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Eric Preud’homme, d’EDF, présente un bilan de la catastrophe de Fukushima trois ans après.

Trois ans après la catastrophe de Fukushima, alors, que l’évènement ne fait plus la une des médias, de nouveaux bilans peuvent être tirés.  Eric Preud’homme , Responsable du Domaine Production à la Direction Stratégie Prospective d’EDF, s’est livré à cet exercice lors d’une conférence organisée par la Société française d’Énergie Nucléaire ( SFEN). Son témoignage (1) n’engage pas l’entreprise.

Le bilan post Fukushima n’est pas le bilan du nucléaire au Japon, ni le bilan du nucléaire mondial. Au Japon, certains centrales ont été affectées par les évènements naturels (tsunami, séisme) mais d’autres ont résisté. La centrale nucléaire d’Onugawa, par exemple à quelques kilomètres d’une ville où le séisme a fait 900 morts, a résisté à une chute du sol d’un mètre et elle a servi de refuge  à plusieurs centaines de  rescapés.

Fukushima: un concentré de dysfonctionnements

La centrale de Fukushima a concentré elle un certain nombre de dysfonctionnements ou d’insuffisances techniques ou organisationnelles. La centrale n’était pas équipée de systèmes pour  éviter les explosions d’hydrogène relargué en cas de fuite dans le circuit primaire. Ces systèmes existent et sont efficaces. La centrale n’était pas équipée de filtres pour capturer le césium, élément  radioactif dont la demi-vie de trente ans est la plus longue parmi celles des éléments relargués. Ces filtres efficaces équipent les centrales nucléaires françaises.

L’accident gravissime a montré des failles sur le plan de l’organisation. Les opérateurs ont été seuls livrés à eux-mêmes pour faire face à une situation exceptionnelle. L’opérateur TEPCO ne disposait pas sur place de moyens humains en ingénierie pour soutenir ses équipes.

Plus globalement, il est évident que le système nucléaire japonais était insuffisant. L’Autorité de Sureté nationale n’était ni assez indépendante, ni assez respectée. Or, la compétence est indispensable pour imposer des décisions.

Surveillance des personnels

Trois ans après le bilan concret est le suivant. Cent soixante travailleurs de la centrale ont été exposés à des doses  dépassant 100 millisieverts : 99 à des doses dépassant 200 ms, 1 à une dose dépassant 500 ms. Ces personnes doivent être particulièrement surveillées, sachant qu’une exposition  à une dose de 1000 millisieverts accroit de 4% le risque de développer un cancer.

Pour les populations, les mesures d’évacuation ont bien fonctionné mais 300 000 personnes sont soumises un suivi épidémiologique, sans que des risques soient entrevus. Les rayonnements auxquels les personnes ont été exposées ne dépassent pas  20 ms, niveau maximum admis au niveau mondial pour les travailleurs du nucléaire.

En revanche, la contamination de quelque 600 kilomètres carrés pose plusieurs problèmes.  Les travaux de décontamination des sols par exemple, sont onéreux et demandent du temps. Des réfugiés nucléaires peuvent revenir travailler dans certaines zones, mais n’ont pas le droit d’y séjourner. Quelque 20 000 à 25 000 personnes ne peuvent retourner vivre chez elles pour une durée encore longue.

Sur le site de la centrale, les eaux utilisées pour le refroidissement des réacteurs sont stockées dans des citernes. Quatre cent mille tonnes d’eau contaminées sont en attente de traitement et le stocks s’accroit de 400 tonnes par jour. Certaines cuves présentent des fuites, et des effluents sont rejetés dans l’océan Pacifique. Mais l’océan a une telle capacité de dilution qu’à 300 mètres du port de Fukushima, les niveaux de radioactivités sont proches de la normale.

Ce qui évidemment n’enlève rien à la gravité globale de la situation.

michel.deprost@enviscope.com

1) Il a dirigé l’unité d’ingénierie d’exploitation du parc et la centrale nucléaire de Paluel avec un parcours préalable dans l’hydraulique et à la R&D d’EDF. Il suit depuis 2011 la situation au Japon et à Fukushima où il s’est rendu plusieurs fois.

2) L’Institut de Recherche et de Sureté Nucléaire tient à jour des informations sur Fukushima

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