Plus de 200 chercheurs spécialistes de glaciers se trouvent à Chamonix depuis lundi pour un colloque mondial sur la fonte des glaciers et l’élévation du niveau des mers et océans. Olivier Gagliardini , professeur au Laboratoires de Glaciologie et Géophysique de l’Environnement, à Grenoble, explique.
Où les connaissances en sont–elles sur l’élévation du niveau des mers et océans ?
Ce colloque suit la remise du cinquième rapport du Groupe international d’experts sur l’évolution du Climat. La science ne s’arrête pas , il s’agit de faire le point sur les connaissances touchant au fonctionnement des glaciers, de tous les glaciers du monde, non seulement des Alpes mais aussi des Andes, de l’Himalaya, mais aussi du Groenland et de l’Antarctique.
L’élévation du niveau des océans est avérée. Elle était de l’ordre du dixième de millimètre il y a plus d’un siècle, elle est aujourd’hui de plusieurs millimètres en moyenne chaque année, ce qui veut dire qu’à la fin du siècle l’élévation pourrait atteindre un mètres dans certaines régions.
Mais les glaciers ne sont qu’une des explications à l’élévation constatée et attendue du niveau des océans. Le réchauffement entraine lui même une dilatation de la masse d’eau océanique ;
Commet d’autres phénomènes liés au réchauffement climatique, cette dilatation n’est pas uniforme, est-elle plus forte dans certaines régions du globe elle-même plus chaudes.
Quel sera l’impact de cette élévation du niveau des mers ?
C’est un phénomène qui touchera des dizaines ou des centaines de millions de personnes, en particulier dans certains pays comme le Bangladesh, mais il y aura un impact aussi en Europe, non seulement en France, avec les atteintes sur certaines cotes ou iles, mais aussi dans un pays comme les Pays-Bas.
Quelle est l’utilité de vos travaux?
Nos travaux qui tracent des scénarios pour sur 10 ou 200 ans, ont aussi des séquences plus rapprochées, pour les décennies proches. Ils sont utiles aux décideurs qui doivent prendre les bonnes options, par exemple pour les Pays-Bas en matière de rehaussement du niveau des digues ou des barrages.
Comment le réchauffement affecte-t-il les glaciers de montagne, en particulier en Europe ?
On constate que des glaciers les moins élevés fondent et reculent c’est visible dans les Alpes d’une manière spectaculaire. Mais on constate aussi réchauffement des glaciers d’altitude dont la température moyenne s’élève.
Ce phénomènes de fonte à la surface des glaciers entraine des infiltrations d’eau à l’inférieur du glacier. Or cette eau de fonte gèle à son tour quand la température baisse. En gelant, cette eau perd des calories, et libère de la chaleur dans le glacier.
Ce réchauffement qui se diffuse peut porter atteinte à l solidité mécanique du glacier, en particulier quand on approche de la base du glacier. L’adhérence du glacier au socle rocher peut être réduite, et cela pourra entrainer une instabilité plus globale, et pour les glaciers en secteur de relief, des chutes plus importantes, bien plus importantes que les chutes de séracs auxquelles on est habitué.
Ces modifications peuvent-elles entrainer des problèmes de sécurité ?
On ne peut prévoir exactement ce qui peut se passer, mais on peut imaginer que cette instabilité puisse entretenir aussi la survenue d’avalanches plus importante
L’évolution du stock d’eau des glaciers, qui est au fond un stock d’énergie conservé dans les barrages de froid que sont les glaciers, peut être modifié l’hydrographie des cours d’eau alimentés par les glaciers ?
L’objet de ce colloque n’était pas d’évoquer l’impact sur les cours d’eau, mais il est évident que l’évolution et le comportement du stock d’eau des glaciers peut avoir un impact sur la production énergétique, dans le temps mais aussi au fil des saisons, c’est pour cela qu’EDF s’intéresse au dossier.
