Les abeilles de Rhône-Alpes fragilisées par l’environnement

En Rhône-Alpes les abeilles sont aussi dramatiquement fragilisées par des causes multifactorielles : réduction de la biodiversité, extension des grandes cultures, utilisation mal contrôlée d’insecticides, épandages décidés par les pouvoirs publics sans informer les apiculteurs, parasites, virus. Le retrait de l’Etat, ajoute aux difficultés générées par la culture volontiers individualiste de bien des apiculteurs et les divisions du monde apicole.



La santé des abeilles est aussi fragile en Rhône-Alpes que dans les autres régions de France, d’Europe, du monde. C’est la situation dépeinte par plusieurs responsables apicoles de la région, qui reconnaissent que l’état des lieux n’est pas facile à dresser.



Les données manquent pour suivre précisément les populations d’abeilles domestiques.


Difficile de connaître exactement l’évolution des ruchers, leur santé, d’établir des comparaisons d’une année à l’autre. La situation peut varier considérablement d’un rucher à l’autre, d’une ruche à l’autre, alors d’un département à l’autre…


Les points de vue peuvent être facilement polémique, voire politiques dans un dossier où selon les scientifiques eux-mêmes, les causes sont nombreuses. Devant une situation gravissime sur le plan environnemental, il faut éviter les simplifications. « Certains préparent les élections » explique un responsable de syndicat apicole. « Je ne veux pas jeter l’opprobre » explique un autre.



L’apiculteur devant être un observateur, il essaie de comprendre. C’est ce que font beaucoup d’apiculteurs, en regardant leurs abeilles au jour le jour.



Perte de biodiversité



Une première cause est bien la réduction de la biodiversité, surtout dans des régions de plaine, de grande culture, comme la Plaine de la Bièvre en Nord Isère. La différence entre zones de montagne et zones de plaine est aussi perceptible en Haute-Savoie, où cependant les fenaisons précoces réduisent encore la ressource en fleurs.


Deuxième cause certaine, les maladies et les parasites. Le Varroa, un acarien redoutable, affaiblit considérablement bien des colonies. Le Varroa s’est développé en partie en raison du comportement négligent de certains apiculteurs. En Isère, seulement 25 à 30% des apiculteurs traiteraient contre le Varroa.


D’autres comportement ont pu fragiliser les abeilles, importations de races moins adaptées entraînant l’importation involontaire de virus, de bactéries.




Insecticides et Organismes génétiquement modifiés




Le rôle des insecticides est plus difficile à prouver. Aucune étude n’a apparemment été réalisée dans les régions de grandes cultures de Rhône-Alpes sur le lien entre l’utilisation de semences enrobées et des problèmes de santé des abeilles. Plusieurs responsables apicoles sont persuadés du lien entre semences enrobées et troubles des abeilles.


Mais chez BASF, à Ecully, on souligne que l’Union Européenne a inscrit de nouveau le Fipronil ( Régent) sur l’annexe de produits pouvant être utilisés pour l’enrobement de semences. En effet, après études dans 25 pays de l’Union, l’Agence Européenne de Sécurité Sanitaire a estimé que la molécule ne pouvait être incriminée.



Il reste maintenant des craintes chez des responsables apicoles vis à vis des Organismes génétiquement modifiés cultivés en 2007 en France, le maïs MON 810 de Monsanto.


Les craintes concernent les effets dus à l’accumulation de la protéine produite par le gène modifié. Ils concernent aussi la responsabilité juridique des apiculteurs dont les abeilles transporteraient du pollen porteur de la modification susceptible d’apporter cette modification dans des cultures dont les exploitants souhaitent cultiver en bio , ou même en conventionnel. Les apiculteurs pourraient être jugés responsables de ce trouble apporté à une exploitation agricole. En Ardèche, un tel transport a été avéré.





Culture ancienne




La santé des abeilles est complexe. Mais la clarté est difficile à faire, et l’apiculture reste malgré les efforts des syndicats apicoles, la psychologie, les phénomènes de génération ralentissent l’organisation, la formation, la prise de conscience. Certains apiculteurs âgés ont du mal à comprendre que l’environnement des abeilles a changé. L’apiculture de papa, dans un environnement sain est un souvenir. Aujourd’hui, les risques sont multiples, et l’apiculture ne peut plus être une tradition empirique. « Les apiculteurs les plus âgés n’étaient pas confrontés à ces problèmes. Quand les produits BASF sont arrivés sur le marché, ils ont été sceptiques, ils ont plutôt refusé, en étant méfiants » explique Frédéric Chasson, président du Syndicat Apicole Dauphinois.



