La candidature du Mont Blanc au patrimoine mondial patine

Le Mont Blanc attend son classement au patrimoine mondial de l’UNESCO, suggéré au début de l’année par l’association proMont Blanc.



Développement non durable en Haute Vallée de l’Arve


Barbara Eringhaus: la Valais peut aussi développer un autre tourisme


Un thermomètre pour suivre le Mont Blanc





Développement non durable


en Haute Vallée de l’Arve



Chaque matin, les embouteillages ralentissent la circulation dans la Haute Vallée de l’Arve. La machine touristique tourne à fond mais provoque aussi pollutions, nuisances, qualité de l’air, envolée des prix des logements.
La machine économique qui tourne a des effets positifs du chiffre
d’affaires, des emplois saisonniers ou non. Elle a encore davantage d’effet sur une économie financière et spéculative déconnectée du court terme, dans le secteur de l’immobilier. A Chamonix, les prix du logement ne cessent de monter. C’est bien pour les propriétaires fonciers, anciens comme certaines familles locale comme pour les investisseurs extérieurs en quête de plus value.
Les prix s’envolent. Un programme destiné aux ” Chamoniards”, c’est à dire des acheteurs sensés avoir moins de moyens que des investisseurs extérieurs, sera proposé en
neuf à 7000 euros le mètre carré. Dans certains quartiers les prix s’élèvent à 10 000, 12000 euros le mètre carré.



Difficultés de logement

C’est là qu’on touche du doigt l’envers du décor d’une croissance ininterrompue. Il est depuis longtemps difficile pour ceux qui travaillent à Chamonix de se loger sur place. Ils doivent effectuer chaque jour des kilomètres pour venir travailler.
Coincée entre zones à risques et pénurie foncière, la commune de Chamonix, expliquait en février son maire, Michel Charlet, ne dispose plus de terrain pour construire des logements sociaux. Résultat: la commune a même perdu 1000 habitants en passant sous la barre
des 10 000 habitants. Autres conséquences, environnementales celle-ci, la qualité de l’air dans la vallée se dégrade.



C’est sans parler de l’impact environnemental sur les milieux naturels eux mêmes soumis aux impératifs d’une économie fondée sur l’exploitation de la montagne. Surfréquentation du Mont Blanc et de quelques sommets, projets d’équipements pour étendre le domaine skiable. Il faut donc agir pour organiser une croissance durable du Massif du Mont Blanc.


Le dossier des transports a été pris en main, avec la création d’une autorité capable d’avoir une vision globale et des projets d’amélioration sont en bonne voie. Mais rien encore au niveau d’une approche globale.



Rien ne se fait d’efficace, à la hauteur des enjeux, estiment les tenants d’un développement plus harmonieux dans la vallée et dans tout le massif. C’est cette économie trop dynamique qui freine les mesures de protection forte du massif qui s’étend sur la France, sur l’Italie, la Suisse. ” Cela fait des années qu’on parle de Parc National mais rien ne vient ” explique Jean Paul
Trichet, président de proMont Blanc, association présente en France, en Italie, en Suisse. Les contraintes d’un parc national sont perçues comme un frein à une machine dont la logique est fondée sur une croissance sans limites. Pas question non plus d’un parc régional, trop petit trop modeste, ni d’une réserve de Biosphère. Le massif est protégé ici ou là par quelques réserves naturelles, comme celle des Aiguilles Rouges.



Un nouveau cadre pour le massif



En juin, des adhérents de Mountain Wilderness, association internationale de défense de la montagne dont le siège français est à Grenoble, ont effectué l’ascension du Mont Dolent, un sommet à la rencontre des trois frontières pour attirer l’attention sur l’urgence d’un nouveau cadre pour le massif.



En effet, la seule structure qui englobe le Massif, l’Espace Mont Blanc, n’est pas à la hauteur de la situation, pense Vincent Neyrinck, de l’association de défense de la montagne dont le siège français est à Grenoble. « C’est insuffisant. Il y a un manque de visibilité. Le poids des motivations économiques semblait la première raison au refus d’envisager une maîtrise à l’aménagement du massif » explique Jean-Paul Trichet, qui pointe aussi un état d’esprit savoyard . Le développement de l’économie touristique s’ancre dans une méfiance régionaliste d’un état de toute mesure imposée de l’extérieur, venant de l’Etat.

Cette culture savoyarde, et pour être précis haut-savoyarde, peut être en
fait l’expression de l’intérêt des mêmes milieux économiques qui ont
intérêt à ce que tout continue dans le court et même le moyen terme.? C’est cette vision qui, selon Jean-Paul Trichet, conditionne le positionnement des élus locaux dont le rôle est capital. Sans eux, rien ne se fait et aucun des trois états ne saurait imposer une avancée.





