Des chercheurs du CNRS et de l’Inserm de l’équipe Codage et mémoire olfactive du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (CNRS/Inserm/Université Claude Bernard Lyon 1/Université Jean Monnet Saint-Etienne) ont obtenu des résultats. publiés dans la revue NeuroImage du 12 décembre 2012.
Les mêmes chercheurs avaient démontré que, grâce à l’entraînement, les parfumeurs acquièrent la capacité d’imaginer mentalement une odeur au point de la « sentir » dans leur nez alors qu’elle est physiquement absente. Ils avaient observé que plus l’expertise des parfumeurs était grande, plus l’activité des régions olfactives et mnésiques diminue car la communication neuronale est plus efficace, rapide et spécifique.
Les chercheurs se sont demandé si l’entraînement intensif entrainait une augmentation du volume de matière grise dans les zones de l’olfaction. Pour répondre à cette question, ils ont fait passer une IRM :
– à 14 experts parfumeurs réputés, parmi lesquels Jean-Claude Ellena et Daniel André
– à 13 étudiants de l’Institut Supérieur International de la Parfumerie, de la Cosmétique et de l’Aromatique de Versailles
– à 21 sujets n’ayant aucune expertise olfactive particulière.
L’IRM a montré que le volume de matière grise du cortex olfactif primaire et d’une région orbitofrontale proche du sillon olfactif est plus grand chez les parfumeurs que chez les volontaires sans expérience. Ce développement pourrait être dû à une augmentation du nombre des arborisations dendritiques voire à une augmentation du nombre de neurones.
Ces travaux montrent que le volume de matière grise est directement corrélé avec l’expérience. Plus ils sont entraînés, plus le volume de ces aires olfactives est grand. En revanche chez les sujets naïfs, ces aires se réduisent notablement avec l’âge, phénomène continu et général lorsqu’aucun entraînement n’est réalisé. Les modifications cérébrales observées chez les parfumeurs seraient le fruit de l’entraînement, et non de particularités innées.
Ces résultats rappellent les modifications structurales observées chez d’autres types d’experts comme les musiciens, les sportifs, les personnes multilingues, les mathématiciens, ou les chauffeurs de taxi. Tous ces spécialistes réorganisent et surdéveloppent des aires cérébrales spécifiques à leur expertise. L’extraordinaire capacité du cerveau à s’adapter à la demande environnementale et à se réorganiser avec l’expérience semble être sans limite.