La reproduction qui permet la naissance de sujets jeunes issus de parents plus âgés est un exemple de rajeunissement. Pour la première fois, une équipe du Laboratoire de biologie moléculaire de la cellule (CNRS/ENS de Lyon/Université Claude Bernard Lyon 1) a visualisé le « rajeunissement » soudain des ovocytes juste avant la fécondation. Publiés dans le journal Aging Cell, ces travaux ouvrent des voies pour comprendre le vieillissement et les maladies associées.
Traditionnellement, les études sur le vieillissement comparent des individus âgés à des individus plus jeunes ou des individus normaux à des individus à la longévité prouvée. L’équipe d’Hugo Aguilaniu au Laboratoire de biologie moléculaire de la cellule (CNRS/ENS de Lyon/Université Claude Bernard Lyon 1) a aborde la question sous un angle nouveau. Elle a cherché dans la nature des exemples de rajeunissement. Elle s’est intéressée à la reproduction en expliquant comment les nouveau-nés n’héritent pas des mêmes risques de développer des maladies du vieillissement, par exemple des cancers, que leurs parents plus âgés.
Un ver hermaphrodite
Pour connaitre les mécanismes génétiques de la non transmission du vieillissement, les chercheurs ont étudié C. Elegans un ver nématode, petit, transparent, hermaphrodite, capable de s’autoféconder et de se reproduire très rapidement. C Elegans permet de suivre toutes les étapes de la fécondation dans un même organisme. Les protéines des cellules s’endommagent au cours du temps par l’oxydation qui est un marqueur du vieillissement. Les scientifiques ont voulu visualiser dans les ovocytes, le taux d’oxydation des protéines des cellules. Ils ont d’abord constaté que la lignée germinale (celle des gamètes) est oxydée, ce qui élimine l’idée que cette lignée ne vieillit pas. Mais à un stade précis de maturation des ovocytes, le taux d’oxydation diminue soudainement.
L’explication se trouve du côté du protéasome, un complexe enzymatique responsable de la dégradation ciblée des protéines mal repliées, dénaturées ou obsolètes pour la cellule. Lorsque le protéasome est inhibé, on observe peu, voire pas du tout, de « rajeunissement » ce qui entraine la stérilité des individus. Au cours de la reproduction, le protéasome nettoie les protéines des cellules pour les rajeunir pour faire des bébés jeunes et frais. L’étude ouvre la porte à plusieurs questions biologiques fascinantes : que doit-on hériter de ses parents ? Et, au contraire, que ne doit-on pas hériter de ses parents ? Comment arrivons-nous, à chaque fois que nous nous reproduisons, à réduire l’incidence des maladies du vieillissement (cancer, neurodégéneration,
etc…) ?