Le projet de classement du Massif au Patrimoine monial de l’UNESCO pourrait
peut-être débloquer la situation. Le site est sur la liste indicative. Les
défenseurs de l’environnement comptent sur ce classement, soutenu par la Région Rhône-Alpes, pour faire avancer le dossier. La dimension mondiale peut flatter les ambitions locales et assurer la rente touristique. La dimension internationale peut motiver l’ONU, et les Etats. L’intervention de l’UNESCO pourrait aussi créer des blocages car cette intervention serait mal vécue encore localement.




M.D.
michel.deprost@free.fr






Barbara Erhingaus, Pro Mont Blanc Suisse :


le Valais peut envisager un autre tourisme




La protection du Massif du Mont Blanc se heurte aussi en Suisse à une série d’obstacles, exposée par Barbara Erhinghaus, de l’association Pro Mont Blanc Suisse.



« Les habitants du Valais sont très indépendants, traditionnellement, les habitants d’une vallée se méfient de la vallée d’à côté. Les Valaisans expriment beaucoup de méfiance par rapport à des mesures fédérales. Et la région du Valais vit une double marginalisation, par rapport à la vallée du supérieur du Rhône, et des stations comme Zermatt, car en dehors de Verbier, il n’y a pas ici de grande station».



L’économie locale est aussi restée plus longtemps à l’écart d’une industrie lourde du ski, en conservant des traditions de transhumance en grande partie grâce à des subventions fédérales. L’Espace Mont Blanc fonctionne dans ce contexte, il très soutenu par Berne et c’est un fonctionnaire du canton qui est vice-président pour la Suisse, une Suisse qui a aussi ses contradictions, qui n’a pas ratifié le protocole de la Convention alpine.




Le tourisme doux a justement beaucoup d’atout sur le versant suisse du massif. Des initiatives existent our implanter ce type d’activité dans le cadre d’un schéma de développement durable adopté en 2005. “Des groupes de travail , et nous pouvons bénéficier de l’expérience, en particulier celle d’ASTER… le conservatoire des milieux naturels de Haute-Savoie”.



Michel Deprost


michel.deprost@free.fr





Un thermomètre pour le Mont Blanc

Un projet se .met en place pour mesurer 80 paramètres sur le massif

Le massif du Mont Blanc subi des changements rapides et spectaculaires sous l’effet du changement climatique. Récemment, des chercheurs du Laboratoire Glaciologie et Géophysique de l’Environnement ( LGGE; CNRS/Université Joseph Fourier de Grenoble) ont montré que la température à l’intérieur même du glacier du Dôme du Goûter s’était élevée de 1,5 degré en une vingtaine d’années.
” Pourtant ce monument naturel exceptionnel ainsi que son pourtour, est le
seul des grands massifs planétaires à ne pas bénéficier de protection que ce
soit au niveau national ou international. Le massif et le territoire du Mont-Blanc sont menacés par les changements climatiques, la pollution, l’excès de trafic lourd de transit dans les
vallées, le recul des activités agricoles traditionnelles et beaucoup
d’autres mutations très rapides. Pour mesurer le mal être du Mont-Blanc, un Thermomètre qui
donnera la possibilité de mesurer en détail l’état de santé du territoire du
Mont-Blanc et qui permettra d¹en évaluer les améliorations ” expliquent les promoteurs d’un projet appelé ” un thermomètre pour le Mont Blanc”


Quatre vingt indicateurs



Le Thermomètre du Mont-Blanc se composera de plusieurs outils. Un Comité Technico-scientifique transfrontalier (Suisse, France, Italie). Une liste de 80 indicateurs environnementaux sera établie. Une banque de données mise à jour périodiquement. Tous les trois ans sera publié un rapport sur l’état du Mont-Blanc.
Le territoire d’application du Thermomètre comprend 15 Communes. Sept communes sont situées en France: Chamonix, Les Contamines, Les Houches, Passy,
Saint-Gervais, Servoz et Vallorcine. Cinq communes sont situées en Italie: Courmayeur,
La Salle, La Thuile, Morgex, et Pré-Saint-Didier. Trois communes enfin sont situées en
Suisse: Finhault, Orsières et Trient.


Le Projet Thermomètre du Mont-Blanc sera réalisé sur dix huit mois. D’abord aura lieu la sélection d’un groupe de chercheurs et la mise en place du Comité Technico-scientifique
transfrontalier (Juin-Septembre 2007). Le choix définitif de 80 indicateurs sera réalisé en octobre 2007. La recherche des données et la mise en place d’une banque de
données tri-nationale unique aura lieu de novembre 2007 à juin 2008).La rédaction du
premier Rapport sur l’Etat de santé du Mont-Blanc aura lieu en décembre 2008



Michel Deprost



PARTENAIRES
www.grivel.com GRIVEL SA
www.eogconservation.org EOG Conservation
www.minambiente.it Ministère de l’Environnement Italien






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