Pour Laurent Wauquiez, la Région doit réduire ses dépenses pour moins peser sur les acteurs régionaux

Prudent, Laurent Wauquiez, tête de la liste Républicains, UDI, MODEM aux Elections Régionales Auvergne-Rhône-Alpes, met surtout en avant un changement de gestion au niveau des services, pour une Région plus économe des deniers publics, pesant moins sur les acteurs régionaux. Il souhaite changer les relations avec la SNCF et demander des moyens pour la sécurité dans les TER.

Il est question de proposer un poste de Vice-président délégué pour la future Région : le proposerez-vous ?

C’est une éventualité que je n’écarte pas, compte tenu de l’étendue des missions et du territoire de cette nouvelle grande région. Mais si cela devait se faire, cela sera dans un cadre budgétaire bien précis et surtout contraint : je veux que les élus donnent l’exemple et s’appliquent à eux-mêmes les efforts qu’ils demandent à nos concitoyens.

On peut légitimement penser que depuis l’annonce de la réforme territoriale par l’exécutif, vous avez une idée très précise de la manière dont vous allez gérer la réorganisation du fonctionnement de la Région, mais aussi l’évolution des moyens humains et de la masse financière. Quelles sont les évolutions budgétaires qui seront soumises au vote pour le budget 2016 ?

En ce qui concerne la future organisation des services, s’il s’agit juste de juxtaposer deux administrations sans rien changer comme le propose le parti socialiste, alors on ne pourra faire aucune économie.

Il est impératif que les collectivités fassent des efforts sur leur fonctionnement de façon à faire baisser le coût de l’action publique et ainsi ne pas augmenter la fiscalité, et réorienter les gains vers des investissements porteurs d’avenir et créateurs d’emplois.

Les choses ne se posent pas en termes de nombre ici ou là, mais en termes d’amélioration du service rendu, de complémentarité, de rationalisation et de mutualisation des services de façon à éviter l’empilement administratif et la sur administration. Depuis 2008, j’ai mis en place dans ma ville, au Puy-en-Velay, la mutualisation des services avec ceux de la Communauté d’agglomération. Cela marche et tout le monde y trouve son compte. D’un côté on fait des économies importantes et d’un autre côté les salariés voient leurs possibilités d’évolutions professionnelles s’élargir. Là encore, je demande à être jugé sur des actes.

Quelle valorisation pour le parc immobilier de la région, et notamment celle visant les deux actuels sièges des Régions Auvergne et Rhône-Alpes ?

 Je pense que vous voulez parler des deux hôtels de région qui ont été construits par le parti socialiste aussi bien à Clermont-Ferrand qu’à Lyon. Je trouve scandaleux que l’on ait dépensé autant d’argent pour ces bâtiments, alors même que nous avons tant à faire pour essayer de faire face à la crise et relancer notre économie. Je rappelle que ces palais régionaux ont coûté  80M€ pour celui de Clermont-Ferrand et 180 millions pour celui de Lyon, de l’argent des contribuables bien mal placé. Enfin, concernant le site de Charbonnières, notre souhait est d’y créer le premier campus européen des métiers du numérique, ce sont les métiers de demain et de l’emploi futur pour nos enfants.

Quelles relations comptez-vous entretenir avec les métropoles de Lyon et de Grenoble ? Craignez-vous que la naissance de cette nouvelle entité diminue le poids de la région ?

Le rôle de la grande Région devra être de fédérer, d’accompagner et d’être aux côtés des acteurs locaux, des Métropoles comme des plus petites collectivités. C’est une chance pour une Région comme la nôtre d’avoir des collectivités et des métropoles fortes et dynamiques. Cette vision de collectivités qui se font concurrence et qui dépensent leur énergie à conquérir telle ou telle suprématie est totalement dépassée. Le dynamisme de nos Métropoles est un atout important pour notre région et je compte bien travailler en lien étroit avec toutes nos collectivités. Dans une région à dimension européenne comme la nôtre, il n’y a pas de place pour des dissensions comme on en a connu ces dernières années.

Quelles seraient vos préconisations en matière de TER ? Doivent-ils se limiter aux trains ?

