Des chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS, et du Centre National de Référence des Légionelles (Inserm) à Lyon, ont comparé le contenu génomique de dizaines de souches de légionelles responsable de la « maladie du légionnaire », une maladie mortelle dans 10 à 30% ds cas.
Pour être efficace dans la lutte contre les bactéries, il faut connaître la souche qui a causé l’infection. Les bactéries en cause parasitent habituellement des organismes unicelullaires, les amibes, qui prolifèrent dans l’eau, ou les goutelettes en suspension dans l’air, près de systèmes aéroréfrigérants, de systèmes de climatisation. Elles sont capables de s’attaquer à l’homme, via les voies respiratoires, une fois répandues dans l’atmosphère par le biais d’aérosols. Elles provoquent alors une infection pulmonaire qui peut être mortelle dans 10 à 30% des cas.La maladie du légionnaire touche plus d’un millier de personnes chaque année en France.
Trois gènes spécifiques des souches les plus virulentes
L’étude menée par Carmen Buchrieser, chef de l’unité de Biologie des bactéries intracellulaires (CNRS URA 2171) de l’Institut Pasteur, en collaboration avec le Centre National de Référence des Légionelles (Inserm U851), visait à comparer les génomes de différentes souches de Legionella. L’analyse génomique a porté sur 217 souches de Legionella pneumophila, l’espèce pathogène pour l’homme, et sur 32 souches de Legionella non pneumophila, isolées chez des patients et dans l’environnement. L’étude a permis d’identifier trois gènes spécifiques de Legionella pneumophila sérogroupe 1, groupe responsable à lui seul de 84% des cas de légionellose dans le monde.
L’étude a montré que la souche Paris, qui avait provoqué une épidémie nosocomiale dans un hôpital parisien en 2000, était responsable de nombreux cas sporadiques et épidémies dans le monde. Là encore, des gènes spécifiques ont été identifiés. « La connaissance de ces gènes va désormais nous permettre de développer des techniques de diagnostic plus fines, plus rapides et plus performantes », souligne Carmen Buchrieser.
Sur la base de leurs résultats, les chercheurs travaillent en effet à développer un test de PCR ( 1) en temps réel qui permettra une détection spécifique et sensible de Legionella pneumophila, et parallèlement un typage rapide et fiable du sérogroupe 1 de cette bactérie dans des échantillons d’eau des hôpitaux et de l’environnement. Un test qui permettrait d’identifier une telle souche en quelques heures alors que plusieurs jours sont aujourd’hui nécessaires.
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1. Polymerase Chain Reaction : technique d’amplification génique in vitro permettant d’obtenir d’importantes quantités d’un fragment d’ADN spécifique et de longueur définie.