Vingt neuf ans après la catastrophe de Tchernobyl, les sols de certains secteurs des Alpes, dans le Mercantour, présentent un niveau de radioactivité qui doit les faire classer comme déchets radioactifs.
Des échantillons prélevés sur des zones d’accumulation de sols de certains secteur du Mercantour étudiés par la CRIIRAD ont montré une radioactivité dépassant 100 000 Bq/kg en césium 137. Pour l’association, des échantillons, donc ces sols, doivent être considérés comme des déchets radioactifs et devront être confiés à l’ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs). Au début du vingtième siècle, la radioactivité naturelle de ces sols était de 0 Bq/kg pour le césium 137.
La CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité a réalisé les 5 et 6 juillet à des mesures de radioactivité et d’échantillonnages dans des secteurs du parc National du Mercantour, pour connaitre l’évolution de la contamination issue des retombées provoquées par la catastrophe de Tchernobyl survenue le 28 avril 1986.
En mai 1986 des radionucléides avaient été projetés dans l’atmosphère, au dessus du réacteur, puis poussé par le vent le ” nuage” chargé , avait progressé vers l’Ouest de l’Europe. Les précipitations avaient déposé sur les régions traversées des quantités d’éléments radioactifs. Plus les masses d’air progressaient vers l’Ouest, plus la radioactivité des masses d’air déclinait.
A l’est de la France, les masses d’air venant de l’Est étaient considérablement moins radioactives. Alors que des pays situés à l’est avaient pris des mesures, les pouvoirs publics français avaient estimé que des mesures n’étaient pas nécessaires en France.
Retombées dans le sud-Est
Les retombées avaient été “particulièrement intenses” dans le sud-est de la France, dans les Alpes et en Corse. Les pluies sur les reliefs avaient déposé des éléments radioactifs sur les sols. La CRIIRAD a mis en évidence entre 1996 et 1998, de très fortes contaminations des sols dans le Mercantour.
Au cœur du Parc National entre 2 440 et 2 540 mètres d’altitude, dans le secteur du Col de la Bonette-Restefond, à la frontière entre les départements des Alpes de Haute-Provence et des Alpes Maritimes, ” à un mètre du sol sur des centaines de mètres carrés, le niveau de radiation est toujours plus de 2 fois supérieur à la normale.”
Ces forts niveaux de rayonnement sont dus à la contamination résiduelle des sols par le césium 137 imputable principalement1 aux retombées de la catastrophe de Tchernoby. Les études réalisées en 1996-1997 par la CRIIRAD ont montré que pour les échantillons de sol dont la contamination en césium 137 dépassait 10 000 Bq/kg sec, plus de 80 % du césium 137 était imputable aux retombées de Tchernobyl. Le reste provient surtout des retombées des essais nucléaires atmosphériques des années 50-60.
En fonction de la topographie, des conditions climatiques, du couvert végétal, de la typologie des sols, le césium a pu être redistribué, être concentré en très fortes accumulations. La pluie, le ravinement l’érosion ont pu entrainer des concentrations dans des secteurs de fonds de vallée ou de combes. Les niveaux de radiation au contact du sol dépassent toujours, sur les zones d’accumulation, des valeurs plusieurs dizaines de fois voire plus de 100 fois supérieures à la radioactivité naturelle. ” Demeurer deux heures sur certaines zones induit toujours en 2015 une exposition à un débit de dose de 5 µSv/h au contact du sol.
