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La transition énergétique, le grand défi européen

« L’Europe est le bon espace pour la transition énergétique », c’est le credo de François Lafond, d’EuropaNova, l’ONG promoteur du débat public en Europe, qui organisait ce mercredi 12 novembre en partenariat avec Ense3-Grenoble INP, une rencontre entre plusieurs acteurs du domaine de l’énergie.

Animée par François
Animée par François Lafond, directeur général d’EuropaNova, en partenariat avec Ense3, l’école de Grenoble INP qui forme chercheurs et ingénieurs des domaines de l’énergie, de l’eau et de l’environnement, la conférence qui avait pour thème “La transiton énergétique, grand défi européen” a réuni les interventions de Emanuele Martinolli (Politecnico), Patrick Criqui (UPMF – CNRS), Eric Piolle (maire de Grenoble), Yves Maréchal (Ense3), Luc de Marliave (Total Energies Nouvelles) et Michel Deprost (Enviscope). [Photo Enviscope]

La France peut-elle organiser sa transition énergétique sans l’Europe ? Faut-il un schéma général pour la transition ou bien peut-elle être initiée localement ? Les questions posées par les étudiants et chercheurs de l’école Ense3 étaient nombreuses.

Tout le monde est d’accord sur les constats. Tour à tour Yves Maréchal, directeur de l’école Ense3 à Grenoble INP, et Patrick Criqui, directeur du laboratoire Edden à l’Université Pierre-Mendès France, employaient le terme de « dérèglement » climatique pour évoquer ce que les experts du Giec appelaient jusqu’alors le changement climatique.

Le Conseil de l’Europe vient laborieusement de décider une réduction de 40% des GES d’ici 2030. Une entente a minima, avec laquelle la loi française de transition énergétique pour la croissance verte est en cohérence.

Au passage cependant, Patrick Criqui note que « la fiscalité carbone n’a pas les faveurs de la ministre de l’Ecologie, alors qu’il sera, selon lui, difficile de s’en passer ». Il vrai que les Allemands, qui ont instauré la taxe carbone depuis 2005, ont de ce fait 4 Md€ de rentrées fiscales par an.

On le voit, les façons de faire sont différentes entre les deux pays, de même que sont différentes les situations de pays comme la Suède, très engagée dans la transition écologique et de la Pologne, par exemple, encore fortement dépendante du charbon. Alors, comment procéder ?

Démocratie locale

Pour le maire écologiste de Grenoble, cela doit passer par la démocratie locale. Le but est que chaque citoyen soit acteur. Eric Piolle ne veut pas commenter le contenu de la loi de transition énergétique, mais rester concentré sur son action au niveau local, celui de la ville et de la future métropole grenobloise.

« La ville est un aspirateur à ressources et une usine à déchets, c’est sur ce territoire qu’est détenue une bonne partie des clés » ajoute-t-il. Il évoque alors les différents domaines d’application de sa politique [1] : le logement, avec la mise en œuvre d’intervenants en contrat d’insertion pour faire évoluer les gaspillages et les comportements des habitants, ceux en situation de précarité énergétique en particulier ; les transports, avec le développement des transports en commun et de la pratique du vélo ; la re-végétalisation de la ville.

Dans son esprit, c’est le pragmatisme local qui est important. Il peut le conduire à conclure des accords avec des alliés inattendus venant d’un écologiste, comme Schneider Electric ou Bouygues.

Inciter les grands acteurs

Le groupe Total pourrait-il être un de ces alliés, lui qui a développé des alternatives aux énergies classiques.

Luc de Marliave, responsable des relations institutionnelles de Total Energies Nouvelles, se défend en tout cas de pratiquer le triptyque freiner/édulcorer/récupérer, énoncé par le maire de Grenoble [2]. Rappelant l’intérêt de Total pour le photovoltaïque dès 1984, il explique que les entreprises ne peuvent s’engager sur un marché qu’à condition que celui-ci existe.

Depuis Total a pris 60% des parts de l’américain SunPower, 3e fabricant mondial de panneaux solaires. De même il est partenaire d’Amyris, en Californie, qui travaille sur des levures pour transformer le sucre de canne en carburant.

Dans cette démarche, ce n’est ni l’épuisement des ressources, comme l’indique Patrick Criqui, ni le signal prix, ajoute Michel Deprost, rédacteur en chef d’Enviscope, qui ont été le facteur déclencheur. Pourtant, un peu partout dans le monde, la prise de conscience est là.

Avancées laborieuses et révolution culturelle

Emanuele Martinolli, ingénieur nucléaire issu du Politecnico de Milan, explique comment l’Italie a voté tout récemment elle aussi sa loi de transition énergétique, reposant sur la modernisation des réseaux et le développement du gaz.

Partout se font jour les difficultés de la mise en œuvre. Depuis l’effet d’aubaine qu’ont représenté les tarifs d’achat des premières EnR en France, en passant par les multiples réunions qu’a engendrées le débat sur la transition énergétique [3] dans lequel, Michel Deprost souligne que les industriels ont été les grands oubliés, il semble bien que l’avancée soit laborieuse.

Quelle politique pour l’Europe, quels moyens financiers ? Il pose en particulier la question du financement de la rénovation des 500 000 logements par an prévus par la loi française et dont on est loin pour l’instant de tenir la cadence.

En définitive, c’est une révolution culturelle qu’il faudrait faire. C’est ce qu’explique Eric Piolle pour qui « c’est bien l’argent qui manque, c’est compliqué, mais ça avance ! ».

Dans ce contexte, la signature inattendue, le matin même de la conférence grenobloise d’un engagement des Etats-Unis et de la Chine à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2025-2030, serait-elle, l’indication de l’amorce d’une révolution culturelle ?

 

antoine.reboul@enviscope.com

[1] Eric Piolle a également signé lors du récent congrès de l’USH à Lyon une convention cadre avec la Caisse des Dépôts pour avancer sur la transition énergétique.

[2] Les grands acteurs de l’énergie sont accusés d’avoir freiné la révélation, puis minimisé les effets du réchauffement climatique. Devant l’évidence et ne pouvant faire autrement se sont mis eux-mêmes à devenir acteurs de la transition.

[3] 120 réunions ont mobilisés 12 000 personnes en Rhône-Alpes, dans un débat sur la transition énergétique, peu intelligible par le grand public et d’où ont été absents les industriels. La question nucléaire n’a pas été abordée sur le fond, de peur que le débat ne se radicalise dans un affrontement des pros et anti-nucléaire.

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