La situation actuelle des TER n’est pas acceptable. Nous avons les TER les moins ponctuels de France après Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les usagers subissent trop souvent des retards qui empoisonnent leur vie quotidienne. La convention qui lie la Région à la SNCF doit être renégociée. Elle arrive à terme. C’est l’occasion de remettre à plat les priorités, de demander des obligations de résultats à notre partenaire. Je souhaite avec la SNCF un partenariat confiant mais exigeant avec des objectifs, des résultats et des pénalités significatives si les objectifs ne sont pas atteints.

Par ailleurs l’insécurité qui règne sur certaines parties du réseau doit être endiguée, nous voulons généraliser la vidéo-protection dans les gares et dans les rames et par ailleurs proposer que ceux qui dégradent soient astreints à des travaux d’intérêt généraux pour réparer leurs méfaits. J’ai aussi demandé au Premier Ministre la création d’une police spécifiquement dédiée, comme cela existe déjà en Île de France.

Quelle ligne directrice comptez-vous appliquer en matière de transports ?

Dans ce domaine, il faut être pragmatique et s’intéresser avant tout à la vie quotidienne des habitants de façon à améliorer les temps, la ponctualité et les conditions de transports. Mais la Région n’est pas la seule sur ce champ et elle doit travailler en étroite collaboration avec les agglomérations et les Métropoles pour une parfaite coordination de l’ensemble. En matière de TER, il faut par ailleurs privilégier les investissements sur les lignes les plus fréquentées et les plus problématiques.

Quelle est la position de votre liste sur l’A45 ?

De toute évidence, il faut s’atteler au problème des transports entre l’agglomération stéphanoise et l’agglomération lyonnaise, ce qui a été totalement occulté par l’actuel président du Conseil régional de Rhône-Alpes. On ne peut ignorer les difficultés et les coûts de tous ordres que cette situation engendre et il faut être très responsable dans l’approche de ce dossier.

Quelles sont vos orientations en matière de Fret ferroviaire ?

Depuis le début des années 2000, les pays frontaliers captent une partie du fret ferroviaire international, alors même que depuis l’ouverture à la concurrence dans ce domaine, la région n’a toujours pas d’opérateur autre que la SNCF dans ce domaine. Le fret ferroviaire est une façon, lorsque c’est possible, de diminuer le transport par route et donc de fluidifier le trafic, précisément sur les axes saturés comme l’A47.

Comment dynamiser l’agriculture et l’élevage en Rhône-Alpes, notamment en zone montagnarde ?

Je veux remettre nos produits régionaux dans nos cantines. Notre Région a la chance d’avoir une grande diversité de productions agricoles et des produits du terroir d’excellente qualité. Il faut notamment qu’ils se retrouvent dans l’assiette de nos enfants. C’est bon pour notre agriculture parce que ça lui ouvre des marchés, et c’est meilleur pour l’alimentation de nos enfants. J’ajoute que nos agriculteurs aspirent à vivre de la vente de leurs produits et non de subventions.

Enfin, et cela est vrai en zone de montagne comme ailleurs, je veux assouplir les normes qui étouffent nos agriculteurs et les empêchent de développer leurs exploitations en pénalisant lourdement leur compétitivité.

Quelle place la Région doit-elle avoir en matière de politique foncière ? Jugez-vous la politique actuelle en la matière adaptée aux situations diverses que peuvent rencontrer les territoires?

L’interventionnisme et le centralisme du Conseil régional dans ce type de politique n’est pas une solution aux problèmes rencontrés. C’est au plus près du terrain que les choses doivent être étudiées. La Région doit être aux côtés des acteurs locaux pour la mise en œuvre de leur politique, mais je suis de ceux qui pensent que ce n’est pas à la région de dire aux acteurs de terrain ce qui est bon pour eux. En cette matière comme dans beaucoup d’autres, je suis pour un partenariat confiant pas pour cette espèce d’infantilisation des territoires que la Région actuelle pratique trop souvent.

Recueilli par Michel Deprost, Sylvain D’Huissel, et Jean-Baptiste Jacquet

 

 

 

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