Car l’apiculture doit sortir d’un fonctionnement parfois informel, non seulement sur le plan économique mais aussi sur le plan technique. Les traitements bricolés, au rabais, ou alors les traitements avec des molécules interdites comme le Coumaphos, ne sont pas rares. « Heureusement, les intermédiaires, pressés par la grande distribution contrôlent la présence de Coumaphos dans les livraison » explique Frédéric Chasson.






Une profession divisée



Les graves difficultés environnementales auxquelles sont confrontées les abeilles ne sont pas facilement surmontées, car le monde apicole a parfois du mal à se moderniser. Les informations ne circulent pas aisément entre apiculteurs, malgré les actions des syndicats. « Un apiculteur qui a des problèmes sanitaires a plutôt tendance à les dissimuler pour ne pas paraître inefficace » explique un professionnel.



Le monde apicole est aussi divisé. Il est divisé entre apiculteurs professionnels eux-mêmes variés, et amateurs dont certains possèdent beaucoup de ruches. Les indemnisations concernent seulement les gros producteurs, qui pour certains ont reçu 6000 euros, alors que les petits apiculteurs n’ont rien reçu. Le monde apicole est divisé entre syndicats. L’apiculture est répartie entre trois syndicats au niveau national, dont deux sont en procès l’un contre l’autre. Les relations avec les firmes pharmaceutiques ou chimiques sont parfois conflictuelles ou inexistantes.




Une insuffisance des pouvoirs publics



Tout cela montre qu’on ne prend plus les abeilles assez en considération. « On ne prend pas en compte le rôle global de l’abeille pour l’environnement, au delà de la production » explique Bernard Manonvillers. On ne prend pas en compte le fait qu’elle est « sentinelle de l’environnement » comme le dit l’Union nationale des Apiculteurs de France.


Une absence de concertation. Entre filière apicoles et filières agricoles.



Mais le fait le plus grave c’est sans doute le fait que l’administration ne plus les personnels suffisamment formés, elle a des moyens insuffisants. En plus c’est polémique, dont on n’y touche pas trop. « On ne se rencontre pas assez » regrette Bernard Manonviller, président du syndicat apicole de Savoie.



L’apiculteur pas considérée comme un secteur comme les autres. C’est un secteur en fait considéré comme marginal. A l’automne dernier, lors d’un traitement aérien de maïs contre la chrysomèle, à La Motte Servolex, en Savoie, les apiculteurs n’ont pas été prévenus. Aucune procédure n’est mise en place pour leur indiquer où aller déplacer pendant quelques jours, quelques 3000 ruches alors qu’il faudrait des emplacements de repli.


Les mêmes lacunes existent au niveau de la recherche, sur le plan sanitaire.


En cas d’effondrement de colonies, les abeilles atteintes de Noséma , maladie qui leur donne une diarrhée, quittent la ruche et ne reviennent pas. Le phénomène est parfois mystérieux. Il n’est que mal suivi. Il faudrait pouvoir signaler, intervenir pour établir un diagnostic rapide.



L’Etat lui-même s’est désengagé. De réduction des effectifs en économies, en passant par l’absence de confiance, par les polémiques, la surveillance sanitaire de l’abeille par les services vétérinaires n’est pas à la hauteur des risques.









Le situation apicole dans les départements de Rhône-Alpes





AIN


Syndicat d’apiculture de l’Ain http://perso.wanadoo.fr/nicolas.d/apiculture/pageaccueil.htm





En Isère le Syndicat apicole Dauphinois


Veut faire remonter les informations



Frédéric Chasson, président du Syndicat apicole de l’Isère, installé à Saint Martin d’Hères, estime, sans vouloir jeter l’opprobre, que les pertes étaient plus importantes avant la suspension des molécules « régent » et « gaucho ». Les pertes étaient selon lui, plus fortes en plaine dans des zones de culture, moins fortes en montagne, au dessus de 500 mètres. Le secteur le plus difficile semblait être le secteur de la Bièvre, de Bourgoin-Jallieu à la Cote Saint André.



En montagne des pertes étaient constatées, avec un taux de parfois 15% d’abeilles mortes à la sortie de l’hiver 2006-2007, mais avec parfois un taux de 5% seulement, un taux plus normal. Frédéric Chasson estime que l’amélioration constatée peut être due à un hiver doux. Il prévoit pour l’hiver en cours, un taux de pertes important, redouté par ailleurs par de nombreux apiculteurs, comme par exemple Alain Rouchon président de la Fédération Apicole de Rhône-Alpes ( sur le site du syndicat du Rhône).





