C’est certain, la situation évolue en Afrique subsaharienne dans les secteurs de l’énergie, des énergies renouvelables et de l’eau. Le douzième forum EurAfric qui s’est ouvert à Lyon ce mercredi (1) l’a prouvé.
Les participants étaient sans doute plus nombreux que les années précécentes, les exposants aussi et les contacts rapidement intenses : environ deux cents rendez-vous individuels sont prévus pendant le Forum qui se tient jusqu’à vendredi.
Un manque d’évaluation
Les énergies renouvelables avancent un peu partout après un travail de prospection, de préparation de projets engagés depuis plusieurs années. De nombreuses entreprises ont expliqué qu’elles avaient réalisé des projets, qu’elle avaient des commandes en cours. Malheureusement, on ne dispose pas par pays, de données sur les avancées réalisées dans différents secteurs : raccordements électriques, surfaces de panneaux solaires. On ne dispose pas de données sur les progrès enregistrés au fil des années pour l’accès des populations à l’eau potable, à une énergie fiable et propre.
Bruno Jean Richard Itoua, Ministre de la Recherche du Congo et Hubert Julien Laferrière, adjoint au maire de Lyon ( Enviscope.com)
La première journée a permis d’aller plus loin dans plusieurs directions, grâce à des échanges ouverts, constructifs, concrets. Il est évident que les énergies renouvelables (solaires, biomasse, hydro-électrique) constituent des atouts énormes pour l’Afrique. Les seuls gisements hydro-électriques sont à peine exploités.
Pas de déploiement mécanique
Mais le développement des énergies renouvelables ne doit être mené d’une manière mécanique et artificielle. Bruno Jean Richard Itoua, ministre de la Recherche du Congo a rappelé qu’il fallait une approche intégrée pour insérer des technologies dans des environnements techniques et sociaux toujours particuliers.
Il faut évidemment tenir compte des vents de sable dans les pays du Sahel, de l’humidité dans des régions tropicales. Il faut tenir compte des cultures, des conditions sociales. La sécurité des réseaux par rapport à la fraude est essentielle et une société comme Michaud Export a mis au point des systèmes très efficaces largement diffusés.
Des réseaux de transports et de distribution fiables en Afrique
Les énergies renouvelables doivent aussi être connectées à des réseaux de transport et de distribution fiables. Inutile de produire si on n’évacue pas ! “ Il faut se demander s’il ne faut pas commencer par construire les réseaux” estime Bruno Jean Richard Itoua.
Il faut enfin, avancer d’une manière pragmatique, en fonction des moyens financiers, des capacités techniques locales, des vrais besoins. C’est ainsi que le solaire photovoltaïque ne doit pas être conçu comme une alternative totale et immédiate aux énergies fossiles. Plusieurs entreprises (SOITEC, HAWI) proposent du photovoltaïque en complément de groupes électrogènes. Le solaire réduit la facture de carburant, est plus propre pour l’environnement, réduit la dépendance, complète l’alimentation électrique sans imposer de rupture.
C’est d’autant plus important dans les pays qui disposent d’énergies fossiles abondantes. ” Il faut prendre en compte cette réalité. Au Congo, nous disposons de gaz que nous récupérons désormais au lieu de le torcher” explique Brunno Jean-Richard ITOUA. L’Afrique met au point ses mix énergétiques.
(1) Organisé par l’association ADEA, soutenue financièrement par la région Rhône-Alpes, Le Grand Lyon, la Ville de Lyon.
(2) Henri Colomb et Michel Deprost, d’Enviscope ont animé les échanges de la journée.