Lors de la conférence Mardi des Ingénieurs organisée en partenariat avec Enviscope.com, Fabrice Jumel, en charge de la Majeure robotique à l’école Chimie Physique Electronique de Lyon, a évoqué les applications de l’intelligence artificielle dans le monde de la robotique devant plus de 110 personnes dans les locaux de l’école d’ingénieurs ESME SUDRIA.
La robotique met en application les innovations issues des recherches sur l’apprentissage profond, le deep learning. Ce dernier consiste à comprendre comment des données sont traitées dans le cerveau humain, de leur perception à l’action. La robotique s’inspire de ces travaux pour implanter dans les robots de plus en plus de capacités d’apprentissage profond. Les robots pourront capter de plus en plus de données dans leur environnement, pour agir en fonction d’un apprentissage auquel on les aura préparés.
La technique progresse rapidement. Dans les usines, même si la robotique industrielle est peu spectaculaire, car les actes des robots étant souvent répétitifs. La robotique domestique est plus spectaculaire, par l’apparence de robots humanoïdes, par les services attendus et par la proximité quotidienne de ces machines.
La voiture autonome d’abord
Les robots qui seront le plus rapidement à notre service n’auront pas une forme humaine, mais ce seront bien des machines intelligentes. ” Les premiers robots seront les voitures autonomes. ” prévient Fabrice Jumel. Ces véhicules capables de se repérer, d’éviter des obstacles, s’installeront dans notre environnement pour changer la mobilité.
Mais les robots sont appelés à remplir des taches de plus en plus complexes. La RoboCup réunit chaque année lors de compétition des robots mis au point par des équipes de chercheurs et d’ingénieurs. Des matches de football opposent des équipes de robots qui cherchent à marquer des buts. Rapidité, équilibre, repérage, sens de la tactique : ces joueurs aux gestes lents sont loin de concurrencer les virtuoses du ballon rond. Mais ils progressent…
Quand les robots footballeurs battront-ils l’équipe de France? Le moment n’est pas venu. Si des robots battent les meilleurs humains aux échecs ou au jeu de go, ils n’ont pas l’intelligence de situations complexes, d’environnements imprévus et changeants et ils sont loin d’être adaptables. Ils sont encore hésitants et parfois maladroits…
Le moment de leur prise de pouvoir n’est pas encore arrivé. Le potentiel des robots pousse cependant à poser les bonnes questions. Si les robots nous déchargent de tâches dangereuses, ne supprimeront-ils pas trop d’emplois ? S’ils voient tout, ne nous-espionneront-ils pas? S’ils sont connectés, ne nous voleront-ils pas des données? S’il est possible d’en prendre le contrôle, quels risques font-ils peser sur notre sécurité?
Les échanges entre chercheurs et public ont posé une partie des questions innombrables amenées par la robotique. En dehors des chercheurs, qui pense aux conséquences? Les robots peuvent-ils être responsables? Peuvent-ils reformuler des problèmes? Peuvent-ils nous donner tort?
Mais au fond, estime Fabrice Jumel, les robots ne font que nous interroger sur l’Homme qui les invente. Créature de l’humanité les robots n’éprouveront jamais ce que l’Homme partage avec les autres êtres vivants, l’instinct de vie et de survie qui nous pousse toujours à nous adapter.