La qualité des transports en commun est essentielle à leur attractivité. De nombreux témoignages de personnels ou de clients montrent une tendance à la dégradation dans les Transports en commun Lyonnais. Vous avez des témoignages à faire connaitre pour étayer nos informations, écrivez à redaction@enviscope.com
Hier après-midi un bus des Transports en commun Lyonnais (TCL) a été ” caillassé” alors qu’il traversait le passage situé sous le centre commercial des Samouraïs à Villeurbanne. Le trafic a été perturbé sur deux lignes jusqu’à la fin de la journée. Il y a quelques semaines, un jeune s’est grièvement blessé en s’adonnant à un ” jeu” qui consiste à s’accrocher au tramway. Il est tombé. Il arrive aussi que des jeunes s’accrochent derrière des trolleybus.
A Lyon, les incivilités se développent à des niveaux divers dans les transports en commun gérés par Keolis Lyon, filiale de Keolis groupe, du groupe SNCF. Reflets du non respect de l’autorité, ou plutôt conséquences d’une absence d’autorité, les incivilités constituent un problème pour la qualité des transports en commun, pour leur attractivité, pour le confort non seulement matériel, mais aussi pour l’ambiance dans laquelle sont effectués chaque jour 1,7 million de trajets. Les transports en commun ne se limitent pas à des investissements techniques, estiment les utilisateurs.
Stress pour les conducteurs
Les incivilités sont nombreuses sur le réseau des transports en commun lyonnais en raison de l’absence de règles. La lutte anti fraude, estime le syndicat CGT ne vise pas à réduire vraiment la fraude, mais elle a pour objet de simplement rappeler que les transports ne sont pas gratuits.
Les incivilités sont le fait d’usagers de la route et les transports en commun en sont victimes. Les conducteurs sont en permanence tendus par le comportement de cycliste qui se faufilent, par des véhicules qui roulent sur les couloirs de bus et font des queues de poissons. Récemment à Caluire, un chauffeur qui avait dépassé un bus en franchisant une ligne continue a cherché à forcer le passage devant un bus. “ Le matin, quand je pars de Neuville tout le monde grille les feux rouges.» explique un conducteur. Le stress est important pour les conducteurs. ” Récemment un de nos collègues est décédé de crise cardiaque à 52 ans. » témoigne un conducteur.
Une partie des incivilités ou des comportements générateurs de stress pour les conducteurs sont dûs à l’absence d’aménagements. Les franchissements des lignes de tramways aux stations de tram les plus fréquentées ne sont marqués par aucune signalisation. Pas de feux à la Part Dieu, à Guillotière, à Charpennes ou ailleurs pour indiquer que la priorité est au tramway et que les piétons doivent attendre. La franchissement se transforme en course où le plus rapide gagne, où le plus téméraire peut être blessé ou tué. Sur ce point, la communication des TCL est très douce et très discrète. Aucun agent, aucun contrôleur n’est présent pour faire respecter des règles qui n’existent pas ou ont été oubliées. Le problème est d’ailleurs le même que celui des feux rouges que les cyclistes ne respectent pas, pas plus que les piétons quand il faut laisser passer les automobiles. Jamais aucun policier municipal à Lyon ne fait respecter ces règles de base du code de la Route et du vivre ensemble.
Pas de règles
La règle est d’ailleurs l’absence de signalisation, de régulation et chacun est laissé libre d’agir, le droit étant au plus fort. Evidemment, comme il n’y a pas de règle il n’y a pas de responsable. Sur le réseau des TCL, il n’existe pas d’interdiction, mais seulement des conseils et des demandes que les voyageurs respectent s’ils le veulent bien.

Edifiante est cette indication (photo ci-contre) à la station de métro Grange Blanche, qui demande poliment aux usagers de ne pas descendre sur les voies ! A la station Vieux-Lyon nous avons vu des jeunes sauter sur le toit du métro au moment où il s’immobilise, puis sauter de ce dernier sur le quai, avant qu’il quitte la station. Sur les quais du funiculaire Saint-Jean, les jeunes restent assis les jambes pendantes au bord du quai. Cela n’est pas interdit…
Nulle interdiction non plus n’est mentionnée dans les véhicules, stations ou rames de tram. Il n’est pas interdit de cracher sur le sol des stations de tram, donc, on peut cracher, comme nous avons vu le faire à la station Université Lyon 1. Le problème est que certaines stations sont d’une saleté repoussante, comme la station de tramway Guillotière.
Les pieds sur les sièges
Il y a quelques années, la lutte avait été engagée contre les fumeurs. Les résultats ont été positifs. La sensibilisation à l’utilisation d’appareils sonores a aussi porté ses fruits. Par modification du règlement du SYTRAL, les conducteurs de bus sont autorisés à écouter la radio sans apparemment de problèmes de sécurité. Mais pour les voyageurs, l’utilisation d’écouteurs ne permet pas de supprimer tout bruit et certains lecteurs étant réglés très fort, le rythme des basses est parfois audible à plusieurs mètres de distance.
Il reste à sensibiliser au fait que mettre les pieds sur les sièges n’est pas un signe de respect du matériel ni un signe de respect des autres voyageurs. Là encore la communication “bobo bien pensante” des TCL ne saurait stigmatiser ou montrer du doigt. Les pieds sur les sièges ont tendance à être plus fréquents à l’arrière des bus comme dans les tram, y compris dès le stations du campus de la Doua. « On le sait, mais c’est le manque de respect qui se généralise » souligne un conducteur.

Interdire, sensibiliser, c’est possible. A Strasbourg, le réseau géré par la Compagnie des Transports de Strasbourg (CTS, société d’économie mixte locale ), les pieds sur les sièges sont clairement interdits et passibles d’amendes. A Mâcon, dans les bus du réseau géré par Car postal, filiale de Car Postal (Suisse) des annonces sonores sont faites fréquemment dans les véhicules pour rappeler que mettre les pieds sur les sièges est ” verbalisable “. Dans des villes de tailles différentes, gérées par des entreprises différentes (Saint-Etienne, Grenoble, Chambéry), l’ambiance des transports en commun est plus sereine et plus confortable.
Les TCL, le gestionnaire Keolis, et le SYTRAL (Autorité organisatrice des Transports), malgré des enquêtes de satisfaction tenues secrètes préfèrent s’en tenir à une neutralité prudente, ne pas mettre en avant des « interdictions ».
Pour plusieurs raisons. « D’abord, les consignes visent à ne pas créer de tension avec les usagers. » explique un responsable du contrôle qui souhaite conserver l’anonymat. Les contrôleurs ( 250 ) concentrent leur action sur la vérification des titres de transport. Ils ont du mal à tout voir et à tout contrôler. Ils ne vont que rarement dans des zones à risques.
Des stations même importantes, comme Gare de Vaise, en terminus de la ligne D, n’assurent pas en soirée de présence visible de personnels sur les quais ou dans les halls. Difficile dès lors pour les usagers d’échapper aux comportements de personnes qui zonent sur les quais de la gare routière.
KEOLIS de son côté n’a pas intérêt à reconnaître de tels problèmes soulignés par les personnes et les syndicats. Officiellement, tout va bien. Il faut dire que les TCL sont la plus grosse délégation de service public de transport en Europe, une vitrine pour la filiale de la SNCF et pour le groupe. Quant au SYTRAL il préfère mettre l’accent sur les investissements techniques sans chercher à faire jouer la concurrence pour la gestion de son réseau.