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Les villes périphériques des grandes métropoles doivent anticiper leur forte croissance pour rester durables

Autrefois, l’implantation d’une entreprise sur un territoire pouvait s’opérer de manière plus ou moins “aléatoire”, soit en raison des affinités personnelles des dirigeants, soit du fait de la localisation des matières premières. Le besoin de main-d’œuvre primait sur les compétences et les diplômes. Mais aujourd’hui, la croissance économique passe principalement par l’innovation. Un changement majeur, notamment lié au besoin de compétitivité de l’Union Européenne. Les entreprises visent les compétences de pointe et doivent s’intégrer dans des réseaux de recherche ou d’innovation situés majoritairement dans les grandes métropoles. Rapidement saturées, ces métropoles font donc tache d’huile sur les territoires voisins. Une hyper croissance démographique et économique auxquelles ne s’étaient pas forcément préparées les villes périphériques de taille moyenne. Confrontée à cette situation de par sa proximité géographique avec Genève, l’agglomération d’Annemasse a su anticiper pour générer une croissance durable. Véritable cas d’école, notre collectivité devrait inspirer de nombreuses villes qui se retrouvent (ou se retrouveront prochainement) dans un contexte similaire.

Benoît Duperthuy - Directeur general des services adjoint - Annemasse Agglo - ©Gilles Bertrand
Benoît Duperthuy – Directeur general des services adjoint – Annemasse Agglo – ©Gilles Bertrand

Il faut accepter de devenir urbain !

Avec la saturation des métropoles, les villes périphériques se font absorber et subissent la croissance, qu’elles le veuillent ou non. Les petites et moyennes agglomérations qui n’avaient jusqu’alors pas besoin d’infrastructures lourdes (comme de grands réseaux de transports) sont contraintes à une remise à niveau. Ce modèle de croissance qui leur était jusque-là inconnu s’impose à elle et leur demande une rigueur accrue et de nouveaux investissements. Car là est la question : est-il possible de refuser cette urbanisation forcée ? Et bien “NON” ! Tout simplement pour ne pas être à son tour saturé, payer le prix de la sur-pollution et surtout pour rester attractif.

L’agglomération d’Annemasse est située sur la périphérie française de Genève. Les chiffres sont significatifs : près de 75 % des habitants d’Annemasse travaillent dans la métropole suisse. En parallèle, le territoire a accueilli 40 000 habitants supplémentaires en 35 ans. Une hyper croissance démographique qui se poursuit avec un taux de plus de 2 % de nouveaux habitants par an (soit l’une des plus importantes croissances démographique du pays). D’ici à 2020, elle devrait atteindre 100 000 habitants.

Dès 2005, les politiques français et suisses ont pris conscience de ces enjeux. La Suisse a émis le souhait d’accompagner les agglomérations dans leur restructuration. La condition était de proposer un projet de développement urbain global qui passe notamment par l’amélioration du réseau de transports.

L’agglomération d’Annemasse a accepté l’urbanité et s’est donnée les moyens d’avoir des outils de développement urbain : RER transfrontalier, tram, voie verte, pistes cyclables, lignes de bus, modernisation de la gare, réfection de quartiers, etc. Les instances suisses ont rapidement adhéré au projet et ont choisi de le subventionner à hauteur de 40 %. Une aide étrangère précieuse qui a également convaincu les élus locaux français de l’intérêt de ce nouveau schéma.

La priorité est de revoir son infrastructure de transports

La configuration géographique montagneuse des territoires du Grand Genève et la forte croissance démographique ont induit des enjeux d’accompagnement en termes de services. Dans un territoire où 91 % des déplacements se faisaient en automobile, l’agglomération d’Annemasse se devait de réfléchir à des solutions de déplacement alternatives pour une transition en douceur vers de nouveaux modes de déplacement durables.

L’agglomération d’Annemasse a donc développé deux fois plus de réseau de transports que les villes de taille similaire. En 7 ans, le territoire a basculé d’une approche centrée sur l’automobile à une stratégie qui s’appuie prioritairement sur les transports publics et modes doux.

Pour quels résultats ?

  • Une croissance annuelle de l’utilisation des transports collectifs de 15 % depuis 10 ans.
  • Dès 2020, 80 % des habitants seront à moins de 20 minutes du centre d’Annemasse en transport public, pour faire respirer la ville.
  • Un territoire qui favorise la pratique des modes doux et développe les services vélos.

Pour un objectif final : construire un territoire plus équilibré, plus agréable à vivre, plus attractif et plus durable.

Avec ce programme de développement, l’agglomération d’Annemasse fait figure de laboratoire de la mobilité à l’échelle nationale et internationale. Elle est reconnue comme telle par l’ONU.

Penser au développement urbain pour booster l’attractivité

Le réseau de transports est indéniablement un outil performant pour développer la ville et attirer la population. Mais cela ne suffit pas. Pour ne pas devenir une banlieue-dortoir, voire un “ghetto”, il est impératif de repenser le développement des lieux culturels (cinémas, médiathèques, etc.), de moderniser et construire de nouvelles surfaces habitables tels que des éco-quartiers, de créer des pépinières d’entreprises, etc. Tout ce qui peut devenir créateur de richesse est bon à prendre ! Car il faut convaincre la population “de vivre la ville” au quotidien. Mieux encore, l’objectif est d’attirer de nouvelles entreprises pour qu’elles s’installent dans l’agglomération. A termes, l’agglomération ne doit plus être vue comme un territoire périphérique de la métropole mais comme un de ses quartiers à part entière !

L’avenir passera par la collaboration entre les territoires

Après avoir opéré de telles transformations, il est légitime de se poser la question de la prochaine étape. Faut-il maintenir ce rythme de croissance ou le freiner ? Doit-on uniquement le réguler ?

Il est évident qu’in fine, ce schéma a ses limites. Un “ras-le-bol” d’une ville en chantier peut être senti par la population. Pour apaiser la ville tout en la rendant plus désirable, il s’agirait donc de poursuivre l’amélioration de la qualité de vie urbaine en créant des îlots de verdure, plus d’espaces piétons, etc. En parallèle, la collaboration avec les territoires alentours deviendra presque un “devoir” : pour les accompagner dans leur propre évolution.

 

 

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