Le président du syndicat de l’Isère fait sienne l’hypothèse du scientifique Jean Paul Faucon de l’AFSSA ( Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments). Dans les secteurs de grandes cultures, de fortes miellées sont constatées, mais l’arrêt des floraisons est brutal. Les grandes cultures ont aussi justifié de la part des agriculteurs des traitements à grande échelle. Certains apiculteurs n’ont pas renouvelé leurs reines, qui ont vieilli, et ont été moins productives. Des colonies faibles, beaucoup de phytosanitaires, beaucoup de Varroa, des abeilles avec peu de réserves : tout cela peut expliquer les mortalités importantes dans les ruches pendant l’hiver.



Difficulté à suivre la situation


Mais le président des apiculteurs de l’Isère, constate surtout une difficulté à suivre les populations d’abeilles, et reconnaît que parfois des chiffres sont donnés sans être très sûrs.


Aussi Frédéric Chasson a-t-il décidé de mettre en place un système de récupération des données sur le site du syndicat. Les apiculteurs pourront communiquer anonymement leurs informations sur le site et les données seront exploitées.



Le nombre des apiculteurs se maintient à peu près dans le département de l’Isère, avec chaque année, jusqu’à présent, de nouveaux pratiquants qui remplacent les cessations d’activité. Mais dans les prochaines années, des départs à la retraite risquent de faire baisser les effectifs.





Adhérents : environ 2500 avec numéro d’apiculteur.


SAD : 600


Abeille Dauphinoise 1000


Groupement de Défense SA : 270


Apiculture Viennois : 200.





Chaque mercredi de 15h00 à 19h30 – Tél.: 04 76 21 77 88


www.syndicat-apicole-dauphinois.org



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Loire




http://www.zoo-logique.org/vs/abeilleduforez/abeilleduforez.htm



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Rhône



Syndicat d’Apiculture du Rhône et de la Région Lyonnaise


Chambre d’Agriculture – 18 rue des Monts d’Or – 69 890 La Tour de Salvagny http://www.rhone-apiculture.fr/




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Haute Savoie




Les foins précoces en question





Globalement le département de Haute Savoie n’a pas de gros problèmes, car il ne comporte pas de secteurs avec des grandes cultures susceptibles d’être traitées par des insecticides, voire par des insecticides enrobant des semences.



Il y a beaucoup de prairies, pour l’élevage mais M.Vuilloud, président du syndicat de la Haute Savoie et Jacques Dutertre, de l’Abeille Noire Clusienne, qui gère le rucher école, déplorent des périodes de fauche assez précoces, qui laissent les abeilles sans fleurs.


Une action est engagée avec la Chambre d’Agriculture de Haute Savoie, pour inciter éventuellement les agriculteurs à semer de la phacélie, de la moutarde, du trèfle après certaines récoltes.



M. Vuilloud, a constaté quelques effondrements de colonies avec des disparitions d’abeilles sans laisser de traces. Aucune abeille n’était présente près de la ruche vide.


Pour M. Vuilloud « l’Etat baisse les bras ». La surveillance sanitaire n’est pas suffisante.



Une surveillance sanitaire insuffisante



« Il y avait un technicien plus disponible à la direction des services Vétérinaires maintenant, il est moins disponible ». Le Groupement de Défense Sanitaire ( GDS) est formé d’apiculteurs volontaires, bénévoles, simplement défrayés de dépenses engagées. Ils sont certes formés, mais il l’ont été il y a longtemps et il est simplement possible d’un stage soit proposé en 2008.


La limite du système, c’est que les agents ne peuvent inspecter d’autorité un rucher, ils peuvent le faire qu’en étant requis par la DSV qui a d’autres chats à fouetter. La surveillance sanitaire des ruches laisse donc à désirer.



Et Haute Savoie comme ailleurs, les informations sont difficiles à faire remonter.


Le syndicat mène des actions pour que les apiculteurs signalent leurs difficultés. « Mais certains ne disent pas quelle est leur situation » explique M. Vuilloud.






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En Savoie : défendre l’abeille noire adaptée au milieu




La situation de l’apiculture savoyarde n’est pas mauvaise et le syndicat apicole présidé par Bernard Manonviller, agit pour développer l’abeille noire, mieux adapté aux milieux.




