Le moment est judicieux. Se tient au Conseil régional une conférence sur l’avenir de ce secteur dans la région. Un avenir où se mêlent emploi, impact environnemental et acceptabilité par la société.
La chimie en Rhône-Alpes ce ne sont pas seulement des usines qui fument et enlaidissent le sud de Lyon, le sud de Grenoble, ou l’aggllomération de Roussillon. Ce sont encore 26 000 emplois directs de la première région chimique de France, qui concentre un quart de la recherche dans ce domaine, une des cinq premières régions chimiques d’Europe, comme le rappelle Jean-Jack Queyranne.
Erosion moins rapide des effectifs
La chimie résiste mieux en Rhône-Alpes que dans d’autres régions : les effectifs ont baissé de 2% de 2000 à 2006, contre 8% en France. Les grands groupes internationalisent leur implantations mais des PME dynamiques se développent.L’avenir de la chimie reste pourtant incertain, face à la mondialisation. Les investissements sont souvent des investissements de renouvellement, explique Dominique Caudron, auteur d’une étude pour le cabinet Algoe.
Car la chimie a aussi des handicaps pour être tout à fait àl’aise dans la Région. Elle a encore du mal à attirer des jeunes, alors qu’elle va devoir renouveler ses effectifs dans les dix ans qui viennent. Elle a réalisé beaucoup de progrès, souvent volontaires, mais doit aller plus loin dans le dialogue avec la sociéété, améliorer encore la gouvernance locale, la logistique, l’acceptabilité sociale.
Fabriqués en Chine ou en Europe?
Le problème est celui de la chimie européenne, comme l’a rappelé François Laurent, pour la Fédération Européenne des Syndicats de l’Industrie de la Chimie, de l’Energie. Le chiffre d’affaire de la chimie européenne baisse pour l’agrochimie, mais aussi pour les fibres, pour les produits de consommation.
L’Europe doit investir davantage, dans la recherche, dans le développement, non pas un peu plus de 2% par an, mais plus de 5% comme le Japon. Le défi est clair pour René Van Sloten, expert auprès de l’organisation européenne de l’industrie chimique : « Est-ce que c’est en Europe ou en Chine que seront fabriqués les produits consommés en Europe ? ». L’enjeu social est évident. L’enjeu environnemental est sous-jacent. Produire propre, avec des matières renouvelables, en réduisant les coûts pour l’environnement, aussi bien pour le transport, pour le process, que pour les matériaux, l’Europe sait le faire et apprendà le faire. Elle veut pouvoir le faire.
En Rhône-Alpes, cela passe par l’accueil de nouvelles implantations, acceptées par les collectivités, par les habitants, pour permettre aux entreprises de quitter les villes, pour s’aggrandir, mieux fonctionner. Cela suppose aussi de mieux prendre en compte les transports, les risques environnementaux. Pour être mieux acceptée, la chimie doit non seulement encore mieux informer les riverains, mais aussi les consommateurs.