Ils ont perdu la raison, ou comment le Parti socialiste a tourné le dos à la science

Le livre de Jean de Kervasdoué donne sans doute quelques clés non seulement sur les blocages de la société française, mais aussi sur les raisons du recul de la gauche et du parti socialiste. Après une partie de la droite, la gauche refuse d’asseoir  son projet sur la science, et préfère les alliances électorales qui surfent sur des dimensions non rationnelles de l’écologie.

Une partie de la droite, avec Nicolas Sarkozy, a renoncé aux OGM parce que les Français n‘en voulaient pas. Le Parti socialiste s’est aussi engagé dans une politique flattant une opinion désinformée, pour conquérir et  conserver le pouvoir.
C’est une des thèses de Jean de Kervasdoué,  ingénieur agronome, ingénieur des Ponts et des Forêts, de l’Académie des technologies, professeur émérite au Conservatoire National des Arts et Métiers.

Les ingénieurs et scientifiques s’éloignent du PS

 

Jean de Kervasdoué explique cette dérive.  Scientifique, il a milité dans les rangs du Parti socialiste,  eu des responsabilités, partagé l’engagement de Chevènement  pour la recherche dans les années quatre-vingt. Mais au fil des ans, il a découvert combien ce parti s’est éloigné des réalités, pour devenir un parti de professionnels de la politique. Le PS s’est éloigné des réalités économiques, mais aussi des réalités scientifiques et techniques. Résultat,  «  les  scientifiques et ingénieurs qui ont accompagné le Parti socialiste depuis sa création s’en éloignent ».

Jean de Kervasdoué décrit les effets catastrophiques de cette dérive du principal parti de la Gauche. Il analyse certains dossiers très discutés dans la problématique environnementale, non pas pour les nier mais pour  les aborder d’une manière rationnelle.

Les effets du diesel surestimés

Il dénonce ainsi le discours de deux ministres du gouvernement Ayrault, qui mettent tout le poids de la mortalité sur la pollution atmosphérique, notamment due au diésel, en gommant les effets du tabac. Or, la pollution atmosphérique, si elle doit être encore réduite, vient après les effets du tabac.  Pour  les OGM,  Jean de Kervasdoué montre comment le Gouvernement a été à la remorque des  affirmations des anti –OGM, en repoussant les affirmations des scientifiques. Il décrit  « une  déroute de la pensée  et ses conséquences scientifiques et économiques ».

De Kervasdoué,  rappelle que les «  attaques contre les médicaments des plantes »,  les pesticides, dont les effets négatifs sont largement surestimés selon lui. Il met en garde contre les craintes excessives à l’égard du Bisphénol A.

Illusions énergétiques

 

La critique vise aussi les illusions énergétiques, qui consiste à faire croire à une transformation rapide du système énergétique. Il relativise la part des émissions européennes de gaz à effet de serre, en rappelant que si l’Europe avait en énergie décarbonée comme la France,  cela ne réduirait au mieux  le stock de carbone émis par la planète en 2050 que de 0,9%.  En prenant en compte l’effort de la  France seule ,  l’impact serait quatre fois moindre, il n’y a donc pas urgence de changer de modèle sur le plan des émissions de gaz à effet de serre. Pour  Jean de Kervasdoué, le nucléaire  ne doit pas être repoussé à priorité et il fustige l’engagement de François Hollande qui ne repos sur aucune stratégie.

En matière de santé enfin, Jean de Kervasdoué, dénonce la succession de réformes souvent improductives alors que l’innovation  et les vraies économies tardent  souvent à faire leur chemin, dans une société frileuse.

Une politique de sophistes

Mais surtout, Jean de Kervasdoué, dénonce des politiques qui plutôt que l’expérience, le pragmatisme, la science, la raison, pratiquent l’art du sophisme. Le sophisme, c’est l’art de chercher à convaincre à tout prix, à séduire, sans référence à la vérité.

De Kervasdoué dénonce les risques d’une démocratie d’opinion lorsque que l’opinion est mal informée, désinformée. Il dénonce le poids d’ONG qui  surfent sur les vagues de peur, les ONG elles-mêmes manquant de légitimité car elles sont aussi sponsorisées par des entreprises ou par le politique.

Face à ces sources d’informations, de Kervasdoué note qu’il n’y a  aucun scientifique, ingénieur,  militaire ou chef d’entreprise, dans le gouvernement de Jean  Marc Ayrault, mais seulement des juristes et des littéraires.

Pour Jean de Kervasdoué, le ” vrai”  n’est pas du même registre que le «  bien “,  que ” l’équitable » ou que le  ” juste ».  Une décision démocratique n’est pas forcément une bonne décision. De Kervasdoué estime que le Parti socialiste se trompe lorsqu’il pense «   enraciner la science  dans une base morale ». «  C’est en cela  que la gauche a aussi perdu la raison, elle ne croit plus, comme au temps de Jaurès, à la  force du raisonnement scientifique et à l’importance de l’expérience, elle cherche à avoir raison  au sens médiatique du terme…  autrement dit à penser comme les autres pensent. »

Il dénonce l’interprétation erronée du principe de précaution qui consiste à refuser d’agir d’inventer, d’innover, donc souvent de trouver des solutions à des problèmes. En 2012, l’espérance de vie des femmes a reculé pour la première fois car lors de l’épidémie de grippe H1N1, la mise en place de vaccins sans adjuvant a fait imaginer des risque  pour la vaccination en général, qui a reculé !

michel.deprost@enviscope.com

Ils  ont perdu la raison, Jean de Kervasdoué, éditions Robert Laffont, 226 pages,  19,50 euros

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