Installer un chauffe-eau solaire individuel dans une copropriété, c’est sans doute un des défis les plus difficiles à relever pour faire avancer les énergies renouvelables. Or les copropriétés représentent un gisement formidable d’économies d’énergie.
Les obstacles ne manquent pas et l’itinéraire de Jean Lambert est exemplaire. «J’ai découvert en 2006 que fonctionnait près de chez moi, dans l’immeuble appelé le Bernin, un chauffe-eau solaire installé depuis 25 ans. Je suis allé voir l’Agence Locale de l’Energie de Lyon pour demander conseil, en vue de réaliser une installation identique sur la copropriété où je réside. L’ALE a réalisé une fiche technique sur le Bernin, puis j’ai essayé de faire des propositions au conseil syndical et à l’assemblée générale. En vain ». La proposition ne parait pas intéressante. Même la seule information ne mobilise pas les copropriétaires. Impossible de faire avancer le moindre dossier, même avec des mesures simples comme l’arrêt du chauffage des parties communes. On oppose avance à Jean Lambert que l’abaissement de la température pourrait faire mourir les plantes vertes !
Sensibilisation difficile
La marche est en effet trop haute, la sensibilisation trop difficile, et la stratégie doit être adaptée en prenant les dossiers dans un certain ordre. C’est ce que pense Jean Lambert, qui préconise de commencer par un constat de la situation présente, pour pointer du doigt des anomalies, des dysfonctionnements susceptibles de faire réagir une poignée de copropriétaires pour commencer à débloquer la situation.
C’est ainsi que Jean Lambert va proposer l’installation de compteurs de thermies à l’entrée des boucles de chauffage ( heureusement individualisées) de chaque appartement. Il sera ainsi possible à chacun de connaître sa consommation. On sait que cette simple mesure permet d’obtenir un effet. Une mesure simultanée consisterait à un robinet thermostatique pour régler l’arrivée de la chaleur dans chaque appartement. Maispour ces travaux, Jean Lambert constate qu’il n’est pas aisé de trouver des entreprises, d’obtenir des devis pour les soumettre à la discussion des assemblées.
Difficultés juridiques, obstacles techniques liés à l’offre, absence de références : Jean Lambert a constaté en deux ans le désert auquel sont confrontés les copropriétaires qui veulent aller de l’avant. Mais la situation a commencé à bouger. En effet, Jean Lambert et un premier noyau de copropriétaires ont formé le Réseau des Résidences économes en Energie du Grand Lyon, ( REG 1). Franck Mabilon, directeur de l’Agence Locale de l’Energie, a invité le REG à des ateliers sur l’énergie, sur les énergies renouvelables, sur le climat dans l’agglomération lyonnaise. Des réunions ont permis de mettre au point toute une série de fiches.
Un dossier technique de l’Agence Locale de l’Energie
Depuis décembre 2007 existe un dossier technique de l’ALE très complet qui résume les actions qui peuvent être menée par des copropriétés en faveur des économies d’énergie. Le document rappelle ainsi que le départ d’une action en faveur des économies d’énergies peut logiquement être un diagnostic énergétique en partie financé par l’ADEME, la Région Rhône-Alpes et le Grand Lyon. Le dossier propose ensuite des fiches détaillant les démarches nécessaires pour l’installation d’une chauffe-eau solaire individuel, d’un système photovoltaïque, d’un système de comptage individuel de chauffage.
Elargir le nombre de copropriétés
Le socle existe pour bâtir une démarche de grande ampleur. Le Réseau des résidences compte maintenant un fichier d’une cinquantaine de personnes dans des échanges, des envies, des projets. Il faut passer à l’action, pour élargir le nombre de copropriétés concrètement engagées. « Les références ne sont pas nombreuses en Rhône-Alpes. Il y a des opérations collectives, mais elles sont menées par des bailleurs uniques, sociaux ou non, qui n’ont pas de problèmes de décision » explique Jean Lambert. Des immeubles de logement collectifs ont été équipés à La Darnaise à Vénissieux ou à la Croix Rousse par l’OPAC du Rhône. Mais il faut, en dehors du Bernin, aller à Echirolles ou près de Bordeaux pour trouver d’autres références.
Une situation qui devrait évoluer. L’intérêt suscité par le Grenelle de l’Environnement ajoutant aux mesures de la loi SRU qui change les règles de majorité pour l’adoption de certaines décisions devraient faire avancer le dossier. De nouvelles mesures législatives devraient permettre d’aller encore plus loin.
Pour franchir, les prochaines étapes, Jean Lambert compte sur l’Agence Locale de l’Energie, sur des organisations professionnelles de la gestion de copropriétés ( CNAB), mais aussi sur les gestionnaires de grandes copropriétés, ou du moins d’un grand nombre de propriétés ( Foncia, Urbania) La balle est dans le camp des copropriétés.
1)Réseau des Résidences Economes en Energie du Grand Lyon http://RegGrandLyon.free.fr
2) Agence Locale de l’Energie du Grand Lyon: www.ale-lyon.org ou copro@ale-lyon.org
3) Délégation Rhône-Alpes de l’ADEME! www.ademe.fr
4) Impôt Services tél 0820 32 42 52 ou www.service-public.fr/accueil/impot_impot_service.html
5) Agence locale de l’Energie de Grenoble: www.ale-grenoble.org ou infos@ale-grenoble.org
6) Conseil régional Rhône-Alpes téléphone 04 72 59 40 00 ou www.rhonealpes.fr