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Chauffage au bois : la réduction des polluants passe par l’amélioration du parc individuel

La filière bois énergie en Rhône-Alpes va poursuivre sa croissance en prenant à bras le corps l’épineuse question des émissions sur la qualité de l’air de la combustion du bois par les installations de petite puissance. Le chauffage au bois et la qualité de l’air était au programme d’une journée organisée par l’ADEME, Rhône-Alpes Environnement Energie, au siège de la Région. Environ 180 personnes ont participé à ces échanges (1) très intenses sur le plan technique.


La rencontre était organisée pour réagir aux remises en cause de la filière bois énergiequi fait l’objet dans plusieurs pays de critiques justifiées.Le chauffage au bois s’est fortement développé car le bois présente plusieurs avantages : c’est une énergie locale, renouvelable, et une énergie qui ne relâche pas dans l’atmosphère du carbonefossile, mais simplement du carbone qui a été stocké pendant quelques temps dans la biomasse.


Installations individuelles


Mais le chauffage en bois dans les installations individuelles actuelles (foyers ouverts, inserts, poêles buches, chaudières anciennes) produit divers polluants, surtout des particules de petite taille (PM 2,5 microns) qui pénètrent loin dans le système pulmonaire. Cette pollution contribue à la pollution atmosphérique qui est à l’origine chaque année de plusieurs milliers ou dizaines de milliers de morts « prématurées ». Comme l’a rappelé Christophe Huon, du bureau d’étude ENERGICO, le bois contient naturellement de nombreux composés (métaux, benzène, etc.) dont une partie sont relargués lors que la combustion est incomplète (démarrage, fin de combustion, marche lente).



La présence de polluants venant du bois est bien tracée par des chercheurs du Laboratoire Glaciologie et Géophysique de l’Environnement, notamment Jean-Luc Jaffrezo. La présence d’une molécule issue de la décomposition de la cellulose permet en effet d’identifier les polluants issus du bois.


Vallées alpines


En Rhône-Alpes, la situation est sérieuse. D’abord parce que la filière bois est très développée dans la Région. C’est la rançon du succès. Le bois énergie local est très répandu. Plusieurs facteurs aggravent la situation, comme l’a expliqué Hervé Chanut, d’Atmo-Rhône-Alpes. En dehors de la vallée du Rhône (agglomérations de Lyon et de Valence), les polluants stagnent souvent dans les vallées alpines. Le phénomène d’inversion de température quand les couches d’air froid retiennent les polluants près des points d’émission, aggrave la situation. Cela a été le cas pendant plusieurs jours au mois de janvier.


Combustibles de qualité


Il faut trouver des solutions qui permettent à la filière de s’améliorer. La journée « Chauffage au bois et qualité de l’air » a permis de débattre sur les solutions.


La première solution doit être trouvée au niveau des combustibles. Il faut brûler seulement des bois naturels sans adjuvants (colles, produits de traitement). Les autres bois ne devraient être, comme en Suisse brûlés que dans des incinérateurs. Il faut aussi choisir le combustible en fonction de sa forme. Le bois bûche offre à priori des performances moins bonnes, mais elles peuvent être améliorées. Les plaquettes forestières doivent être bien calibrées et sèches. Les granulés, avec leur préparation industrielle offrent des avantages de régularité. La filière bois a réalisé beaucoup de progrès. Un représentant de FIBOIS Drôme Ardèche a expliqué l’amélioration de la qualité permise grâce à l’organisation du secteur.




Il faut aussi des matériels adaptés. Pour les « grosses chaudières », l’investissement global justifie l’installation de systèmes de filtration qui peuvent être couteux. les grosses installations sont aussi gérées par des professionnels. Ces installations sont soumises aux règles des Installations Classées pour l’Environnement (ICPE). Dominique Mulé, de la Compagne de Chauffage de Grenoble a expliqué comment la taille de deux chaufferies installées à Grenoble (50 000 tonnes de bois par an) permet un pilotage efficace.


Installations de petite puissance



Le problème se pose davantage pour les installations de petite puissance, en dessous de 2 MW, une puissance qui permet de chauffer quand même 200 logements. La réglementation française comporte encore de nombreux vides et Isabelle Derville du Ministère de l’Environnement et de l’Energie, a présenté les projets d’amélioration règlementaires. Mais Hervé Chièze, de la société Compte-R, constructeur de chaudières (Arlanc, Puy de Dôme) a expliqué que des fabricants n’ont pas attendu la réglementation pour améliorer leurs appareils.



Les technologies propres existent. Ou elles arrivent. Certes, elles sont plus chères. Mais les prix baissent. Frédéric Haas, de la société Fondis a expliqué que l’entreprise propose une épuration catalytique des fumées de ses inserts qui permet de réduire sensiblement les émissions polluantes. Les techniques, la conduite des installations, les investissements permettent de pense que grosses chaufferies peuvent respecter les normes environnementales.


Le défi est présenté par les installations domestiques. On connaît à peine l’importance du parc, car les statistiques de l’INSEE ne prennent même pas en compte les chauffages d’appoint. Les combustibles utilisés par les particuliers sont encore hétérogènes, car on cherche le bon marché des circuits courts. La conduite des installations laisse à désirer. En Suisse, la loi OPAir a durci les conditions d’installations de cheminée ouverte, désormais interdite en l’absence de filtre. Des contrôles annuels des émissions sont obligatoires.



Un enjeu social, économique, sanitaire



En Rhône-Alpes, l’enjeu est énorme et la Région va prendre en compte ces orientations, comme l’a rappelé Hélène Blanchard, vice-présidente chargée de l’Environnement et des risques. C’est un enjeu social et économique. Il faut faire comprendre à des centaines de milliers de foyers qui ont choisi le bois pour sa dimension économique, environnementale, locale, qu’ils devront adapter leur équipement, améliorer leur combustible, la manière dont ils se chauffent.


L’évolution passera par un durcissement réglementaire, avec le Plan Particules que l’Etat est en train de préparer pour décliner les règles européennes et les conclusions du Grenelle de l’Environnement.


Mais il faudra aussi un accompagnement financier. L’Etat entend introduire l’éco-conditionnalité des aides. Les appels d’offres incluront des critères environnementaux. La Région s’engage dans cette voie. Michèle Eybalin, présidente de la Commission environnement du Conseil Régional a annoncé que les aides régionales prendraient en compte les performances environnementales des installations.


Le virage suppose aussi une action de communication claire en direction du public pourqu’il ne brûle pas ce qu’on lui a demandé d’adopter.


michel.deprost@enviscope.com



Pour en savoir plus sur Rhône Alpes Energie Environnement: www.raee.org/


Pour en savoir plus sur l’ADEME: www.ademe.fr/


1) La journée a été animée par Michel Deprost, d’Enviscope.

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