La gestion des eaux pluviales paraissait il y a dix ou quinze ans une voie de recherche et d’innovation d’un intérêt limité. D’année en année, la prise en compte des eaux pluviales est apparue comme un thème évident d’échanges, comme l’a prouvé la septième conférence organisée ce jeudi 12 juin à l’Espace Tête d’Or de Villeurbanne par le GRAIE (Groupe de Recherche Rhône-Alpes sur les Infrastructures et l’Eau), le Grand Lyon, le Réseau SEM/SCET.
En quelques années, aménageurs, urbanistes, maîtres d’ouvrages, sont passés du « tout tuyau » à la recherche d’un cycle de l’eau plus proche du cycle naturel. Le tout tuyau avait abouti à l’inflation de réseaux jamais assez grands pour absorber les orages exceptionnels, mais assez gros pour dérégler les stations d’épuration et amplifierles crues de rivières enserrées dans le tissu urbain.
Toitures végétalisées et casiers
La vague du tuyau a reflué et les innovations visent depuis quelques années à amortir l’impact des eaux sur les constructions, à les retenir, à éponger dans des toitures végétalisées, à retenir dans des noues, des casiers, des bassins, des déversoirs. Le règlement du plan Local d’Urbanisme ( PLU) du Grand Lyon est précis rappelle Elisabeth Sibeud, de la direction de l’eau du Grand Lyon. « La gestion des eaux pluviales est de la responsabilité du propriétaires et le rejet dans le milieu naturel est à privilégier ». Le règlement d’assainissement du Grand Lyon précise que la « collectivité n’a pas d’obligation de collecte des eaux pluviales issues des propriétés privées ». La gestion des eaux pluviales est de la responsabilité du propriétaire et de l’occupant. Le rejet dans le réseau public doit être soumis à autorisation. L’article 23 de la loi sur l’eau de décembre 2006, prévoir l’instauration d’une taxe « pour la collecte, le stockage, le traitement des eaux pluviales et de ruissellement ». En effet ces eaux ne sont, souvent, pas propres.
Priorité à l’infiltration
Cela veut dire que partout, la priorité est donnée à l’infiltration et à la lutte contre l’imperméabilisation, à Lyon, mais aussi dans d’autres villes, et à Genève aussi où les autorités cantonales déclinent jusqu’au niveau de la parcelle la gestion des eaux pluviales. De contraintes, les eaux pluviales sont devenues prétexte à aménagements, pour les eaux elles-mêmes, mais pour la ville, les quartiers, et les habitants. A Lyon, l’opération Grand Projet de Ville de la Duchère, sera l’occasion d’améliorer un parc, et de redonner vie au ruisseau des Gorges.
« Les habitants eux-mêmes demandent ce retour de l’eau, dont le niveau doit varier, qui peut déborder» constate Elodie Brelot, directrice du GRAIE, organisatrice de la conférence. L’eau n’est plus un élément perturbateur, étranger, mais c’est un élément du paysage, avec lequel les urbanistes, les paysagistes, associés aux hydrauliciens, jouent. Il suffit de savoir que l’eau descend toujours, ou de comprendre qu’elle peut disparaître aussi vite qu’elle est venue.
La gestion des eaux de pluie peut donc être durable et l’intérêt pour les innovations qui en découlent rencontrent l’intérêt global pour une approche plus durable de l’énergie, des matériaux, de l’organisation.
GRAIE Groupe Rhône Alpes de Recherche sur les Infrastructures et l’Eau, www.graie.org ou asso@graie.org