A deux reprises depuis le début de l’année universitaire, l’enseignement de
la biologie de l’évolution a été perturbé à l’Université Claude Bernard Lyon 1 ( Villeurbanne) par une jeune femme qui a interrompu les cours en prônant des thèses créationnistes. L’Université réagit en renforçant l’information scientifique.
Les rapports entre l’homme et la Nature ne sont pas seulement question scientifique. Le religieux s’en empare. Ainsi à deux reprises en septembre, une jeune femme est intervenue dans des cours de master de biologie de Lyon 1. Elle s’est glissée une fois parmi les étudiants du cours de Dominique Pontier, chercheuse au laboratoire « Biométrie, génétique et biologie des populations » (CNRS-Université Lyon . Sans être étudiante à l’université, cette personne est entrée dans l’amphithéâtre, a interrompu l’enseignante en contestant le cours au nom du créationnisme. La même personne est intervenue un autre jour lors du cours d’un autre enseignant. Lionel Collet, président de l’Université a décidé de faire surveiller l’entrée de l’amphithéâtre par un appariteur qui a vérifié les cartes des étudiants. La perturbatrice n’a pas refait d’apparition.
Intervention scientifique dans les collèges et lycées
Jean-François Mornex, vice-président du Conseil scientifique a été informé et les responsables de Lyon 1 ont décidé de réagir en prenant trois types de mesures. Un groupe de travail a été formé pour préparer une intervention scientifique sur l’évolution qui sera présentée dans les collèges et dans les lycées.
L’université scientifique se sent plus que jamais motivée par une participation au colloque“ La culture scientifique ? Pour quoi faire?” organisé dans le cadre des Entretiens Jacques Cartier, à Lyon, au mois de décembre (.www.museum-lyon.org/colloques/entretiens_jc/entretiens_JC20_cs.htm)
Enfin, l’Université rappelle que l’Université Ouverte, son activité de diffusion de connaissances en direction du grand public organise le 16 octobre une conférence sur l’évolution au centre culturel et de la vie associative de Villeurbanne. Alain Pavé, Professeur des universités et Directeur de Recherche au CNRS, qui a été chercheur CNRS à Lyon 1, parlera du thème: “Créationnisme vs évolutionnisme. Vraie controverse ou faux débat?
Une offensive il y a plusieurs mois
L’incident de ce mois de septembre, fait suivre à l’offensive en règle menée par les créationnistes musulmans au printemps, quand des milliers d’ouvrages avaient été envoyés dans des établissements de l’Education nationale. L’ouvrage “L’Atlas de la création” oeuvre d’un prédicateur islamiste turc, Harun Yahya, avait été adressé à de nombreux exemplaires à l’Université, à la présidence, dans des laboratoires de biologie. Le livre de l’auteur qui s’exprime aussi sur un site internet intitulé “le mensonge de l’évolution” est un ouvrage volumineux et onéreux de 770 pages qui affirme, photos à l’appui, que les espèces animales sont immuables, qu’elles ont donc été créées par ” Dieu” telles qu’elle sont maintenant. C’est ce qu’on appelle le fixisme, une des formes du créationnisme, qui nie l’évolution comme phénomène biologique.
Ainsi, la photo d’un fossile de plusieurs millions d’années et celle d’un animal actuel de la même espèce, apparemment identique, sont sensées ” montrer”, ” prouver”, par leur ressemblance, que l’évolution n’existe pas. Le livre appuie sa démonstration par des citations du Coran Un livre rejetant au nom du Coran le darwinisme et l’évolutionnisme. L’Education nationale avait demandé que l’ouvrage ne soit pas mis à disposition des élèves. Il n’a pas été rangé dans les bioboithèque universitaire. L’ouvrage a été envoyé aussi à de nombreux exemplaires à l’INSA de Lyon.
Michel Deprost