La filière forêt-bois doit être plus collective dès l’échelon local. C’est à l’échelle locale que la filière doit être plus intégrée, des propriétaires aux maîtres d’ouvrage en passant par les communes. C’est l’un des constats émis lors des Assises régionales de la filière forêt-bois Auvergne-Rhône-Alpes, tenues récemment au siège de la Région.
La forêt en Auvergne-Rhône-Alpes comme en France souffre d’éparpillement, de dispersion, de cloisonnement. Pour que la filière se développe elle doit lever les barrières qui freinent les coopérations entre acteurs souvent voisins.
Les propriétaires forestiers doivent apprendre à travailler ensemble pour partager des investissements qui sont lourds : pistes forestières, dessertes en montagne. Il faut également mutualiser au niveau des travaux forestiers pour amortir des investissements de plus en plus onéreux en engins de coupe, de débardage, de transport.
Les communes forestières ont un rôle moteur à jouer. Elles sont propriétaires et même si leurs forêts sont gérées par l’Office National des Forêts ( ONF), elles connaissent bien le marché et les contraintes de l’exploitation. Elles connaissent aussi une partie des propriétaires forestiers privés, même si une grande partie des propriétaires de parcelles minuscules ignorent où sont leurs bois. Philippe Emin, maire de Cormaranche-en-Bugey, explique que la coopération avec des forestiers privés a permis de sortir davantage de bois.
Coopérations entre scieries
Les coopérations doivent exister entre scieries pour répondre ensemble à des demandes. David Bosch, de la société de construction SDCC explique. ” Pour nous la filière est en place. On fonctionne à 100% en bois massif local avec trois scieries différentes et complémentaires. Je peux m’approvisionner en local car les trois scieries ont investi à l’écoute de nos besoins conception 3 D, usinage numérique, module de calcul 3D.”
C’est aussi localement qu’il faut des démonstrateurs, des réalisations qui servent de vitrines. Là encore les communes jouent un rôle essentiel. La commande publique permet de faire sortir de terre des projets, d’améliorer les capacités des entreprises. En Isère, la filière bois a produit sur 10 ans des bâtiments qui fonctionnent très bien et le secteur privée suit l’exemple. Le groupe Air liquide a ainsi construit des bâtiment en bois sur un site grenoblois. La filière courte est performante pour les émissions de CO2 et sur le plan énergétique.
Densifier avec le bois
L’innovation locale peut convaincre et faire tache d’huile pour démontrer l’intérêt du bois. Le bois répond parfaitement aux besoins actuels de production de logements, de densification des villes et des villages. Il apporte en effet plusieurs solutions.
La surélévation est une solution face à la pénurie ou au prix du foncier. Pour monter des étages supplémentaires, le bois a l’avantage du poids et de la souplesse de mise en oeuvre : sur un immeuble déjà haut de cinq étage, on peut ajouter seulement étage en béton, mais trois niveaux en bois.
A isolation équivalente, un mur béton a 45 cm d’épaisseur alors qu’un mur bois a seulement 30 cm. Pour un bâtiment de 450 m2, le gain de surface est considérable. Le bois permet de réaliser 25 mètres carrés de plus sans dépenser davantage.
Il reste des défis, comme la réalisation d’immeubles de grande hauteur, de plus de dix étages. La communication est intense : qui réalisera le premier immeuble en bois de 15 étages. Les capacités techniques existent. Pour éviter le risque d’importation de bois, les alliances seront nécessaires et l’idéal serait qu’elles fussent locales.
