Emmanuel Imberton ( CCI de Lyon) : l’aéroport de Saint Exupéry ne doit pas être étouffé par l’Ile de France

La privatisation de la gestion de l’aéroport Lyon Saint-Exupéry imaginée par l’Etat risque de renforcer la centralisation du trafic, et de la richesse en Ile de France et à Paris. Emmanuel Imberton, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon explique pourquoi l’aéroport est essentiel pour le développement de Rhône-Alpes.

Emmanuel Imberton: l'Etat renforce systèmatiquement le poids de la région parisienne  ( © Jean Jacques Raynal _ CCI de Lyon)
Emmanuel Imberton: l’Etat renforce systèmatiquement le poids de la région parisienne ( © Jean Jacques Raynal _ CCI de Lyon)

Comment imaginez-vous la privatisation de l’aéroport de Lyon Saint Exupéry ?

Aujourd’hui l’existence et le développement d’un aéroport sont stratégiques pour le développement d’une région. La Chambre de Commerce de Lyon actionnaire à 25 % de l’aéroport de Saint-Exupéry, entend exprimer le point de vue des chefs d’entreprises, pour que la privatisation ne soit pas seulement pour l’Etat l’occasion d’une opération financière qui lui rapporterait 900 millions d’euros si l’on se réfère à la privatisation de l’aéroport de Toulouse.

On voit qu’actuellement déjà, il existe un énorme décalage entre la richesse produite par les habitants de la Région Rhône et l’aéroport dont ils peuvent disposer, en particulier les chefs d’entreprises et les entreprises . Alors que la région Rhône-Alpes est classée au huitième rang des régions européennes par son PIB, l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry arrive en 47 ème position.

Nous voulons que cette privatisation soit l’occasion de développer l’aéroport pour en faire un outil du développement régional et non pas l’occasion de renforcer la prééminence de paris et de l’Ile de France.

Pourquoi demander des droits de vols supplémentaires ?

Les demandes de droit de vol ne sont pas autorisées d’une manière cohérente, pour répondre à la demande.  Cela répond à la demande des chefs d’entreprise, dont 3000 ont signé la pétition en faveur de Saint-Exupéry. Ils ne veulent pas être contraints d’aller systématiquement à Roissy car des droits ne sont accordés qu’à Roissy.

Il a été  clairement signalé qu’il n’y aurait pas de droits de vols supplémentaires. Ce type de décision est pris pour permettre de régler les problèmes d’Air France. C’est ce qui a amené à refuser l’installation d’Easy Jet, qui est allé à Genève où cette compagnie représente 47 % du trafic. C’est contraire à la demande même d’une compagne comme Emirates, qui exploite avec succès cinq vols par semaine et demande des vols sept jours sur sept.

Cette situation est-elle unique ?

La situation est très différente dans des pays européens voisins. En Italie, l’aéroport de Rome compte 41 millions de passagers, alors que celui de Milan en compte 36. En Espagne, Madrid compte passagers et Barcelone En Allemagne, le premier aéroport est celui de Francfort, avec 58 millions de  passagers,mais Munich en compte 38,5, Berlin 26en compte  Munich, Dusseldorf 21 millions  et Hambourg 13. ( voir le document Le trafic des aéroports dans quatre pays europeéns ( source CCI de Lyon)

 Quel est le rôle de l’Etat ?
L’Etat est dans ce dossier juge et partie. Il est actionnaire d’Aéroport de Paris. Par le biais de la Direction générale de l’Aviation Civile, il accorde ou non les droits de créer des lignes nouvelles. Il est aussi engagé comme actionnaire d’Air France qu’il protège.

Mais cela se fait largement au détriment de Rhône-Alpes et de l’agglomération de Lyon. L’activité des aéroports en France est extraordinairement concentrée sur l’Ile de France. Charles de Gaulle a un trafic de 90 millions de passagers, Nice de 11 millions et Lyon de 8 millions.

Derrière une façade de décentralisation administrative, c’est à un renforcement sans frein du poids de l’Ile de France qu’on assiste depuis plusieurs années.

Qu’attendez-vous de la privatisation ?

Nous attendons de la privatisation qu’elle nous amène de vrais partenaires qui comprennent les enjeux de la région. Nous recevons actuellement beaucoup de candidats.

Nous avons un aéroport efficace, pour lequel des investissements ont été réalisés, nous voulons des partenaires qui répondent aux  demandes de l’économie régionale. Ces demandes sont exprimées, en termes différents des nôtres, par le président du Conseil régional, par d’autres responsables économiques. Mais l’aéroport lui-même devait sans doute accentuer son action auprès des milieux économiques notamment, pour expliquer l’importance qu’il représente pour la région.

michel.deprost@enviscope.com

 

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