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L’environnement urbain menace aussi les papillons

Estelle Rochat, chercheuse à l’Université de Genève  et Magali Deschamps-Cottin , Maître de Conférences, de  INSTITUT PYTHEAS – OBSERVATOIRE DES SCIENCES DE L’UNIVERS à Marseille, expliquent l’importance des papillons dans les villes.

Comment caractériser les milieux «  utiles » aux papillons, par rapport à d’autres insectes ?

Les milieux favorables pour une espèce dépendent notamment du mode de déplacement de l’espèce ainsi que des ressources disponibles pour que l’espèce puisse se nourrir et se reproduire. Pour les papillons, les milieux favorables se caractérisent donc par une végétation contenant des plantes favorables pour le butinement et l’absence de structures construites entravant le déplacement par les airs (bâtiments ou surfaces construites hautes, etc.). Il existe toutefois des différences entre les papillons. Par exemple, les milieux forestiers peuvent être favorables pour certains papillons mais ce ne sera par exemple pas le cas de la Piéride de la Rave qui apprécie les milieux ouverts et ensoleillés. D’autres insectes présentant des modes de dispersion similaire à ceux des papillons peuvent avoir des milieux favorables très similaires, alors que des insectes vivant proche du sol ou à proximité de point d’eau par exemple se retrouveront dans des milieux naturels différents.
Effectivement beaucoup d’espèces sont contraintes dans leurs déplacements par les bâtiments, mais l’aménagement et la gestion des parcs urbains jouent un grand rôle.

Il faut effectivement des plantes nectarifères pour les imagos mais également des plantes hôtes pour les chenilles. Et en urbain il semble que ce soit surtout ces dernières qui sont parfois absentes du fait de l’artificialisation (plantation d’espèces exotiques) des espaces urbains. C’est pour cette raison que nous expérimentons des changements de pratiques de gestion dans certains espaces pour voir si en apportant des plantes hôtes et nectarifères en ville (plutôt des espèces natives), les papillons arrivent à se maintenir.

Quelles sont les espèces les plus courantes dans nos villes ?

La Piéride de la Rave que nous avons étudiée fait  partie des papillons que l’on peut rencontrer fréquemment en milieu urbain. A Marseille les espèces les plus abondantes en ville sont effectivement la Piéride de la rave qui domine largement les communautés, puis l’Azuré commun, le Tircis et enfin le Soucis et le Myrtil. Citons également le Brun des Pélargonium que l’on ne retrouve qu’en ville, c’est une espèce exotique arrivée d’Afrique du Sud avec le commerce des Pélargonium.

Quel est l’impact d’autres facteurs : pollution atmosphérique, insecticides et autres molécules?

Notre étude n’a pas analysé l’impact de ces facteurs supplémentaires. A priori les insecticides ont un impact direct sur la survie des papillons en tuant notamment les larves. Les pesticides doivent également avoir un impact important en supprimant les plantes favorables pour le butinement. Ces différents paramètres n’ont toutefois pas été intégrés dans notre étude qui s’est concentrée sur l’influence des structures construites et de l’absence de connectivité entre les espaces naturels. L’ajout de paramètres liés aux différents types de pollution devrait donc encore renforcer les phénomènes observés en réduisant encore plus fortement la persistance des populations de papillons dans les milieux concernés.

Comment comparer les populations entre les milieux urbains, suburbains, ruraux et naturels ?

Dans notre étude, nous avons délimité des zones correspondant aux milieux urbain, suburbain et rural en fonction principalement de la couverture du sol et du pourcentage de zones construites ou non naturelles. Une fois ces différentes zones délimitées, nous avons utilisé les résultats des simulations informatiques pour calculer le nombre d’individus survivant à chaque génération dans les différents types de zones. De même, nous avons pu calculer le niveau de consanguinité dans chaque zone.

Quelle est la place des papillons en termes de diversité ?

Les papillons jouent en effet un rôle important en tant que pollinisateurs et pollinisent notamment des plantes différentes des plantes préférées des abeilles. De plus, ils sont souvent considérés comme un bon indicateur de la biodiversité générale d’un milieu. En effet, ils sont relativement peu spécialistes et arrivent à se nourrir de plantes variées. Leur déclin permet donc de mettre en évidence une chute plus générale de la biodiversité.

Ils pollinisent  de façon moins efficace que les abeilles car moins fidèles aux plantes. Mais ils participent à la chaine alimentaire et constituent des ressources trophiques pour les reptiles, araignées et surtout les oiseaux en ville, en particulier pour l’alimentation des jeunes au printemps.

Ils sont aussi de très bons indicateurs car ils répondent rapidement aux modifications du milieu. Je précise que certaines espèces sont généralistes mais il existe également des espèces spécialistes de certaines familles de plantes et même certaines qui sont inféodées à une seule espèce de plante hôte pour leur larve. Si la plante n’est pas présente, pas de papillon. Et ce que l’on observe en ville c’est une perte des espèces spécialistes au profit des généralistes. Nous avions sélectionné la piéride car c’est une espèce à large spectre alimentaire et avec des plantes hôtes disponibles sur tout le transect.

