d’étudier le devenir de colonies d’abeilles et leur état de santé, sur des sites avec Cim et sur des sites témoins.
Les résultats prouvent que l’implantation de 30 hectares de Cim (mélange expérimental composé d’Avoine rude, de Moutardes blanche et brune, de Vesces commune et pourpre, de Trèfle d’Alexandrie, de Tournesol et de Phacélie) dans l’environnement de 30 colonies offre une alimentation en pollen plus diversifiée.
Un anti-oxydant pour les défenses immunitaires
L’introduction de Cim accroît à l’automne, la capacité de renouvellement des ouvrières sur lesquelles repose la survie hivernale de la colonie. Les ourvières présentent de meilleures défenses naturelles. Cela a été révélé par la présence de vitellogénine, un antioxydant impliqué dans les défenses immunitaires et la longévité de l’abeille.
Le couvert mellifère doit être implanté à raison d’un 1ha/colonie minimum, sur une aire de butinage de 1,5 km de rayon (707 ha) autour d’un rucher d’hivernage, près d’éléments paysagers semi-naturels complémentaires. Le dispositif peut être organisé avec quelques agriculteurs associés à des apiculteurs.
Pour le choix des plantes mellifères, un outil d’aide à la décision est mis en ligne sur http://interapi.itsap.asso.fr/ . Il faut privilégier les mélanges d’espèces à floraison précoce par exemple à base de moutardes, vesces, trèfle d’Alexandrie, phacélie, tout en respectant les précautions agronomiques élémentaires. Les semis doivent être réalisés le plus tôt possible après la moisson. L’implantation précoce d’un mélange d’espèces présente d’autres intérêts : meilleure production de biomasse, meilleur effet piège à nitrates, plus grande restitution d’éléments minéraux pour la culture suivante, amélioration de la structuration du sol… La réintroduction d’une ressource alimentaire en faveur des abeilles doit s’accompagner d’une réduction de l’exposition aux pesticides toxiques.
InterAPI propose deux supports de sensibilisation et de préconisations à destination des conseillers du monde agricole, des cultivateurs et des apiculteurs : un livret d’argumentation et de préconisations à destination des conseillers agricoles pour faciliter la prise de conscience de l’intérêt d’un renforcement des ressources polliniques et nectarifères. Un livret pédagogique d’appui aux enseignants apportant une base technique et scientifique relative au maintien et au rôle des abeilles mellifères et sauvages dans les agro-écosystèmes céréaliers afin de leur permettre de préparer des enseignements pour sensibiliser leurs étudiants sur ce sujet.
Les résultats du projet ont été présenté lors d’un colloque au Lycée agricole de Chartres-La Saussaye le mardi 25 novembre 2014. * InterAPI est intégré dans le programme de R&D de l’Unité Mixte Technologique « Protection de l’abeille dans l’environnement » (PrADE) qui fédère les trois partenaires suivants : ACTA, INRA UR 406 « Abeilles et environnement », Itsap-Institut de l’abeille et Association de développement de l’apiculture provençale (Adapi).
Partenaires du projet : Acta, Acta Informatique, Association de développement de l’apiculture en région Centre (Adapic, adhérente à l’Itsap-Institut de l’abeille), UR 406 Inra Abeilles et environnement – Avignon, Inra du Magneraud, Arvalis-Institut du végétal, Cetiom, Chambre régionale d’agriculture du Centre, Chambre départementale d’agriculture d’Eure-et-Loir, Chambre départementale d’agriculture du Loiret, Chambre départementale d’agriculture du Loir-et-Cher, Coop de France – Centre (Fédération régionale des coopératives agricoles), Lycée agricole de La Saussaye (28), la société Jouffray-Drillaud (Semencier), Inra Eco développement (Avignon).
Fabrice ALLIER, Coordinateur « Pollinisation et ressources de l’abeille », fabrice.allier@itsap.asso.fr / 04 32 72 26 69
