Le taux réduit de TVA sur les travaux dans le secteur du bâtiment avait permis, avec l’incitation fiscale Sellier, la création d’environ 20 000 emplois pour un secteur qui emploie environ 160 000 personnes en Rhône-Alpes.
La hausse annoncée de la TVA de 7% à 10%, après une première hausse de 5,5% à 7% représente au total une hausse de 4,5% qui pèsera lourdement sur les factures. Les particuliers seront confrontés en période de pouvoir d’achat au ralenti, à des choix délicats.
Ces nouvelles conditions du marché pourraient avoir plusieurs conséquences selon François Mareschal, secrétaire général de la Fédération du Bâtiment Rhône-Alpes
Pas de conséquences techniques sur le marché du neuf
Sur le plan de l’efficacité énergétique la hausse des prix n’aura pas de conséquences sur le neuf. Tous les batiments répondent à la norme BBC rappelle François Mareschal. Le marché de la rénovation risque d’être affecté car il n’est soumis à aucune obligation.
” Une bonne partie des travaux de rénovation portent sur l’efficacité énergétique” selon François Mareschal. L’obstacle fiscal supplémentaire risque de ralentir l’effort d’amélioration alors que le parc ancien représente une grande partie du gisement d’économies.
Des soutiens financiers difficiles
Ces dernières années, au moment de la crise de 2007-2008, plusieurs cartouches financières avaient pu être tirées, pour soutenir le marché de la conostruction et des travaux. ” Plusieurs organisations de la filière batiment avaient débloqué des réserves pour relancer des travaux.” Aujourd’hui, la branche du bâtiment ne peut mobiliser de tels moyens. Les entreprises ont des marges réduites et n’ont plus de marge de manoeuvre.
Concurrence illégale
Dans un contexte déjà tendu, le marché français du bâtiment attire des entreprises de pays confrontés à un ralentissement économique encore plus fort. Des entreprises d’Europe du Sud viennent prendre des marchés en Ardèche et même en région lyonnaise. ” La concurrence peut être normale, mais le problème vient de concurrence illégale. Quand on voit des prix horaires de 10 à 12 euros, on sait que le droit du travail ne peut pas être respecté” explique le secrétaire général de la Fédération du Bâtiment.
Attention au moins disant
Alors que les collectivités et l’Etat avaient joué pendant la crise de 2007-2008 un rôle de relance, ils ne pourront plus avoir d’effet contracyclique. Les finances de l’Etat sont limitées, comme celles des collectivités qui restreignent les dépenses sur leur patrimoine.
” Le risque est de voir revenir des pratiques privilégiant le moins disant et non pas le mieux-disant sur les marchés publics”. Le choix des prix les plus bas, mettrait alors en péril un tissu d’entreprises compétentes, gage de qualité pour des réalisations durables. C’est pourquoi la Fédération Régionale du Bâtiment de Rhône-Alpes et les fédérations départementales multiplient les contacts avec les communes et conseils généraux. Pour traverser une période difficile qui va durer, entreprises et collectivités devront jouer carte sur table et voir au delà du court terme.