La France peut ramener le nucléaire à 50% de son
mix électrique en 2030 et sortir du charbon d’ici 2022 tout en réduisant ses émissions

 

 

Une nouvelle étude montre que la France peut atteindre 51% d’énergies renouvelables dans son mix électrique en 2030 et réduire rapidement la part du nucléaire tout en maintenant des niveaux d’exportation importants, à condition de tirer pleinement parti de la chute du coût des technologies renouvelables et des possibilités offertes par les interconnexions et le pilotage des consommations.

 

Sous embargo jusqu’au 20 juin 2018 à 00:01 CEST

 

Paris, 20 juin 2018. Une nouvelle étude, conduite par le cabinet Artelys et le think tank européen E3G et publiée ce jour par l’initiative Energy Union Choices, montre comment la baisse rapide des coûts des technologies solaires, éoliennes et d’équilibrage du réseau bouleverse l’équation économique du secteur électrique européen.

 

Intitulée « Plus propre, plus intelligent, moins cher : saisir les opportunités dans un système électrique européen en transition », l’étude établit que la France peut accélérer fortement le déploiement des énergies renouvelables solaires et éoliennes et parallèlement réduire ses capacités nucléaires d’environ un tiers d’ici 2030, sans renoncer à fermer ses centrales à charbon d’ici 2022, et en réduisant les émissions de CO2 du secteur électrique.

 

Selon cette analyse, la trajectoire la plus efficace pour les systèmes électriques français et européen suppose de tirer pleinement parti :

– de la baisse rapide des coûts des technologies renouvelables, dont les niveaux actuels, au regard des derniers appels d’offres dans plusieurs États membres européens, sont déjà inférieurs à ceux projetés pour 2030 dans le scénario EUCO30 de la Commission européenne (cf. p. 12-13) ;

– du pilotage des consommations, et notamment de la fonctionnalité de déchargement des batteries des véhicules électriques sur le réseau (« vehicle-to-grid » ou V2G), qui peut assurer près de 60 % du besoin de flexibilité quotidienne de l’offre, le reste étant assuré à parts quasi égales par le nucléaire, l’hydroélectricité et le pompage hydraulique, avec un recours minime au gaz (cf. Fig. 10 p. 22) ;

– de la coopération transfrontalière dans un système électrique européen en transition, les interconnexions pouvant assurer plus de 45 % du besoin de flexibilité hebdomadaire de l’offre, le nucléaire assurant quant à lui environ 25%.

 

Pour Nicolas Berghmans, chercheur climat et énergie à l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) :

« Ce rapport montre tout l’intérêt qu’ont les États membres et en particulier la France à considérer l’évolution de leurs systèmes énergétiques à l’échelle européenne. Un système énergétique moderne, intelligent et propre à l’échelle de l’Europe passera par plus de coopération et de solidarité entre les systèmes électriques nationaux. Pour le système électrique français, les échanges d’électricité sont un levier important pour assurer la baisse des émissions de CO2 et la sécurité d’approvisionnement du système à moindre coût. »

 

Dans le “scénario d’opportunité” développé pour cette étude, les sources renouvelables assurent 51% de la production électrique en 2030, soit trois fois la part constatée en 2017, avec 37% de solaire et d’éolien, tandis que la part du nucléaire est réduite à un peu moins de 50% du mix électrique (avec des capacités progressivement réduites d’environ 60 GW aujourd’hui à 40GW en 2030).

 

Pour Anne Bringault, coordinatrice pour la transition énergétique au Réseau Action Climat – France et au CLER – Réseau pour la transition énergétique :

« Cette étude démontre le formidable potentiel de développement des énergies renouvelables et l’opportunité ainsi offerte de fermer à la fois les centrales à charbon françaises et des centrales nucléaires. La PPE devra intégrer ces nouveaux éléments pour faire enfin un choix clair pour notre futur. »

 

A noter que malgré la fermeture des centrales à charbon d’ici 2022 comme annoncé par le gouvernement, le scénario d’opportunité prévoit un recours au gaz très limité (2,3% du mix en 2030), le besoin de flexibilité étant largement couvert par le pilotage et les interconnexions, avec à la clé une réduction des émissions du secteur électrique de 61% par rapport au niveau de 1990, et une empreinte carbone moyenne réduite à environ 23 grammes de CO2 par kWh produit, contre 40 actuellement.

 

Autre considération importante, le scénario d’opportunité permet à la France de conserver un solde fortement exportateur, avec 81 TWh d’exportations nettes en 2030 (soit 14% de la production).

 

Pour Manon Dufour, directrice du bureau de Bruxelles d’E3G :

« La chute vertigineuse des coûts des batteries et des énergies renouvelables crée une opportunité en or pour l’Europe : elle peut désormais accélérer sa transition énergétique de façon tout à fait fiable, en créant des emplois, et en réduisant ses coûts. Cependant, les coûts avantageux des batteries et des énergies renouvelables, seuls, ne sont pas suffisants pour transformer intégralement le secteur de l’énergie. Un nouveau souffle politique est nécessaire pour créer les conditions de leur essor, notamment en développant des réseaux intelligents et transfrontaliers, et en fermant des centrales nocives et en fin de vie.

La France a su se placer à l’avant-garde de la lutte contre le changement climatique avec l’Accord de Paris sur le climat, l’organisation du One Planet Summit, ou encore avec sa décision d’arrêter la production électrique au charbon d’ici 2023. Ce palmarès resterait incomplet et vide de sens sans un nouvel élan du gouvernement vers la création d’un marché européen de l’énergie, intégré, efficace et durable. »

 

Pour mémoire, l’étude européenne d’Energy Union Choices, publiée en novembre 2017, avait montré que l’UE pouvait viser 61% de renouvelables dans son mix électrique en 2030, avec à la clé une économie de 600 millions d’euros par an et un gain net de 90 000 emplois dans le secteur de l’énergie, alors que l’objectif européen de 32 % de renouvelables dans la consommation finale d’énergie, adopté récemment en trilogue (avec une clause de révision à la hausse d’ici 2023), ne permettra d’atteindre qu’environ 50% de renouvelables dans le mix électrique européen.

 

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