Le lac d’Aiguebelette, d’émeraude dans un écrin de montagne en avant pays savoyard, a été classé Réserve Naturelle Régionale, lors de l’assemblée plénière du Conseil régional Rhône-Alpes ce vendredi.
Le lac d’Aiguebelette (eau belle) est le troisième lac naturel de France, après le lac du Bourget et le lac d’Annecy. Le lac est riche par son cadre, au pied de la chaine de l’Epine, à l’extrémité du Massif de Chartreuse. Le lac lui est un de ceux qui ont la plus forte diversité. La qualité de ses eaux est remarquable, et la pratique de nombreuses activités est interdite ou strictement réglementée. Comme l’a rappelé Benoit Leclair, vice-président en charge de l’énergie au Conseil régional, mais savoyard: “c’est le lac du silence, où se pratiquent l’aviron où sont interdits les bateaux à moteur thermique.” Sur le lac, il est seulement possible de se déplacer à la voile, à la rame ou avec des moteurs électriques propres et silencieux.
Le site du lac d’Aiguebelette est un site touristique de très grande qualité. Une belle Maison du lac a été crée récemment par la Communauté de communes du lac d’Aiguebelette et une maison de la réserve naturelle pourrait être créée.
Dès 1935, des règles protection ont été décidées. Le périmètre de la Réserve naturelle régionale s’étend sur 845 hectares. Il comprend une dizaine d’habitats naturels dont cinq sont d’intérêt communautaire au niveau européen. Les sites abritent une grande variété d’espèces végétales et animales et les mesures de protection ont été prises sur le lac lui-même et sur les falaises de l’Epine. L’un des enjeux consistera à faire cohabiter activités nautiques, pêche, randonnée pédestres, pédagogie à l’environnement, baignade.
Les négociations et les études qui ont précédé le classement ont soulevé des discussions et des oppositions. La commune d’Aiguebelette reste opposée au classement, et elle ampute la réserve de 150 hectares de forêts. Benoit Leclair regrette que la commune reste à l’écart de la réserve, sous la pression des chasseurs. Pour Alain Chabrolle, vice président en charge de la Santé et de l’Environnement, le classement ne doit pas porter atteinte à des pratiques, dans certaines limites, comme la pêche et la chasse.
Le dossier a aussi poussé à aborder la question de l’organisation de compétitions d’aviron de niveau mondial, sur un plan d’eau protégé des vents, sans courant, même si le soleil tarde parfois à y dissiper la brume le matin. Les championnats du Monde d’Aviron vont se dérouler l’été prochain sur le lac. Ils nécessitent la création d’infrastructures, dont certaines ont été critiquées par les opposants qui ont porté le dossier devant la justice (1) . Une partie des réalisations, achevées malgré des études d’impact jugées insuffisantes, est en cours de régularisation.
Les règles de la réserve tiendront compte à la fois de la possibilité d’accueillir des compétitions, donc des milliers de participants et de spectateurs, sans porter atteinte au patrimoine dont la qualité fait toute la valeur.
1) Le Conseil général de la Savoie apporte les précisions suivantes. Il a aménagé un nouveau bassin permettant d’assurer la sécurité des spectateurs après une large concertation menée avec les collectivités locales et les principales associations du territoire.
Des opposants au projet ont ensuite introduit cinq recours successifs pour obtenir l’interruption des travaux prévus, puis pour demander leur démolition. Tous ces recours ont été rejetés.
Par la suite, le tribunal a annulé, au motif de l’insuffisance de l’étude d’impact initiale, les procédures ayant conduit à la réalisation des aménagements désormais achevés depuis près d’un an. Conformément aux recommandations du tribunal, le Conseil général de la Savoie est maintenant engagé dans une démarche de régularisation des procédures annulées.
