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Activités de proximité

Intervention de Gilles Ravache
Groupe Front de Gauche : Communistes, Parti de Gauche, Gauche
Unitaire et partenaires
L’affirmation selon laquelle l’économie de proximité représenterait une part majoritaire
des emplois et de la valeur ajoutée créée sur le territoire parait un peu exagérée, nous la
mettrons sur le compte d’un excès d’enthousiasme. En effet une étude de l’INSEE
publiée en mars dernier a montré que, dans le secteur marchand, hors secteurs agricole
et financier, 200 entreprises emploient à elles seules 30% des salariés français, réalisent
un tiers de la valeur ajoutée marchande, 62% de la dépense intérieure de recherche et
développement, 62% des immobilisations (bilan). Cette étude a surtout souligné le poids
des groupes, qui réunissent plusieurs unités. Ces entreprises-groupes représentent
seulement 6% des unités légales et 2% des entreprises mais 64% des salariés et 70% de
la valeur ajoutée ! Deux tiers du secteur marchand français est de fait porté et
commandé par un nombre très restreint d’entreprises conclut l’INSEE.
C’est donc bien à la crise du capitalisme mondialisé auquel nous avons à faire. Vous
comprendrez qu’il ne nous paraisse pas possible de parler économie a fortiori de
proximité en oubliant ce qui est proche à des millions de nos concitoyens, le chômage,
la crainte de perdre son emploi, le salaire trop faible. Si nous parlons aujourd’hui
économie de proximité ça n’est pas, nous l’espérons, avec l’illusion que ce serait là la
solution à la crise économique et sociale qui ravage des vies et des territoires.
Quiconque chercherait à l’ignorer serait rattrapé aussitôt. Par exemple ce commerce qui
s’apprête à vendre aux pauvres le pain de la veille. N’est-il pas l’expression d’un
système sociale à bout de souffle ?
Ne faut-il pas engager une transformation radicale de la société, pour un nouveau mode
de développement, qui place les femmes et les hommes, leur environnement, au sommet
de la hiérarchie des priorités et des valeurs. Quelle place l’économie de proximité
peut-elle avoir dans ce projet ?
D’abord elle représente une approche nouvelle pour ce qui concerne le développement
d’un territoire. Elle s’efforce de mesurer la dynamique économique autrement que par le
PIB qui ne prend en compte que la seule production de richesse monétarisée. Elle situe
ce développement local dans la satisfaction des besoins des populations et leur
propension à consommer à cet effet. Alors que le système économique dominant ne
connaît que la rentabilisation du capital, faire de la satisfaction des besoins des femmes
et des hommes le moteur du développement d’un territoire peut être une piste stimulante
pour placer l’humain d’abord, dès lors qu’on reconnaît que les individus ne se réduisent
pas à des consommateurs, mais doivent pouvoir disposer des droits de citoyens, acteurs
du développement collectif.
C’est dans cet esprit que nous vous proposons Monsieur le vice Président de considérer
les services publics à la fois comme élément de réponse à ces besoins majeur de
développement territorial. Il est vérifié que la disparition de services publics (école,
hôpital, bureau de poste, gare SNCF, etc.) signifient souvent la mort d’un territoire et il
est avéré que la présence de services publics constitue un puissant atout du
développement économique, sans compter leur rôle d’amortisseur social, que le monde
nous envie dans cette période de crise, comme nous le savons tous.
Nous préférons cette approche progressiste à celle de Laurent Davezies, l’un de ses
théoriciens, selon qui le véritable enjeu du développement d’un territoire n’est pas de
créer le plus de richesses possibles, mais d’en capter le plus possible. On peut craindre
qu’une telle vision n’alimente une forme nouvelle de concurrence entre territoires qui
sont déjà sommés d’être attractifs aux investisseurs et devront l’être également pour les
consommateurs les plus fortunés. C’est ainsi que le Genevois Français se trouve être
définit comme un territoire fondé sur un modèle de développement dit « social ». Voilà
qui soulève quelques interrogations quand on sait que 10% de la population la plus
pauvre de ce territoire est plus pauvre que la moyenne régionale et qu’inversement 10%
des plus riches le sont également plus que la moyenne nationale, que 40% des habitants
travail en Suisse. C’est sans doute le territoire ou l’inégalité est la plus forte de notre
région. Là on ne comprend pas.
La proximité est souvent présentée comme une aspiration de nos concitoyens à vivre
des espaces à échelle plus humaine. Elle cohabite néanmoins avec l’extension de
conurbations gigantesques que certains dénomment aujourd’hui euro métropole.
L’étude rendue en avril dernier souligne que l’économie de proximité exploite une
population active plus exposée à la précarité que la moyenne des salariés. Si l’économie
résidentielle stimule la création d’emplois et favorise la baisse du chômage (ou tout au
moins son ralentissement), elle génère également une forte précarisation : les secteurs
d’activité qu’elle stimule sont très consommateurs de contrats précaires (à temps partiels,
saisonniers, à faibles rémunérations…), particulièrement en zone touristique. Le groupe
Front de gauche aurait aimé que l’amélioration de la situation et la sécurisation
des salariés figurent parmi les axes prioritaires. Voilà qui aurait donné une force
transformatrice à l’action régionale dans ce domaine.
Enfin la délibération prévoit l’extension du dispositif Idéclic‘Solidaire aux structures dit
d’entreprenariat social et la possibilité d’intervenir sur des projets émergents.
Il nous semble nécessaire de délimiter plus clairement les structures concernées qui ne
peuvent être entendues comme des entreprises ordinaires. Pour nous en matière
d’économie sociale et solidaire le statut de la structure aidée est un critère objectif
qui fait sens, nous y tenons particulièrement.
De plus dans leur phase d’émergence ces structures bénéficient normalement du Fonds
social européen, qui va s’interrompre en 2013. L’extension de l’éligibilité à Idéclic va
permettre d’éviter la rupture. Il n’est pas concevable que cela se fasse à budget constant
sauf à décider que le nombre des projets jusqu’à présent éligible diminue. Nous vous
demandons, Monsieur le Président, Monsieur le vice président d’inscrire les
moyens nécessaires au budget 2013.
Finalement, cette délibération a deux mérites.
D’abord elle montre qu’une alternative existe, qu’il est possible de penser et d’agir
autrement, que ce soit politiquement ou au sein de la société civile, dans le monde
associatif, dans l’entreprise, dans la vie de tous les jours.
Chaque occasion d’affirmer qu’un autre monde est possible doit être saisit, c’est notre
rôle, notre tâche auprès des Rhone-alpins. De la même manière qu’un territoire sans
industrie est un territoire mort, il fallait oser le dire, oui quand on est bénévole dans une
association on crée aussi de la richesse, oui quand on dispense une éducation gratuite de
qualité, on crée aussi de la richesse. En bref l’économie de proximité nous rappelle que
l’orthodoxie économique n’est pas le seul modèle possible. Se doter des outils pour
mesurer toutes les formes de richesses de nos territoires est de ce point de vue une
avancée notable.
Hélas le deuxième mérite de cette délibération est de nous montré qu’en refusant
d’assumer une rupture claire avec les logiques libérales. Nous ne sommes pas aller au
bout du résonnement.
Je ne vous cache pas que mon groupe, le groupe Front de gauche attendait plus de cette
délibération pour l’économie de proximité. Toutefois nous la voterons pour encourager
la démarche qu’elle encourage pour faire travailler l’ensemble des acteurs à son
développement dont nous voulons qu’il soit porteur de progrès humain

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