Une vingtaine de projets d’installation de méthanisation agricole sont dans les cartons de Rhône Alpes Energie Environnement. La technique offre une valorisation à des déchets agricoles, mais peut aussi s’insérer sur des territoires.
La filière de la méthanisation agricole devrait enfin déboucher en Rhône-Alpes. Une vingtaine de projets en gestation à des stades divers. En tous les cas, Valérie Borroni, chargée de mission biomasse, bois à Rhône Alpes Energie Environnement pense que les temps changent.
Les projets d’installations de méthanisation agricole en cours d’étude en Rhône-Alpes, et encore confidentiels, s’inscrivent bien dans l’approche française et se démarquent de la démarche allemande. Outre Rhin, la production de gaz méthane agricole est certes très développée et elle s’appuie même sur des productions agricoles dédiées qui fournissent la biomasse.
« En France, nous en restons à la valorisation des déchets de l’activité agricole, sans chercher à développer des cultures spécifiques» explique Valérie Borroni.
Utiliser des déchets
Les projets visent à valoriser des déchets par cogénération, la production simultanée de chaleur utilisée sur place,et d’électricité revendue sur le réseau, alors que le système allemand privilégie la production électrique fournie au réseau. La hausse récente du tarifs de rachat de l’électricité, à 14 centimes le kilowatt/heure, permet d’atteindre la rentabilité, mais la production de chaleur et l’élimination des déchets ont en elles-mêmes une valeur.
Les déchets valorisables représentent des gisements importants, même s’ils doivent être sélectionnés, aussi bien pour garantir le rendement de la méthanisation que pour être sûr de la qualité du digestat. Les digesteurs dans lesquels des bactéries transforment la biomasse en divers gaz, et en déchets, ne reçoivent pas n’importe quelle ressource. Néanmoins la palette est vaste : déchets végétaux, lisiers liquides faciles à déverser,eaux de traite, lactosérum, tontes de pelouse, eaux de lavages, huiles végétales peuvent constituer des “aliments” de base. La qualité doit être surveillée pour que les bactéries puissent se développer, et produire les gaz dont une partie, environ 30% sont utilisés pour maintenir toute l’année, le digesteur à une température située entre 38 et 40 degrés.
La rentabilité des projets sera très bonne si la chaleur peut être utilisée sur place, non seulement dans le digesteur, mais dans les installations agricoles, voire dans les habitations. Cela suppose une configuration adaptée. « Il faut raisonner au cas par cas» souligne Valérie Borroni.
Une approche au niveau du territoire
Mais Rhône-Alpes Energie Environnement et ses partenaires du secteur agricole, des chambres d’Agriculture, développent une vision qui dépasse l’échelle de l’exploitation isolée. « Il faut raisonner à l’échelle d’un territoire» avertit Valérie Borroni. Il faut raisonner éventuellement avec plusieurs exploitations, avec des activités proches, du secteur agro-alimentaire, voire avec la commune. En effet, un apport de ressources peut être fourni par les déchets fermentescibles d’une cantine scolaire, par le lactosérum d’une laiterie, par les boues contrôlées d’une petite station d’épuration correctement gérée.
Peuvent être alors montés des accords entre l’exploitant agricole et la collectivité. L’exploitant assure l’élimination de déchets, exploite une installation, et peut éventuellement devenir fournisseur d’énergie, une fois ses besoins satisfaits, via un réseau de chaleur.
Le dossier prend évidemment une dimension économique et juridique, et même technique avec la notion de service garanti. Mais cela peut devenir intéressant sur le plan environnemental et énergétique, comme pour le développement local.