Biodiversité et santé : pas d’avancée sans l’agriculture

Nous avons eu confirmation : les organisations du monde de l’agriculture et de l’élevage n’ont pas été invitées par la Région Rhône-Alpes, à l’important colloque national organisé sur le thème ” Biodiversité et santé” tenu pendant deux jours à l’Ecole Vétérinaire Vet Agro Sup de Marcy l’Etoile, établissement dédié aux secteurs de l’agriculture et de l’élevage.

Cette non invitation n’est pas un oubli. Elle illustre que pour bien des acteurs, l’agriculture et l’élevage dérangent. Ils sont présentés comme non corrects sur les plans politique et environnemental.

Ils sont même présentés par certains partis et associations comme les principales causes de perturbations à l’environnement.  Tout groupe (1) a besoin des boucs émissaires.

Même si la qualité des eaux s’améliore, même si des produits phytosanitaires interdits se retrouvent dans les eaux, la situation va vers le mieux comme le confirment les études de l’Agence de l’eau. L’agriculture doit encore réaliser des progrès, s’engager plus dans la voie de l’agro-écologie, sur laquelle travaillent une école comme ISARA et des professionnels en Rhône-Alpes.

Mais ce travail au quotidien ne retient pas l’attention. Il est plus facile de dire que les produits phytosanitaires seraient la cause première des problèmes des abeilles à miel, alors que les scientifiques mettent en avant le rôle premier d’agents biologiques, le dernier arrivé en Europe étant Aethina tumida .

L’agriculture, l’ennemi

Il est plus tendance, et davantage payant sur le plan électoral,  de laisser répéter pour un public urbain ignorant de la chose agricole, que l’agriculture est l’ennemi.

Cette fracture sociale basée sur la méconnaissance technique et sur l’ignorance de l’autre, a de graves conséquences.

Les associations autoproclamées de défense de l’environnement, ne mettent en avant que les effets négatifs de l’activité agricole et de l’élevage. Elles oublient volontiers que l’agriculture, surtout en montagne, crée des milieux ouverts favorables à la biodiversité.

Certains militants de l’écologie politique (qui n’a rien à voir avec l’écologie scientifique) développent ainsi une stratégie de la tension, de la dramatisation. Au lieu de consacrer leur énergie à mettre en cause des projets pharaoniques dévoreurs d’espace et de fonds publics (le Grand Stade de l’OL à Lyon)  ces associations focalisent leur attention sur quelques dossiers. Il faut dire que leur dépendance financière par rapport aux collectivités ne les rend pas libre…

Cette stratégie de la tension a parfois des conséquences dramatiques face à un Etat et à des collectivités qui ont moins le sens du vrai débat que le sens de la communication. La mort accidentelle d’un jeune naturaliste non violent sur le site du futur barrage de Sivens est le résultat de cette escalade.

Du dossier, les médias n’ont retenu que le face à face spectaculaire, les enjeux politiciens, une issue dramatique. Les parents de Rémi eux-mêmes ont appelé à la raison.

Il est temps de vraiment parler d’agriculture durable, avec ceux qui veulent la pratiquer. C’est aux élus de se montrer capables d’organiser de vrais débats, sans oublier d’inviter toutes les parties prenantes.

michel.deprost@enviscope.com

 

1) Le philosophe René Girard, dans la Violence et le Sacré a montré le rôle du bouc émissaire.

 

LinkedIn
Twitter
Email

à voir

Related Posts

Mag2lyon numéro 163

NEWSLETTER

Rececevez réguliérement par mail nos dernier articles publiés

Lire la vidéo
Lire la vidéo
Lire la vidéo

Derniers articles publiés

Enquêtes

Reportage Vin 31

Dossiers

Territoires

Environnement

Energie

Mobilité

Médiathèque

économie

économie durable

bioéconomie

économie circulaire

Construction et aménagement

Recherche

Connection

Connexion à votre compte

Récupération de votre mot de passe

Merci de saisir votre identifant ou votre adresse email