L’écologie une idée neuve en France. Il y a vingt ans personne ne s’affichait écologiste, ou féministe, ou post colonial, sur la scène politique ou scientifique. Depuis le sommet de Rio en 1992 un changement profond a mis fin à une rupture approfondie par la philosophie de Descartes entre l’homme et la nature. Descartes a placé l’homme et la raison au centre du monde et non pas inscrit dans la nature. Avec Descartes, l’homme est placé au dessus de la nature qu’il estime être en mesure de domestiquer, alors qu’en Hollande, pays en avance d’un siècle sur la France sur le plan de la démocratie, avec SPINOZA, la nature surplombe l’homme qui ne peut lui commander qu’en lui obéissant.
Cette vision qui est devenue en grande partie la vision française, dénote selon Alain LIPIETZ une incapacité à penser la complexité et à inclure la nature dans les réflexions. La nature est assimilée à un élément immature, appelé à être dominé par l’esprit. La raison qui domine la nature est synonyme de progrès, alors que la nature est synonyme de régression. Une autre conception voit dans la nature ce qui n’a pas de besoin de loi. La discussion française sur la nature est une discussion sur la capacité du souverain à régir bien ou mal le monde physique ou social.
Nature, réaction et progrès. La réaction politique à la Révolution française a porté un jugement négatif sur la capacité d’un peuple souverain et fera appel à un ordre naturel pour inspirer la société, à la tradition, thème eprise par le régime de Pétain. La République, la laïcité se sont développées au détriment de la nature qui avait vocation à être domptée. Les Français sont donc souvent perçus comme des technocrates, et il a fallu du temps pour que cette séparation entre la technique et la nature soit réduite.
Redonner sa place à l’homme. La réduction du fossé a été le fait d’hommes comme des agonomes au premier rang desquels René Dumont, qui fut le premier candidat à porter l’étiquette écologiste lors d’une élection présidentielle. Il a fallu aussi l’œuvre du structuralisme, avec des travaux comme ceux de Michel Foucault, ou les travaux de la psychanalyse pour effacer une empreinte de l’homme sur de lui et dominateur. René Dumont, qui était parfaitement cartésien par ailleurs, montre que le problème de la faim dans le monde dépend non seulement d’un bon rapport entre l’homme et la nature, entre l’homme et les ressources naturelles, mais aussi de bons rapports entre les hommes, et en particulier entre l’homme et la femme.