Environ 300 000 espèces de végétaux supérieurs peuplent la Terre. Ces espèces ne comprennent pas ( sauf exception pour les quelques unes des premières) les fougères, les mousses, les lichens, les champignons. Ces plantes ont des traits fonctionnels qui déterminent la manière dont elles accèdent à leurs ressources, grandissent et impactent leurs écosystèmes. Connaître ces traits permet de déterminer l’influence des végétaux sur les cycles de l’eau et du carbone.
Problème: ces informations sur les plantes ont été recueillies par les botanistes sans programme d’ensemble. A différents époques, en fonction de leurs moyens, de leurs centres d’intérêt, les botanistes ont mesuré différents traits. Ces informations, parfois protégées par la propriété intellectuelle, ont été conservées un peu partout. Elles étaient difficilement utilisables.
Pour mettre petit à petit de l’ordre dans un système mondial, les spécialistes des végétaux supérieurs ont décidé de constituer une base de données. ” Nous avons engagé ce travail de fond depuis dix ans, mais le projet lui-même a commencé en 2007-2008” explique Sandra Lavorel, de l’Université Joseph Fourier, à Grenoble.
Trois millions de données
Le travail était énorme: c’est pourquoi la base de données a été nommée TRY ( essayer) ! Il a fallu quatre ans pour compiler 3 millions de données de 93 bases concernant 69 000 des 300 000 espèces de plantes existantes supérieures. La collaboration internationale a engagé des scientifiques de 106 laboratoires de recherche dans le monde, dont le Laboratoire d’écologie alpine (LECA- CNRS/UJF/U.Savoie) Les traits fonctionnels ont été classés en 52 groupes qui vont de la hauteur et de la longévité de la plante à la taille de la graine, en passant par le contenu en azote de la feuille ou la porosité du bois.
TRY permettra d’améliorer la modélisation du “système-Terre” en remettant en cause la manière dont les modèles globaux de végétation classent les plantes en un nombre réduit de grands types, comme, par exemple, les arbres à feuillage persistant. Les premières analyses ont montré que la variabilité des traits fonctionnels était très importante au sein-même de ces types. Les individus d’une même espèce peuvent montrer des différences significatives entre eux en fonction des contraintes environnementales auxquelles ils sont soumis. D’où la nécessité de construire des types plus précis basés sur des données de terrain, pour que les modèles soient plus fiables et rendent mieux compte de la biodiversité réelle.