Bernard Manonviller, président du Syndicat d’apiculture de Savoie, installé près du confluent Isère-Arc, explique que la dernière saison a été marquée par une météo assez difficile. En montagne les récoltes ont été plutôt maigres car il a fait froid très tôt.


En plaine elles ont été acceptables. Tout dépendait des emplacements, mais aussi de l’état des préparation des apiculteurs. « En 2003, la saison s’est faite en trois mois, quelqu’un qui avait un peu de retard a pu rattraper. En 2007, la miellée a duré trois semaines. En juin, ceux qui étaient prêts ont pu mettre trois hausses et ont une grosse récolte. Ceux qui ont posé leur hausse trop tard n’ont pas eu grand chose.



La récolte a aussi dépendu de la pression du Varroa et les colonies très infestées ont produit moins. L’impact de Varroa est donc déterminant sur la santé et la production des ruches. Mais Bernard Manonviller a noté des effondrements de colonies, peut être dus à la Nosema. Les abeilles malades, quittent la ruche pour aller faire leur besoin à l’extérieur, et meurent.



Un intérêt du public




Le syndicat présidé par Bernard Manonviller compte 1900 adhérents. Un autre syndicat aurait 200 adhérents, et un troisième réunirait 10 professionnels.


« On constate un intérêt grandissant du public, note avec satisfaction Bernard Manonviller. Les gens ont compris l’importance de l’abeille. Le nombre de ruches pour notre syndicat est passé de 16000 à 19000 et chaque année 150 à 200 personnes viennent à l’apiculture. Nous avons sept ruchers école, gérés avec les autres syndicats »




Pour Bernard Manonviller, une partie des problèmes de l’abeille est due à l’inadaptation des races. Pour obtenir des rendements importants, certains apiculteurs, certains importateurs ont adopté des races exotiques. Bernard Manonviller explique que le Syndicat a adopté une autre stratégie.



« Nous travaillons avec le CETA pour l’abeille noire, mieux adaptée à nos milieux. Nous essayons de défendre cette abeille qui est un écotype bien adapté. L’abeille connaît son environnement, sait quand il faut faire des provisions, elle ne se laisse pas surprendre par le froid qui peut arriver vite en montagne » .



« Nous travaillons aussi beaucoup avec les petits apiculteurs, qui ne bougent pas leur ruches, et qui assurent localement la pollinisation » ajoute Bernard Manonviller.



Mais il regrette que la situation de tous les apiculteurs ne soit pas prise en compte. Un millier de ruches ne sont pas prise en considération, ne sont pas indemnisés, alors qu’en Belgique, il y a indemnisation.









FNOSAD Fédération Nationale desOrganisations Sanitaires
Apicoles Départementales
jerome.vandame@wanadoo.fr



Des coordonnées en Suisse : http://www.abeilles-de-geneve.com/?cat=16


Société Romande d’Apiculture http://www.abeilles.ch/




ENVISCOPE publiera les informations sur les autres départements de Rhône-Alpes au fur et à mesure des contacts avec les différents interlocuteurs du milieu apicole : présidents de syndicats, responsables de ruchers école, apiculteurs, chercheurs.





Comprendre l’apiculture.



L’apiculteur élève des colonies d’abeilles de l’espèce apis mellifera, qui peut être de variétés, de races très différentes, plus ou moins adaptées.


La colonie est installée dans le corps de la ruche où sont disposés des cadres de bois, comportant une feuille de cire ( posée par l’apiculteur) ce qui aide les abeilles à construire les rayons. C’est là que la colonie vit et en particulier passe l’hiver. C’est là que la reine pond, que les abeilles prennent soin du couvain. Au dessus du corps, fermé par une grille qui empêche la reine de passer mais pas les autres abeilles, l’apiculteur pose une ou plusieurs hausses, des cadres dans lesquels sont suspendus des cadres plus petits que les cadres du corps.


C’est là que pendant la miellée, les abeilles déposent le miel. Ce sont ces cadres que l’apiculteur prélève quand il estime qu’ils sont assez remplis.


Une fois la récolte réalisée entre fin août et mi septembre, l’apiculteur doit appliquer un traitement contre le varroa, un acarien parasite qui attaque les abeilles depuis une vingtaine d’années. L’apiculteur doit s’assurer que la colonie a assez de nourriture pour l’hiver en soupesant le corps. Il dépose éventuellement sur le corps, du sirop ou du sucre candi que les abeilles pourront par un trou venir consommer.

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