 

 

 

M Deschamps-Cottin

 

 

Magali Deschamps-Cottin
Maître de Conférences – INSTITUT PYTHEAS – OBSERVATOIRE DES SCIENCES DE L’UNIVERS

Aix-Marseille Université – Laboratoire Population Environnement Développement (LPED) – UMR 151 AMU / IRD – Case 10 – ST CHARLES – 3 Place Victor Hugo – 13003 Marseille

Tél: +33(0)4 13 55 07 54

Site : http://www.lped.org – Email : magali.deschamps-cottin@univ-amu.fr

Afin de respecter l’environnement, merci de n’imprimer cet email que si

De : Michel DEPROST <michel.deprost@enviscope.com>
Envoyé : mardi 22 août 2017 08:04:14
À : ‘Rochat Estelle’
Cc : ‘Joost Stéphane’; DESCHAMPS COTTIN Magali; ‘Widmer Ivo’; ‘Stephanie MANEL’
Objet : RE: Questions sur les papillons

 

Bonjour,

 

Merci beaucoup de vos réponses. J’attends d’éventuels compléments de vos collègues.

Cordialement

 

Michel Deprost

 

De : Rochat Estelle [mailto:estelle.rochat@epfl.ch]
Envoyé : lundi 21 août 2017 19:26
À : Michel DEPROST
Cc : Joost Stéphane; magali.deschamps-cottin@univ-amu.fr; Widmer Ivo; Stephanie MANEL
Objet : RE: Questions sur les papillons

 

Bonjour Monsieur,

 

Je vous remercie pour votre e-mail ainsi que pour l’intérêt accordé à notre étude.

 

J’ai le plaisir d’apporter ci-dessous quelques éléments de réponse à vos questions. Je mets en copie de ce message les co-auteurs de l’étude qui voudront peut-être compléter mes réponses.

 

–  Comment caractériser les milieux «  utiles » aux papillons, par rapport à d’autres insectes ?

 

Les milieux favorables pour une espèce dépendent notamment du mode de déplacement de l’espèce ainsi que des ressources disponibles pour que l’espèce puisse se nourrir et se reproduire. Pour les papillons, les milieux favorables se caractérisent donc par une végétation contenant des plantes favorables pour le butinement et l’absence de structures construites entravant le déplacement par les airs (bâtiments ou surfaces construites hautes, etc.). Il existe toutefois des différences entre les papillons. Par exemple, les milieux forestiers peuvent être favorables pour certains papillons mais ce ne sera par exemple pas le cas de la Piéride de la Rave qui apprécie les milieux ouverts et ensoleillés. D’autres insectes présentant des modes de dispersion similaire à ceux des papillons peuvent avoir des milieux favorables très similaires, alors que des insectes vivant proche du sol ou à proximité de point d’eau par exemple se retrouveront dans des milieux naturels différents.

 

– Quelles sont les espèces les plus courantes dans nos villes ?

 

Je ne suis malheureusement pas spécialiste des papillons et je ne saurai pas vous donner la liste des espèces les plus courantes dans nos villes. La Piéride de la Rave que nous avons étudié fait néanmoins partie des papillons que l’on peut rencontrer fréquemment en milieu urbain.

 

–    Quel est l’impact d’autres facteurs : pollution atmosphérique, insecticides et autres molécules…

 

Notre étude n’a pas analysé l’impact de ces facteurs supplémentaires. A priori les insecticides ont un impact direct sur la survie des papillons en tuant notamment les larves. Les pesticides doivent également avoir un impact important en supprimant les plantes favorables pour le butinement. Ces différents paramètres n’ont toutefois pas été intégrés dans notre étude qui s’est concentrée sur l’influence des structures construites et de l’absence de connectivité entre les espaces naturels. L’ajout de paramètres liés aux différents types de pollution devrait donc encore renforcer les phénomènes observés en réduisant encore plus fortement la persistance des populations de papillons dans les milieux concernés.

 

–    Comment comparer les populations entre les milieux urbains, suburbains, ruraux et naturels ?

 

Dans notre étude, nous avons délimité des zones correspondant aux milieux urbain, suburbain et rural en fonction principalement de la couverture du sol et du pourcentage de zones construites ou non naturelles. Une fois ces différentes zones délimitées, nous avons utilisé les résultats des simulations informatiques pour calculer le nombre d’individus survivant à chaque génération dans les différents types de zones. De même, nous avons pu calculer le niveau de consanguinité dans chaque zone.

Quelle est la place des papillons en termes de diversité?

Les papillons jouent en effet un rôle important en tant que pollinisateur et pollinisent notamment des plantes différentes de celles préférées des abeilles. De plus, ils sont souvent considérés comme un bon indicateur de la biodiversité générale d’un milieu. En effet, ils sont relativement peu spécialistes et arrivent à se nourrir de plantes variées. Leur déclin permet donc de mettre en évidence une chute plus générale de la biodiversité.

 

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