Développement au Maghreb et au Moyen-Orient : des étudiants de Sciences Po Lyon au Liban sur les questions de l’eau et de l’agriculture
Dix-sept étudiants en cinquième année à l’Institut d’études Politiques de Lyon, Science du Master « Coopération et développement au Maghreb et au Moyen-Orient » (CODEMMO) sont partis au Liban pour réaliser un travail de recherche et d’information notamment sur les questions de l’eau et de l’agriculture. Marie Ploquin, qui fait partie du groupe explique la démarche.
En quoi le Master « Coopération et développement au Maghreb et au Moyen-Orient « consiste-t-il ?
Le but de ce master est de proposer une spécialisation progressive sur le thème des politiques de coopération et de développement au Maghreb et au Moyen-Orient. Il comprend ainsi des cours de géopolitique, d’anthropologie, de microfinance, ainsi que des cours abordant le co-développement économique et la coopération décentralisée. Nous suivons également des cours d’anglais et d’arabe littéraire.
Mais l’objectif est aussi d’acquérir des compétences en conduite de projets et de nous former aux métiers de la coopération et du développement. La gestion de projet constitue à ce titre le cœur du master. Loin d’être uniquement théorique, celle-ci est effective puisqu’il nous a été proposé de participer au programme Processméditerranée créé par Arcenciel-France – branche française d’Arcenciel-Liban – en 2015. Ce programme de coopération en entrepreneuriat social vise à valoriser et à renforcer les capacités des initiatives à fort impact social et environnemental sur le pourtour méditerranéen en Tunisie, au Liban, et en France.
Notre groupe, qui est parti au Liban en janvier 2017, représente la troisième promotion Processméditerranée à partir : un groupe du précédent Master CODEMMO est parti en Tunisie en janvier 2016, puis des étudiants du Master EIS (Entrepreneuriat et innovation sociale) de l’école 3A de Lyon se sont rendus au Liban en juin 2016.
En quoi le projet consiste-t-il ?
Ce projet rassemble des jeunes passionnés du monde arabe et sensibilisés à l’entrepreneuriat social. Nous souhaitons contribuer au dynamisme existant sur les territoires du pourtour méditerranéen en valorisant des initiatives à fort impact social.
Nous avons préparé le projet pendant quatre mois, définissant les valeurs que nous souhaitions porter, précisant nos méthodes et nos objectifs. Les multiples aspects qu’implique la gestion d’un projet que nous portons dans son intégralité nous ont permis d’acquérir diverses compétences, de la recherche de financement public et privé au contact avec les médias, en passant par l’organisation d’événements. Nous avons notamment mené une campagne de crowdfunding d’un mois qui nous a permis de récolter un peu plus de 11 000 € sur le site Kisskissbankbank, sur la page « Défendre l’entrepreneuriat social au Liban »[1]).
Suite à cette préparation, il s’agissait de nous rendre sur le terrain, au Liban, pendant quinze jours, afin de travailler avec des entrepreneurs sociaux locaux. Nous nous sommes divisés en trois équipes : webdocumentaire, recherche, et service.
Le webdocumentaire porte sur la thématique de l’eau ?
Quelles sont les données du problème ?
Cinq étudiants ont en effet décidé de réaliser un webdocumentaire traitant des problématiques liées à l’eau au Liban. Ce pays, souvent qualifié de « château d’eau du Proche-Orient », est pourtant confronté à des problèmes fortement ancrés. Pendant l’été, milieu rural comme urbain sont touchés par de fortes pénuries d’eau entraînant des coupures parfois quotidiennes. L’eau livrée par les municipalités ne suffit plus, et il faut faire appel à des compagnies privées qui viennent remplir les citernes sur les toits. Au moins 60% de l’eau au Liban est utilisée pour l’agriculture, qui se voit donc elle aussi touchée de plein fouet en périodes de sécheresse.
Le groupe d’étudiants est encadré par une photojournaliste et un cadreur-monteur professionnels qui les forment à l’utilisation du matériel nécessaire à une telle réalisation. Cette équipe a rencontré des acteurs très divers et s’est rendue dans différents endroits afin de comprendre les multiples enjeux liés à l’eau dans le pays. Pour ne citer que quelques exemples, ils ont visité des structures procédant elles-mêmes à une désalinisation de l’eau, ou travaillant au traitement des eaux usées. Ils ont aussi visité des barrages et se sont rendus au domaine de Taanayel – dans l’est du Liban – où ont été mis en place des systèmes de smart irrigation visant à traiter l’eau et à l’utiliser intelligemment, notamment pour l’agriculture. La pénurie n’est en effet pas la seule problématique de l’eau au Liban. L’eau vient aussi à manquer parce qu’elle est parfois gaspillée ou parce que sa pollution empêche son utilisation.
L’objectif de ce webdocumentaire est non seulement de montrer une partie des difficultés auxquelles est confronté le Liban sur cette question de l’eau, mais aussi de mettre en valeur les initiatives qui existent pour pallier à cette situation. De nombreux entrepreneurs sociaux travaillent à des solutions durables, respectueuses de l’environnement et de la population. Il s’agit donc de montrer un Liban contrasté et complexe, porteur aussi d’un dynamisme qu’on ne perçoit pas toujours depuis l’extérieur.