A quand un schéma national d’aménagement et de développement durable ?

Les Régions mettent actuellement la dernière touche à leur Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable, et d’Equilibre des Territoires, les Sraddet. Un exercice ambitieux, louable, nécessaire et rendu obligatoire par la Loi et l’Etat.

Chaque région élabore donc son Sraddet, schéma des schémas, pour encadrer le développement aussi durable que possible de son territoire. Chaque Région fera au mieux de son potentiel, de sa richesse, de ses ressources. Elle tentera de réduire les fractures, de favoriser l’emploi, d’enrayer le déclin des campagnes, des villages, des petites villes, de développer des énergies propres, de mieux gérer les déchets. Le dossier est énorme, difficile à expliquer, car par exemple en Auvergne-Rhône-Alpes, la pédagogie en direction des citoyens n’a pas été suffisamment développée.

Manque de cohérence

Mais les schémas régionaux, aussi parfaits soient-ils, ne seront que des pièces d’un puzzle national qui manquera de cohérence, inévitablement. L’Ile-de-France aura son schéma, comme la Région Centre, ou comme la Bretagne. Mais quelle est la vision d’ensemble, quand aucun objectif, national, global, partagé, n’est imaginé ni proposé au débat des citoyens.

C’est une grave lacune, un péché originel, un vice caché de la loi qui propose simplement une Nouvelle organisation des Territoires de la République (Loi Notre), sans inviter à penser le territoire de la République comme devant former un tout harmonieux, un ensemble surmonté de la devise Liberté, Egalité, Fraternité.

Or que devient la devise lorsqu’on divise ? Lorsqu’on ne cherche pas de cohérence entre les objectifs de l’Ile-de-France et ceux des Hauts-de-France ou de l’Occitanie ? Veut-on vraiment une France équilibrée, partout dynamique, partout connectée, soignée, éduquée, formée, employée, ou une France à plusieurs vitesses et plusieurs directions, qui s’éloignent les unes des autres ?

L’Ile-de-France n’est pas tout

Ainsi, le développement de l’Ile-de-France ne concerne pas que l’Ile-de-France et pas seulement cette métropole, la première d’Europe. Le « Grand Paris », qui engloutit près de 30 milliards d’euros et l’extension de Roissy 4, destinée à accueillir 40 millions de passagers supplémentaires, accentueront encore la prééminence de la capitale : l’avenir de l’Ile-de-France impacte évidemment tous les Français… Il suffit de voir comment, pour des raisons budgétaires, aucun des grands projets débattus en Auvergne-Rhône-Alpes depuis vingt ans n’a vu le jour : sillon rhodanien, CFAL, LGV POCL, liaison Lyon-Saint-Etienne, etc.

En fait, sans que cela soit affiché, c’est bien une France de plus en plus centralisée, à la richesse de plus en plus concentrée qui non seulement se dessine, mais surtout se construit.

Les Gilets jaunes l’ont dit à leur manière, comme les maires ruraux, les élus des villes moyennes, ceux des territoires non métropolitains ; et des millions, voire des dizaines de millions de Français qui s’estiment oubliés le pensent également.

La charrue a été mise avant les bœufs. Il aurait fallu demander quelle France veulent les Français, pour dessiner une France vraiment juste, répartie, décentralisée, qui gomme les grandes fractures, évite les déserts économiques ou médicaux… Mais avec pour toute politique nationale une simple juxtaposition de plans régionaux, on n’en prend pas le chemin. michel.deprost@enviscope.com

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