Les producteurs de panneaux photovoltaïques européens souffrent encore malgré le décollage du marché. Pour Hubert Duplantier, directeur général de Wismar France, face à la concurrence asiatique, industriels et développeurs doivent mettre en place une stratégie commune. Les panneaux photovoltaïques seront demain une commodité pour laquelle l’Europe devra être indépendante.

Quelle est la situation de l’industrie européenne des panneaux photovoltaïques ?

Hubert Duplantier : Le secteur souffre toujours beaucoup de la concurrence de pays asiatiques comme la Chine, la Thaïlande, la Malaisie. La Chine bénéficie de l’échelle de ses usines. Le producteur standard en chine a une capacité de 5 GigaWatt alors qu’en Europe, l’industriel standard a plutôt une capacité de 500MW. Et plus que d’avantages compétitifs sur le cout de la main d’œuvre, la production étant largement robotisée, l’avantage des Chinois vient de financements publics à des couts avantageux. Les producteurs asiatiques ont aisément contourne les mesures mises en place par l’Europe, en inventant si on peut dire, des usine de panneaux au Vietnam.

Les développeurs et de porteurs de projets photovoltaïques en Europe jouent-ils le jeu de la solidarité européenne avec les industriels ?

C’est très variable  car beaucoup cherchent avant tout à conforter leur rendement financier. Alors que qu’en achetant des panneaux européens, ils auraient encore la possibilité de maintenir leur rentabilité en vendant leur électricité un peu plus cher.

Comment le secteur va-il évoluer ?

Les progrès technologiques ont permis une baisse des couts. Dans un projet, les panneaux ne représentent qu’une partie de l’investissement. Les panneaux deviendront bientôt une commodité accessible partout à des couts qui auront baissé. Le prix du transport, qui pouvait être marginal quand les panneaux était onéreux  représentera une proportion non négligeable. Les panneaux deviendront encore davantage une commodité lorsque le marché  qui commence à démarre vraiment va se développer pleinement.

En 2020, la norme Batiment à énergie positive BEPOS imposera que tout bâtiment neuf produise davantage d’énergie qu’il en consommera. Aussi bien dans l’individuel que dans le collectif dans l’industrie, la demande se développera automatiquement car le solaire est la principale manière de produire de l’électricité sur un bâtiment, dans une ville. C’est plus facile qu’avec l’éolien ou qu’avec la biomasse. Petit à petit des verrous comme le stockage sauteront.

Le potentiel est aussi énorme pour les surfaces existantes, encore presqu’intégralement inexploitées. Or, avec des panneaux moins chers, même de rendement faible, qui produiront pendant pus de 20 ans au-delà de l’obligation d’achat, i sera possible d’assurer une production électrique.

Les enjeux ?

Il est nécessaire de construire en Europe une capacité industrielle pour faire face aux besoins du continent.  Pour cela, il faut obtenir des effets d’échelle, être capable de mettre en place des unités de production qui réduisent les couts au maximum.

Comment y parvenir ?

Au niveau national tout d’abord, il faut mettre tout le monde autour de la table. Or le secteur du solaire est divisé, il y a deux syndicats le Syndicat des Energies renouvelables et Enerplan. Il y a les industriels eux-mêmes multiples et les développeurs qui sont concurrents entre eux. Il faut réunir tout le monde pour voir comment faire converger durablement les intérêts. Il faut aussi agir avec les Allemands qui sont davantage enclins à vouloir conserver et développer leur industrie.

Comment la  société WISMAR traverse-elle cette période ?

WISMAR a décidé de se diversifier pour traverser cette période difficile. L’entreprise fait partie d’un groupe, qui lui même est diversifié, et affiche une volonté industrielle. Nous avons développé notre activité dans plusieurs directions. Wismar produit ainsi des panneaux photovoltaïques  pour répondre à n marché de remplacement d’installation qui se développe. Nous produisons aussi des panneaux  bi-verre, et d’autre spécialités, qui nous permettre d’être présent sur de nouveaux créneaux.