Autoroute A 45 : l’annonce de Fillon crée un malaise

L’annonce par François Fillon le 3 décembre, de la construction de l’autoroute A 45 crée un malaise au moment où la priorité gouvernementale affichée est l’économie d’énergie, la réduction des émissions de carbone, et la mise en place d’une économie adaptée à ce nouveau contexte.

L’annonce peut avoir une dimension politique à quelques mois des élections municipales. L’annonce du projet conforte le maire de Saint-Etienne, sans que Gérard Collomb, président du Grand Lyon et maire de Lyon, critique fondamentalement le projet. Les élus relaient le point de vue des milieux économiques en particulier les Chambres de Commerce et d’Industrie. Pour la CCI e Lyon, l’annonce du premier ministre ” conformément aux engagements de l’Etat, marque peut être l’épilogue d’un dossier ouvert en 1935, il y a 72 ans, avec le projet de la « Société des autostrades françaises“.

Pour les CCI de Lyon et de Saint-Etienne, l’A 45 ” désengorgera un axe surchargé ;Elle améliorera la sécurité routière ; Elle contribuera directement au développement du territoire’. Face à une A47 dont le fonctionnement totalement dégradé constitue une agression quotidienne à tous les aspects du développement durable : humain, économique, écologique, l’A45 sera une infrastructure de très haute qualité environnementale, comportant des normes drastiques de protection des riverains, de préservation de la faune et de la flore, de mise en valeur des paysages et de conservation du patrimoine.”

Face à cet argumentaire très positif qui laisse de côté les émissions et les inévitables bouchons qui arrivent avec toute nouvelle infrastructure ( on l’a vu à Lyon avec les différentes voies nouvelles comme TEO), la FRAPNA et France Environnement soulignent que l’annonce est ” en contradiction totale avec les déclarations, les intentions et les à quelques conclusions du Grenelle de l’Environnement qui impliquaient la limitation des nouvelles infrastructures routières et autoroutières, la prise en compte des risques liés au changement climatique, l’engagement d’une gouvernance concertée.

Le lobby des chambres de commerce s’est encore exprimé” explique Alain Chabrolle, vice-président de la FRAPNA. ” Après que l’on nous ait fait croire en un profond changement culturel en matière de concertation et de considération des enjeux environnementaux, nous devons hélas faire le constat amer du reniement et du détricotage du Grenelle par les élus locaux. Ceci donne des arguments à ceux qui doutaient au plus haut niveau de la sincérité et des objectifs de cette consultation, dans laquelle nous nous sommes impliqués avec ardeur.”

Ni intégré, ni durable

Pour l’association, le projet d’A45 “n’est ni intégré, ni durable“. ” Il n’est pas crédible en terme de décongestion routière, induisant à terme la nécessité d’autres infrastructures. Les fonds publics semblent bien mal mobilisés, sur des «justifications» actuelles en termes de trafic qui seront certainement caduques à l’horizon d’une génération (raréfaction et hausse des prix des carburants, réduction des transports routiers, autres modes de déplacements, développement du télé-travail, autres pratiques industrielles, commerciales et agricoles…).

Pour la fédération ” la réalisation du projet de l’A45 aura comme conséquence la déstructuration définitive d’un territoire exceptionnel, riche de sa biodiversité, de ses paysages et de son agriculture de qualité (exemplaires et remarquables sur le plateau Mornantais). Destruction et morcellement des milieux naturels, atteintes à des espèces protégées, pollutions assurées et fragilisation de l’agriculture périurbaine seront les résultats certains de la mise en oeuvre d’un projet, construit selon des conceptions que les débats du Grenelle ont rendu anachroniques et inadaptées aux nécessités du développement durable“.

Interrogé par les protecteurs de la nature, le Ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement Durable, minimise les annonces du premier ministre. Jean-Louis Borloo ne s’est pas exprimé sur le dossier, mais seulement son directeur de cabinet, ce qui n’expose pas le ministre du MEDAD lui-même. Mais après cette annonce qui n’est pas fortuite, c’est la déclaration d’utilité publique qui pourrait intervenir rapidement. C’est ce que redoute la FRAPNA.

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