Le Cecropia, arbre emblématique de Guyane aussi appelé bois canon, a développé une relation symbiotique avec les fourmis arboricoles du genre Azteca. Le Cecropia abrite au niveau de ses tiges creuses des abris à ces petites fourmis, ainsi qu’une partie de la nourriture. Les fourmis protègent l’arbre des envahisseurs. C’est ce qu’a compris l’équipe d’Alain Dejean du laboratoire Ecologie des forêts de Guyane (ECOFOG, CNRS/CIRAD/Université Antilles-Guyane/INRA) dans des travaux publiés dans la revue PLoS ONE le 25 juin 2010
L’équipe d’Alain Dejean en collaboration avec des chercheurs de Clermont-Ferrand, Toulouse et de la station biologique de Doñana en Espagne, s’intéresse aux interactions entre le Cecropia obtusa et une espèce du genre Azteca récemment décrite en Guyane française : Azteca andreae. Cette espèce déploit une stratégie de chasse reposant sur une organisation sociale très élaborée.
Les ouvrières se postent côte à côte sous la bordure des feuilles de Cecropia obtusa et attendent d’éventuelles proies. Les scientifiques ont découvert que, dans cette position, les fourmis s’agrippent solidement aux feuilles grâce au principe du « Velcro® » , velours-crochet, une marque déposée qui consiste en un système d’accrochage entre deux tissus.
La face inférieure des feuilles présente une ramification de longs poils qui constitue la partie «velours» sur laquelle s’accrochent les griffes des ouvrières formant la partie «crochets». Grâce à ce principe une fourmi peut maintenir jusqu’à plus de 5 000 fois son poids. Un groupe d’ouvrières peut capturer de très grosses proies. La plus grosseproie rencontrée étant un criquet de 18,61 grammes soit 13 350 fois le poids d’une ouvrière.