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Il est possible de réconcilier économie et transition écologique, profit et intérêt général

Lors de ses voeux exprimés ce mardi à Lyon, Elisabeth Ayrault, Présidente du directoire de CNR a évoqué, au-delà du périmètre de l’entreprise gestionnaire du Rhône, la conviction que transition énergétique et réduction des fractures sociales sont des défis qui peuvent être relevés en même temps.

Elisabeth Ayrault, présidente du Directoire de CNR Compagnie Nationale du Rhône ( photo CNR)
Elisabeth Ayrault, présidente du Directoire de CNR Compagnie Nationale du Rhône – © CNR

Comme d’habitude, l’année qui vient de se terminer a été riche en évènements, surprises, bonnes et mauvaises, en satisfactions, en espoirs aussi. […]  CNR se porte mieux cette année 2018, même si CNR n’est plus l’entreprise aisée qu’elle a pu être dans les années 2000. CNR reste avant tout une entreprise industrielle, dont les énergies renouvelables sont le cœur de métier.

Je dis “avant tout” une entreprise industrielle, car au fil des années, du fait des missions d’intérêt général que CNR assure auprès des territoires et des parties prenantes, beaucoup de nos interlocuteurs ont perdu de vue ce caractère industriel, et n’ont retenu que l’intérêt général et l’aménageur des territoires que nous sommes.

Et pourtant, il suffit de visiter nos usines hydroélectriques pour comprendre que c’est d’abord l’industrie hydroélectrique qui permet de générer de la valeur, et que cette industrie est porteuse de risques, et de compétences très pointues. C’est le message que nous avons voulu faire passer dans [notre film de présentation]. Il faut générer de la valeur pour pouvoir la redistribuer, on l’oublie parfois. Cette valeur, nous la tirons des éléments naturels que sont l’eau, le vent et le soleil.

L’eau plus rare

 L’eau se fait plus rare, et surtout moins fidèle, j’en ai longuement parlé l’année dernière. Pour mémoire, le Rhône avait perdu 30 % de son eau en 2017, ce qui avait considérablement impacté nos résultats.

En 2018, la situation est différente, mais tout aussi représentative du changement climatique. Après une année 2017 de très grande sécheresse, les 6 premiers mois de 2018 ont été pluvieux, et très neigeux ce qui nous a permis de bien turbiner jusqu’à fin juin.  Puis, l’été a été chaud et sec, ce qui est assez normal, mais l’été s’est installé pour une période trop longue, se prolongeant jusqu’à mi-novembre. Nos résultats se sont alors contractés, nous n’avions plus d’eau. Puis, de façon tout aussi soudaine, l’eau est revenue au mois de décembre, nous permettant de respecter nos objectifs. En revanche, en ce début d’année, janvier est un mois anormalement sec pour la période et nous accumulons déjà beaucoup de retard par rapport à nos objectifs.

 Ces situations de variabilité ont toujours existé, ce qui est différent aujourd’hui, c’est l’amplitude des écarts, et leur soudaineté. Quant au vent et au soleil, qui sont nos deux autres sources d’énergie, ils sont plutôt au rendez-vous mais nous avons encore beaucoup à apprendre d’eux pour que nous puissions mieux prévoir ce qu’ils nous permettent de produire.

Renforcer l’investissement dans l’innovation

J’ai conscience du fait que mon témoignage peut interpeller, certains d’entre vous me l’ont dit à plusieurs reprises. Mais à la différence de ce qui s’écrit dans les articles de journaux, ou de ce qui est vu dans les reportages, moi, je gère une entreprise et ce dont je parle est la réalité de notre quotidien professionnel. C’est factuel, c’est du vécu.

Notre entreprise s’adapte bien sûr à ce contexte changeant. Pour cela, nous renforçons notre investissement dans l’innovation, nous accélérons notre développement dans les énergies renouvelables hors Rhône, nous travaillons à ce que nos équipes d’exploitation et de maintenance soient encore plus réactives pour accompagner ces changements brusques. De même, nous renforçons nos compétences en prévisions météo, pour mieux prévoir, mieux anticiper.

Il est essentiel que l’industriel que nous sommes puisse continuer à produire de la richesse, car comme je le disais il y a quelques instants, c’est parce que nous créons de la richesse que nous pouvons accompagner les parties prenantes du fleuve. Je ne peux pas m’adresser à vous en ce début d’année sans évoquer le contexte en France. Je m’étais promis de ne pas parler des gilets jaunes. Je pense bien sûr aux gilets jaunes qui utilisent la parole pour alerter, pas aux autres qui ont d’autres motivations. Je ne voulais pas évoquer ce sujet car tout le monde en parle tellement que je ne voyais pas la valeur ajoutée que je pourrais apporter.

Répondre à des interrogations légitimes

Mais à la réflexion, CNR peut être une source de réflexion pour répondre aux interrogations légitimes d’une partie de la population française. Tout d’abord, CNR réconcilie deux domaines qui sont si souvent mal associés dans l’esprit des Français.

Je pense à la réconciliation du public et du privé, qui caractérise CNR. Dans une même entreprise, 183 collectivités et acteurs publics, la CDC, et un industriel qui est Engie. Une entreprise privée à capitaux publics, avec une majorité publique à 50,03 %. Et ça fonctionne ! Je pense ensuite à la réconciliation entre la transition écologique et énergétique et l’économie. CNR ne produit que des énergies renouvelables et génère pourtant un résultat que beaucoup d’entreprises lui envient. Là aussi, ça fonctionne, on peut gagner de l’argent, créer de l’emploi, en respectant son environnement !

