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Teresa Hartmann (Forum Economique Mondial) : la Chine devient un pilote de la lutte contre le changement climatique

La Chine a annoncé la mise en place d’un système de permis d’émissions carbone, qui sera le premier en importance, devant le système européen. Pour Teresa Hartmann, spécialiste du climat au Forum économique mondial, à Genève, la Chine rejoint le groupe des pays locomotives de la lutte contre le changement climatique.

Teresa Hartmann Forum Economique Mondial
Pour Teresa Hartmann , spécialiste du Climat au Forum Economique Mondial, en mettant en place un système de droits d’émissions de carbone, le plus important du monde, la Chine devient un des pilotes de la lutte contre le changement climatique ( photo WEF)
Les émissions chinoises de CO2 ont augmenté plus rapidement que jamais en plus de dix ans, au rythme d’environ 15 % pour le premier trimestre de 2021. La Chine émet plus de 10 milliard de tonnes de CO2 chaque année, soit environ 7 tonnes par Chinois. ©High Contrast, CC BY 2.0 DE

Pour Teresa Hartmann, spécialiste du Climat au Forum économique mondial, en mettant en place un système de droits d’émissions de carbone, le plus important du monde, la Chine devient un des pilotes de la lutte contre le changement climatique (photo WEF)

Quelles ont été en 2020, les principales tendances en Chine, en matière de consommation d’énergie, d’émissions de CO2, avec quelle tendance pour les dernières années ?

Les émissions chinoises de CO2 ont augmenté plus rapidement que jamais en plus de dix ans, au rythme d’environ 15 % pour le premier trimestre de 2021. La Chine émet plus de 10 milliard de tonnes de CO2 chaque année, soit environ 7 tonnes par Chinois (plus de chiffres sur ce lien).

Quelle a été la stratégie chinoise par rapport aux Accords de Paris ?

La Chine a commencé à devenir un leader en faveur du climat au niveau international en commençant en 2020 par annoncer son objectif surprenant de neutralité carbone. Le gouvernement chinois accueille aussi la quinzième Conférence des parties sur la biodiversité à Kunming, où le financement pour la biodiversité est une de leurs positions importante. Cette action permet à la Chine à se positionner comme un champion dans le domaine de l’environnement.

Le système d’échanges de permis d’émissions, un marché du carbone, mis en place par la Chine sera aussi un sujet essentiel lors de la seizième Conférence des parties (COP 16) qui se tiendra à Glasgow à la fin de 2021. Le dernier article de l’Accord de Paris, qui doit être finalisé d’une manière opérationnelle, concerne les transferts internationaux des résultats obtenus par chaque pays dans ses actions contre le changement climatique. Cet article 6 remplacera le Mécanisme de développement propre du Protocole de Kyoto.

Comment le système chinois d’échanges de permis d’émissions de carbone sera-t-il géré ? Quels activités économiques, industries, transports, productions d’énergies concernera-t-il ?

L’actuel système chinois d’échanges de permis d’émissions couvre seulement des secteurs de l’industrie et de l’énergie, mais il ne fixe pas un prix pour les émissions. Plusieurs secteurs utilisant les sols comme l’agriculture et la foresterie ne sont pas concernés. Or les usages de sols représentent un quart des émissions du pays dans la mesure où la Chine est un des producteurs mondiaux des plus importants de produits de l’agriculture ou de la pêche.

De nombreux observateurs ont suggéré que l’absence d’un mécanisme mondial d’échanges de permis d’émissions constitue une opportunité pour des pays qui souhaiteraient créer un club du carbone. Une coalition de gouvernements pourrait demander que des crédits carbone échangés au niveau international leur permettent d’atteindre leurs objectifs de réduction des émissions. C’est le cas des pays industrialisés. Les pays largement couverts par des forêts pourraient aussi par ces biais atteindre leurs objectifs en obtenant des moyens pour financer la protection de leur héritage naturel. Si la Chine soutenait la création d’un tel mécanisme d’échanges de permis d’émissions de carbone au niveau mondial, un outil puissant serait ainsi en place pour nous aider à résoudre la crise climatique globale.

Pour maîtriser la crise climatique et rester dans le cadre des températures soutenables, il est crucial de prendre en compte les émissions des secteurs utilisateurs des sols. Cette approche demandera une transformation globale des secteurs utilisateurs des sols, du même type que la transition engagée ces deniers années dans le secteur de l’énergie. Cette transition dans l’usage des sols inclut par exemple la fin de la déforestation, la fin des changements d’usage des sols, et une réduction radicale des émissions agricoles.

Quels sont les autres systèmes d’échanges de permis d’émissions en place dans le monde ?

Le système d’échange de l’Union européenne était jusqu’à présent le plus vaste marché d’échanges de permis d’émissions. Il est aujourd’hui surpassé par le système mis en place par la Chine. D’autres systèmes d’échanges existent comme l’Initiative Occidentale pour le Climat, qui associe la Québec, la Californie et la Nouvelle Zélande.

En tout, on recense 64 systèmes qui fixent un prix au carbone (64 carbon pricing schemes), en incluant les systèmes de taxes et de marchés. En plus de ces systèmes mis en place par les gouvernements, les marchés volontaires de carbone connaissent une croissance sans précédent, c’est une conséquence des engagements pris pour ne pas accroître les émissions nettes. Mais ces systèmes volontaires sont moins contraignants.

Quel sera l’impact de la décision chinoise ?

Le système de d’échanges de permis d’émissions chinois a débuté en juillet. Il sera le plus important marché du carbone au monde, couvrant 4 milliard de tonnes d’émissions de CO2, soit le tiers des émissions de la Chine

Au niveau mondial seuls 21 % des émissions sont encadrés dans un système fixant un prix au carbone émis. Il faut accroître d’une manière significative ces systèmes si nous voulons atteindre notre objectif d’une élévation moyenne des températures limitée à 1,5 degré par rapport à l’époque préindustrielle.

Le nouveau système chinois accroîtra de 6 % le volume des émissions soumises à des taxes carbone, ce qui prouve le poids de la Chine dans la capacité du monde à maîtriser la crise climatique. Les marchés de carbone sont des outils essentiels pour réduire les émissions de GES car ils rendent celles-ci plus rentables. Leur extension va accélérer la couverture du carbone par un système de prix du carbone, en incluant même une hausse des prix.

Dans le monde des spécialistes du climat, tous les yeux sont tournés vers la Chine et son engagement d’être neutre en carbone en 2060. Cette annonce doit maintenant être suivie d’actes politiques et d’actions. La Chine est en train de passer du statut de plus gros émetteur de carbone à celui de leader parmi les plus influents en faveur du climat.

Propos recueillis par Michel Deprost

 

 

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