Le site nucléaire du Tricastin est implanté à la limite des départements de la Drôme et du Vaucluse, sur le territoire de Pierrelatte, St-Paul-Trois-Châteaux et Bollène. Il englobe huit Installations Nucléaires de Base (Installation Nucléaire de Base ), plusieurs Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) ainsi que l’Installation Nucléaire de Base Secrète (INB-S) du CEA-Cogéma. Le site comprend la centrale nucléaire de Tricastin, une usine d’enrichissement d’uranium.
La CRIIRAD explique que son laboratoire a mis en évidence à plusieurs reprises des niveaux d’irradiation anormalement élevés en limite du site nucléaire du Tricastin. Ces contrôles révélaient selon l’association des défauts d’application des règles de radioprotection et soulevaient d’importantes questions sur l’exposition des travailleurs intervenant à l’intérieur du site.
Les niveaux les plus irradiants étaient identifiés sur le côté Ouest, au niveau du parc à fûts et du portail d’entrée AREVA – SAUR . Une autre zone anormale, bien que moins marquée (130 à 140 c/s), était repérée sur le côté Est, au nord des installations EDF et COMURHEX, au droit d’une sorte de tumulus. Cette butte de terre est située dans le périmètre de l’INB-S dont le CEA est propriétaire et Cogéma (AREVA NC) l’exploitant, explique un communiqué de l’association.
L’association explique aussi que des recherches documentaires lui permettent de conclure que le “rayonnement détectable sur le chemin des agriculteurs pourrait provenir du tumulus lui-même qui serait un amoncellement de déchets radioactifs et chimiques directement enfouis dans le sol !” L’association a analysé les inventaires de l’ANDRA ( Agence Nationale des Déchets Radioactifs). Le premier inventaire, publié en 1993, ne mentionne ni le tumulus, ni même l’existence des déchets enfuis dans le tumulus. Les inventaires publiés de 1994 à 1999 consacrent une fiche aux déchets radioactifs de l’INB-S CEA-COGEMA de Pierrelatte présentés comme des « déchets d’exploitation et d’assainissement issus des installations d’enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse et traitements chimiques». Il s’agirait de « déchets de barrières de diffusion gazeuse, fluorures, boues chromiques » pour une activité totale de 42 GBq et de « déchets divers, gravats… » pour 8 GBq. Le Becquerels sont une unité de mesure de la radioactivité émise par des matériaux. La fiche indique qu’il s’agit d’un entreposage mais ne fait aucune allusion au fait que les déchets ne sont pas dans des modules bâtis mais ont été directement enfouis dans le sol.
La terre de protège pas des lessivages
La CRI-RAD signale qu’il a fallu attendre l’inventaire ANDRA de 2002 pour apprendre que les déchets des installations de production d’uranium enrichi à usage militaire ont été « enfouis entre 1969 et 1976 dans une butte de terre d’un volume d’environ 15 000 m3». Or la terre, souligne la CRI-RAD ne protège pas les déchets du lessivage par les eaux de pluie. L’association estime qu’il s’agir « d’une violation caractérisée des règles de stockage qui doivent garantir que les déchets sont isolés de l’environnement et qu’il est possible de les contrôler et, si nécessaire de les reconditionner ».
« On ne peut exclure, estime la CRI-RAD dans son communiqué que l’ANDRA ait souhaité occulter les conditions de stockage scandaleuses de ces déchets mais le plus probable est qu’elle ne fasse que répercuter les informations que l’exploitant veut bien communiquer“. La CRIIRAD affirme avoir constater sur plusieurs dossiers que l’Agence n’effectue aucun contrôle sur le terrain et que l’analyse critique des données des exploitants est très insuffisante.
Des déchets à vie longue
Selon l’inventaire ANDRA plus récent de 2006, l’amoncellement de déchets radioactifs serait constitué de plusieurs types de déchets provenant des quatre usines militaires de séparation isotopique préparant des uranium plus ou moins enrichis. Ces déchets seraient constitués de barrières de diffusion pour une masse totale de 760 tonnes. L’ANDRA ne donne aucune précision ni sur la composition des déchets, notamment sur leur teneur en uranium 235, ni sur les éventuels risques de criticité.
Le tumulus enfermerait aussi des déchets de catégorie TFA-VL – très faible activité mais vie longue constitués de filtres de conditionnement (46 m3) et de fluorines (14 000 m3). Enfin, le tumulus
contiendrait des déchets toxiques sur le plan chimique. Ces déchets sont présentés comme exempts de radioactivité, mais comme le chrome trivalent, ils présentent des risques pour l’environnement. L’ANDRA indique qu’il s’agit de boues issues de la station de traitement des effluents, sans préciser le volume ou le tonnage déversés sur le tumulus.
La Commission demande « la communication d’un état détaillé de la structure du tumulus et des déchets radioactifs et chimiques qu’il contient”. Elle demande la reprise des déchets, leur caractérisation, leur reconditionnement éventuel (vérification de l’étanchéité des fûts, de leur absence de contamination externe) et leur transfert vers des installations d’entreposage ou de stockage ad hoc ». L’association demande un contrôle radiologique et chimique de la terre dans laquelle les fûts et autres déchets ont été enfouis et, si nécessaire, le conditionnement et le stockage des volumes contaminés. L’association veut être autorisée à accéder au site pour y effectuer des mesures radiamétriques et spectrométriques au niveau du tumulus et procéder à des prélèvements d’eau au niveau des piézomètres pour vérifier si les informations relatives à la contamination des eaux souterraines sont avérées ou relèvent de la rumeur.