Deux polluants de la famille des aldéhydes, dont le formaldéhyde, ont été repérés à des niveaux importants dans un échantillon de crèches et de maternelles de Rhône-Alpes. Mais ces niveaux ne sont mais pas toujours supérieurs aux niveaux constatés dans les logements où vivent les enfants.
L’étude a été lancée dans le cadre du Plan National Santé Environnement 2004-2008 repris dans le Plan Régional Santé Environnement de Rhône- Alpes (PRSE). La DRASS Rhône-Alpes a demandé aux Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l’Air une étude des concentrations en aldéhydes sur un échantillon de 50 crèches ou écoles maternelles de Rhône-Alpes.
Les mesures confirment que le formaldéhyde et l’acétaldéhyde sont présents dans l’air intérieur de toutes les salles testées. Environ 10 % des salles d’écoles maternelles (8 salles) dépassent la valeur de 50 Jg.m-3 en moyenne sur 4,5 jours au moins une fois sur les 4 campagnes, 1 salle de crèche dépasse cette valeur au moins une fois. La très grande majorité des salles présentent des concentrations moyennes de formaldéhyde qui dépassent la valeur guide de 10 Jg.m-3: 98% des salles d’écoles maternelles et 83% des salles de crèches.
Les maternelles plus touchées pour le formaldéhyde
Les maternelles sont plus touchées que les crèches par la pollution au formaldéhyde. Pour l’acétaldéhyde les deux types d’établissement présentent les mêmes niveaux.
Comparativement aux autres environnements dans lesquels les enfants sont susceptibles
d’évoluer, maternelles et crèches présentent des niveaux de formaldéhyde du même ordre de grandeur que ceux des logements et sont nettement supérieurs à ceux observés à l’extérieur.
Les niveaux de formaldéhyde dans les écoles maternelles sont légèrement supérieurs à ceux observés dans les logements mais restent dans un ordre de grandeur tout à fait semblable. En revanche, les niveaux observés dans les crèches sont inférieurs.
Moins d’acétaldéhyde que dans les logements
Les niveaux d’acétaldéhyde dans les écoles maternelles et les crèches sont nettement inférieurs à ceux observés dans les logements. Ceci indiquerait la présence d’une source plus importante dans les logements, probablement la fumée de cigarette. L’acétaldéhyde est retrouvé dans la fumée de tabac ou en présence de cheminées à foyer ouvert.
Les aldéhydes sont présents dans de nombreux produits : panneaux de bois en aggloméré, certaines mousses pour l’isolation, certains vernis, les colles, les peintures, les moquettes, les rideaux et les désinfectants en contiennent. Ils sont produits également par combustion… A
l’extérieur, les aldéhydes peuvent provenir aussi de feux de forêt ou de combustion de carburants automobiles notamment.
Le formaldéhyde peut être produit par réaction chimique entre l’ozone et des composés présents dans l’air. Le formaldéhyde est classé depuis juin 2004 par le Centre International de la Recherche sur le Cancer (CIRC) comme polluant cancérogène (groupe 1). Le formaldéhyde est un irritant des yeux, du nez et de la gorge part de proposer des valeurs limites d’exposition, sur la base de critères sanitaires. Il fait partie des deux premiers polluants (avec le monoxyde de carbone) pour lesquels une valeur guide en air intérieur a été élaborée par le groupe d’experts piloté par l’AFSSET ( Agence Française de Sécurité de l’Environnement et du Travail) au niveau national.
Pour l’acétaldéhyde, il n’existe pas de valeur guide au niveau national, en revanche, dans
le cadre du projet européen INDEX9, une valeur guide de 200 Vg.m-3 est recommandée à
long terme. Les concentrations relevées sont nettement inférieures à cette valeur.
Des conseils
Plusieurs autres constats ont été réalisés, qui peuvent aider à améliorer la gestion du problème et à guider les futurs travaux. Des niveaux significativement moins élevés ont été observés dans les salles de plus grand volume, au delà de 200 mètres cubes. Des niveaux significativement moins élevés sont aussi enregistrés dans les salles ayant des plantes. Une tendance à des concentrations moins élevées est notée dans le cas d’un accès direct de la salle sur l’extérieur. Il y aurait moins de polluants dans les étages qu’au rez de chaussée. Des niveaux moins élevés sont aussi observés dans le cas de travaux récents.
Les tests montrent que les niveaux de formaldéhyde sont significativement plus faibles dans les salles possédant une ventilation mécanique. L’étude montre aussi des différences entre l’été et l’hiver. Les concentrations de formaldéhyde sont de manière générale plus élevées en période estivale qu’en période hivernale. En effet la production de formaldéhyde augmente avec les concentrations d’ozone à l’extérieur qui pénètre à l’intérieur de la salle et réagit avec d’autres composés présents à l’intérieur. Les concentrations d’ozone à l’extérieur sont liées
notamment à la température liée à l’ensoleillement estival.
Ces éléments seront envoyés aux mairies concernées par l’étude, les établissements participants seront destinataires de la synthèse. D’autres travaux seront lancés comme des diagnostics de la qualité de l’air intérieur dans plusieurs collèges du département de l’Isère. Des mesures de formaldéhyde et d’acétaldéhyde seront effectuées dans quelques lycées de la région Rhône-Alpes.
1) Atmo-Rhône-Alpes est composée des associations agréées suivantes: AIR-APS, AMPASEL, ATMO Drôme-Ardèche, ASCOPARG, COPARLY (2007).