Ensuite, je pense à la juste redistribution des richesses. Oui CNR gagne de l’argent, mais CNR partage les richesses générées par l’eau, le vent et le soleil avec différentes parties prenantes.

En premier lieu, je rappelle les trois missions qui nous sont confiées : la navigation, l’irrigation et la production d’énergie. C’est la valeur dégagée par la production de l’énergie qui nous permet de financer les deux autres missions. La navigation notamment, que CNR défend avec conviction, car le transport fluvial est une réponse simple et immédiate au changement climatique.

Pour accompagner le transport fluvial, CNR continue à investir sur le port de Lyon (PLEH). L’hôtel de logistique urbaine est l’un des sujets d’actualité. Nous espérons pouvoir retenir le meilleur candidat à sa construction en mars de cette année. L’objectif est d’acheminer les marchandises en mode doux entre le Port et les consommateurs de l’agglomération lyonnaise. Quant au Quai des Energies, qui sera situé à l’entrée du PLEH, il permettra de recharger les véhicules en Hydrogène, électricité verte et GNV. Les bennes à ordures ménagères qui alimentent l’usine d’incinération située sur le PLEH viendront se ravitailler en GNVert dans cette station.

Partager avec les territoires

Au-delà de ces missions financées par l’énergie et les résultats de CNR, la redistribution de la valeur concerne aussi l’Etat, au travers d’une redevance hydraulique importante que CNR est toujours la seule à payer en France, et concerne ses actionnaires au travers des dividendes versés. Mais elle partage aussi cette richesse avec les territoires qui sont traversés par le Rhône, au travers de ses missions d’intérêt général – la Via Rhôna par exemple -, et avec ses salariés au travers de la participation.

Mais je voudrais aussi rappeler que CNR génère de l’emploi. Direct bien sûr car nous maintenons nos effectifs, même dans les périodes plus difficiles. Indirect parce que nous privilégions les entreprises locales. 85 % de nos prestations sont réalisées par des entreprises locales ! Plus de 10 000 emplois sont créés ou maintenus grâce à notre activité.

Réconcilier public et privé

CNR le démontre, on peut répartir les richesses que ce magnifique pays qu’est la France nous permet de générer, et penser à tout le monde, y compris aux moins favorisés. Il faut juste que chacun accepte de partager. J’encourage ceux qui vont dépouiller les résultats du Grand Débat à étudier aussi les industriels tels que CNR car, oui, il est possible de réconcilier privé et public, économie et transition écologique, profit et intérêt général, ce qui doit permettre d’accompagner les moins favorisés dans la nécessaire transition vers un monde meilleur.

Il est même urgent de prendre conscience de ces possibilités de réconciliations si nous voulons affronter sereinement les années qui viennent.

Je voudrais vous faire part d’un étonnement de ma part.  Je ne peux pas allumer la radio ou la télévision sans entendre parler des gilets jaunes. Interviews, images choc, nombre de participants. […] C’est beaucoup, et préoccupant. Mais dans le même temps, plus de deux millions de personnes ont signé la pétition lancée par 4 ONG pour que la France respecte enfin ses engagements sur le climat, au risque de se voir attaquée en justice par un collectif de citoyens. On parle de plus de trois millions de signatures attendues !

Quelques centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue en novembre pour manifester contre l’augmentation des prix du carburant, car leurs revenus ne peuvent plus supporter ces augmentations. Mais près de trois millions de personnes interpellent le gouvernement français parce qu’il n’agit pas assez vite dans la lutte contre le changement climatique. Je pense pourtant que beaucoup de gilets jaunes ont signé cette pétition. Je ne crois pas qu’il y ait une opposition de leur part à la lutte contre le changement climatique. Au contraire. Je pense en revanche qu’ils ont exprimé un ras le bol quant aux taxes diverses, aux impôts. Contre l’oubli dont ils pensent faire l’objet.

Réconcilier les populations

Il faut réconcilier ces populations, et trouver les modalités d’une meilleure répartition des richesses pour accompagner financièrement cette lutte contre le changement climatique auprès des moins aisés, et de ceux qui vivent dans nos territoires oubliés des grandes villes et des métropoles. J’ai la conviction que c’est possible, je porterai cette parole chaque fois que je le pourrai.

Le respect de l’eau et la gestion de ses usages est un sujet bien connu des équipes CNR, qui gèrent toutes les composantes du fleuve Rhône de façon intégrée, et non séquentielle ou morcelée.

Au même titre que la maîtrise des énergies fossiles a suscité, et suscitera encore des guerres, la bataille de l’eau ne fait que commencer. Partout sur la planète, et pas forcément dans les pays dits en voie de développement ou sous-développés – il suffit de voir ce qui se passe au Etats-Unis – l’eau se fait rare, les fleuves n’atteignent plus les océans, la pollution des eaux devient un problème de santé publique.

Si CNR a un rôle à jouer dans une meilleure compréhension de la répartition des richesses, je crois que CNR a aussi un rôle à jouer dans la compréhension de la gestion raisonnée des fleuves de notre planète. Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves, créées à son initiative, permettent de faire connaitre tous ces enjeux. J’espère que vous prenez conscience de l’importance des fleuves, que vous ne les regarderez plus comme avant, que ce soit en France ou à l’international. Aimez-les, ils nous sont indispensables.

Elisabeth Ayrault

 

 

 

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