Pour acquérir les technologies, notamment propres, les constructeurs chinois de poids lourds, ont besoin de coopérer avec les groupes européens , comme Renault Trucks et Volvo implantés en région lyonnaise. C’est ce que pense Philippe Brossette, président de la Fondation Berliet, invité récemment de l’Institut Ingenierie@lyon   et du pôle de Compétitivité LUTB.

Les constructeurs chinois de camions, ont commencé à nouer des alliances avec des constructeurs européens. Ce mouvement devrait s’accentuer, selon Philippe Brossette, président de la Fondation Berliet, descendant de la famille Berliet, qui eut lui-même des responsabilités au sein des différentes entités Berliet rachetées successivement par le groupe Renault, puis par le suédois Volvo Trucks.On est loin du camion né il y a une centaine d’années, propulsé par la guerre mondiale. Le concurrent du train roule sur toutes les routes et toutes les pistes du monde. Le camion est devenu un équipement de plus en plus technologique, soumis à des exigences de compétitivité, de sécurité, de rendement, d’économies, et de plus en plus de réduction des émissions de polluants.

Cette exigence de compétitivité a accentué la concurrence entre constructeurs en Europe. «  Il y avait 53 marques en Europe en 1967, il n’y en a plus que cinq groupes : Mercedes Benz Daimler, Man/Scania, IVECO, Volvo et l’américain Paccar.

Les groupes européens tiennent le haut du pavé, notamment sur le plan technologique. L’Europe a émis des normes environnementales de plus en plus strictes, pour réduire les émissions: EURO 0, et aujourd’hui EURO 6 . Les poids lourds doivent émettre moins d’oxydes d’azote, de particules cancérogènes. consommer moins de carburant.

Cette avance technologique a permis aux groupes européens, surtout aux groupes allemands dont la puissance est fondée sur la construction de voitures haut de gamme, d’intégrer après la chute du Mur de Berlin, les constructeurs d’Europe centrale et orientale. Forts de leur avance, les européens se sont taillé des parts de marché en Amérique du Nord. Les constructeurs américains, faute de vision à moyen terme, sans outils de production intégrés, n’ont pas développé les compétences pointues des groupes européens.

Une avance technologique

Ces derniers conservent encore une solide avance technologique au niveau mondial. Ils sont aptes à répondre aux demandes exprimées sur les marchés émergents, le Brésil, l’Inde, mais surtout la Chine.

Le marché chinois représente le double du marché européen et du marché nord-américain réunis » rappelle Philippe Brossette. Le marché chinois du camion a explosé. Il a entrainé la multiplication des marques et des usines pour suivre la croissance rapide du pays, en particulier l’augmentation des constructions de bâtiments, de routes, d’usines.

Mais la croissance chinoise se tasse. Les camions chinois sont trois fois moins chers que des camions occidentaux mais ils sont moins sophistiqués. Or, les autorités et les citoyens chinois demandent à respirer un air propre. Les exigences environnementales augmentent. Le besoin quantitatif de camions risque de ralentir. La demande sera probablement plus qualitative. Les constructeurs devront produire de véhicules plus propres.

Ils ont donc commencé à passer des alliances avec des constructeurs européens. Volvo ( implanté à Lyon) a créé une co –entreprise avec le groupe Dongfeng. L’industrie européenne du camion a de belles perspectives devant elle.