Le lynx identifié formellement dans la nuit de mercredi à jeudi dans un secteur du Haut Beaujolais a fait une arrivée surprenante dans le département du Rhône, réputé pour son urbanisation plus que pour ses espaces naturels. Le lynx a depuis longtemps colonisé les montagnes de la bordure est de la France, des Vosges aux Alpes du Nord , en passant par le Jura. Il n’avait pas franchi la large dépression de la Saône formée de milieux très ouverts ( étangs, grandes cultures) et coupée de nombreuses infrastructures ( routes, deux autoroutes, plusieurs voies ferrées, rivière Saône). ” La distance représente environ 60 kilomètres” rappelle Yves Bray, chef du service de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage pour le département du Rhône.
Le lynx du Rhône a trouvé dans les massifs situés sur la ligne de partage des eaux entre la vallée de l’Azergues et le Beaujolais, des milieux très favorables. Le lynx a besoin de couverts forestiers où il trouve facilement les chevreuils qui constituent l’essentiel de son régime alimentaire, même s’il ne dédaigne pas de temps à autres quelques brebis. Le secteur du Haut Beaujolais, qui comprend la forêt départementale de la Pyramide et la forêt de la Cantinière, est très boisé et la forêt s’y étend encore.
Vingt mille hectares
Le territoire vital du lynx peut couvrir 20 000 hectares, soient 200 kilomètres carrés, ou encore un rectangle de 20 kilomètres sur 10. Mais plusieurs individus ont besoin d’une superficie beaucoup plus vaste, de 100 000 à 500 000 hectares. Or les plus vastes massifs forestiers du Rhône n’offrent pas une superficie de plus de 50 000 hectares Il serait donc très surprenant de voir s’établir une population. L’arrivée d’un lynx surprend en tous les cas les spécialistes qui s’attendaient davantage à l’arrivée d’un loup, animal plus mobile, davantage enclin à coloniser.
Il faut d’abord en savoir davantage sur l’individu photographié dans la nuit de mercredi à jeudi gra^e au système mis en place par Didier Dupré, chasseur domicilié à Chamelet, dans la vallée de l’Azergues, qui utilise l’appareil photo et son fusil.
On ne sait pas si le lynx du Haut Beaujolais est un mâle ou une femelle et on ne connait pas son âge. La comparaison de la robe avec la robe d’individus déjà photographiés dans les massifs du Jura permettra peut être d’établir des liens. « On pourra réaliser une détermination génétique car on a retrouvé des fécès » explique Didier DAILLY, ingénieur responsable du service technique à la Fédération des Chasseurs du Rhône.
Par ailleurs l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) doit réaliser les expertises afin de procéder à l’indemnisation des dégâts provoqués par le prédateur. Pour un mouton, les blessures par morsures d’un lynx ne font pas de doute. Le doute peut exister pour un autre animal, mais de doute devait bénéficier à l’éleveur.