Comme le reste de la filière en France, l’apiculture rhonalpine est confrontée à un ensemble de difficultés. Une partie de ces difficultés est liée aux évènements météorologiques des dernières années, qui perturbent le fonctionnement des abeilles mais aussi l’activité apicole. Les apiculteurs doivent désormais tenir compte de l’avancée de la végétation dans la saison.
Après plusieurs été très secs, pendant lesquels les abeilles ont souffert en particulier en Drôme et en Ardèche, l’été 2007 s’est aussi terminé avec une forte pression de varroa. L’hiver 2007 2008 a été assez doux, avec un mois de février doux puis un retour du froid. Le taux de pertes moyen a été de 30% pendant l’hiver, mais certains exploitants n’ont connu qu’un taux de pertes inférieur à 15%.
Plus d’apiculture traditionnelle
L’apiculture ne peut plus être pratiquée d’une manière traditionnelle, et elle demande une très grande attention, une grande formation. C’est le point de vue de Nicolas Quintini, président du Syndicat des Apiculteurs Professionnels de Rhône Alpes, qui exploite 300 ruches dans le nord de l’Isère.
Face à un environnement végétal et sanitaire bouleversé, l’apiculture souffre d’un manque d’encadrement de la filière. Les budgets des directions des services vétérinaires sont largement insuffisants, comme leurs moyens humains. « Il est difficile de faire réaliser des études après une intoxication. Il y a quelques mois, nous avons fait constaté un problème, en appelant la technicienne de l’ADARA, en congelant les abeilles, en envoyant les échantillons à un laboratoire mais nous n’avons pas encore les résultats » explique Nicolas Quintini.
Un des dossiers les plus importants reste celui de l’utilisation des pesticides pour lesquels les responsables apicoles estiment ne pas être pris en considération. Ils regrettent que pour la lutte contre la chrysomèle du maïs, l’ADARA ne soit pas associée à l’alerte des apiculteurs. Cet été, l’ADARA s’est retirée de la procédure d’alerte qu’elle proposait de remplir en cas de plan d’épandage. Nicolas Quintini, regrette l’insuffisance des contrôles pour l’utilisation des pesticides par exemple contre la mouche du Brou ou contre la flavescence dorée qui véhicule un parasite de la vigne.
Les moyens des directions des services vétérinaires sont nettement insuffisants. Le nombre de laboratoires susceptibles de réaliser des études dans des délais rapides n’est pas à la hauteur. Il est dès lors difficile d’analyser les causes, d’identifier des responsabilités.
Initiative du département de l’Isère
« Le Département de l’Isère a réagi en créant un observatoire, doté de 50 000 euros, avec le soutien de la Chambre d’agriculture, avec le soutien de la Fédération des Chasseurs, pour prendre en compte les cultures, les jachères ” explique Nicolas Quintini.
L’ADARA ( Association pour le Développement de l’Apiculture en Rhône-Alpes) a décidé de travailler avec la Région. Le 13 juin, l’association a présenté aux élus les bases d’un projet de développement de la filière apicole avec pour objectif le maintien de la production de miel en Rhône-Alpes. Le premier volet du plan explique Philippe Dauzet, président de l’ADARA dans un éditorial du journal de l’Association, concerne l’abeille, qui évolue dans un environnement de plus en plus dégradé, avec des problèmes sanitaires récurrents. Le second volet concerne les apiculteurs et met l’accent sur l’acquisition et le renouvellement des compétences techniques. Les élus ont compris qu’il fallait prendre en compte l’abeille en dehors du secteur apicole. Des actions vont être construites d’ici à la fin de l’année. Le secteur apicole est prêt lui aussi à faire des efforts, par exemple dans la production de reines de qualité, dans la sélection génétique.