Quand le local et le bio s’invitent à la table de la cantine

        

Pour Arnaud Daguin présenté comme cuisinier et “agitateur”, Vincent Rozé animateur d’un groupement de producteurs, Jean-Claude Darlet président de la Chambre d’agriculture de l’Isère, Christian Nucci vice-président du Conseil général de l’Isère, Danièle Pic présidente du Parc du Vercors et Bernard Perazio, conseiller général de Pont-en-Royans, le bio et le local ça fonctionne déjà. [photos Enviscope]

« Le bio c’est plus cher, mais on assume ! » déclare un peu provocateur, Vincent Rozé animateur du groupement de producteurs « Manger bio d’ici Alpes Bugey ». Pour ce fermier établi dans le Beaumont (38), l’équation est simple, pour que le bio et les produits de qualité se développent il faut en payer le juste prix au producteur. Un prix qui est souvent plus élevé que celui payé par la grande distribution aux agriculteurs et éleveurs. La façon de s’en sortir, c’est de considérer l’ensemble de la chaine qui va jusqu’au consommateur et de façon transparente organiser les circuits et reconsidérer les marges des intermédiaires.

Aujourd’hui, ils sont 80 à participer au groupement, sur les départements de l’Ain, l’Isère et la Savoie. Ils emploient 4 salariés et proposent leur lait, pain, fruits, légumes, viandes et volailles,… aux cuisines des collectivités du secteur. C’est un apport non négligeable de 15 000 € de CA par an et par producteur. C’est lui qui fixe ses prix, livre, c’est l’association qui facture et « s’il y a un problème de prix ou de transport, en se mettant autour de la table on trouve des solutions » affirme Vincent Rozé, partisan de relations « apaisées » entre fournisseur et client.

Qualité des produits

Le prix n’est évidemment pas la seule composante. A l’occasion de la rencontre du 26 septembre au Musée de l’eau de Pont-en-Royans, ils sont nombreux à insister sur la recherche de qualité des produits alimentaires : Arnaud Daguin, cuisinier « étoilé » originaire du Pays Basque, apporte son regard passionné et professionnel, il mentionne une étude l’Inra passée inaperçue, qui fait état de la baisse vertigineuse de la qualité des produits frais (moins de sels minéraux, plus de pesticides), Christian Nucci1, Catherine Brette2, qui depuis 2001 sont les promoteurs de l’introduction du bio (pour l’instant à hauteur de 15%) dans la restauration collective du département et de la campagne « Mettons l’Isère dans nos assiettes ».

Circuits courts

” Le bio et le local “, rappelle Jean-Claude Darlet, président de la Chambre d’agriculture de l’Isère. Dans ce domaine, Rhône-Alpes est plutôt bien placée, puisque les circuits courts représentent 32% de la distribution alimentaire, contre 17% en France. Entre la filière longue, dans laquelle l’agriculteur ne fait que produire de gros volumes faiblement valorisés et le circuit fermier, dans lequel la commercialisation est lourde à assumer, une troisième voie pourrait être celle d’un producteur partenaire des étapes transport, distribution et vente. Ceci introduirait une dynamique répondant aux attentes sociales, incitant l’agriculteur à innover, encourageant l’installation de jeunes agriculteurs, maintenant l’emploi local.

Pour aller dans ce sens, une légumerie est en projet dans le Pays Voironnais. 530 tonnes de légumes locaux, lavés, épluchés et conditionnés devraient être produits et proposés à partir de 2014 aux cuisines collectives du secteur. Porté par la collectivité, ce projet intègre deux agriculteurs associés au sein de la société exploitante AB Epluche.

Des initiatives publiques ou privées

De multiples autres initiatives ont également été présentées. Un plan Alimentation Santé Territoire (AST) a été mis en œuvre par Danièle Pic au PNR du Vercors pour améliorer la qualité des repas des centres de vacances nombreux sur le plateau, et conforter les producteurs, artisans des métiers de bouche et restaurants touristiques. En Matheysine, en lien avec le collège Mauberret disposant de cuisines pouvant être support d’ateliers, le programme départemental est décliné pour favoriser l’apport de producteurs locaux, enrichir la connaissance des participants, apprendre à éviter le gaspillage.

Sur ce dernier point, Jacqueline Rochas fait part de son expérience en tant que directrice d’un centre privé, qui accueille des scolaires et fabrique par an 50 000 repas bio ou élaborés à partir des produits de saison du marché de Méaudre, sur le plateau du Vercors. Par exemple, le pain bio c’est plus cher, mais il n’y a pas de gaspillage !

antoine.reboul@enviscope.com

1 Christian Nucci, 2e vice-président du Conseil général de l’Isère, chargé de l’agriculture durable et de l’alimentation, du développement rural et de l’équipement des territoires.

2 Catherine Brette, conseillère générale déléguée à l’Agenda 21 et à l’éco-conditionnalité des aides départementales, vice-présidente du PNR du Vercors.

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