Plusieurs régions vivent depuis des journées, des alertes de pollution générées par les transports. Les pouvoirs publics demandent aux agriculteurs d’éviter certains traitements aériens. Mais l’ampleur des problèmes générés par le trafic routier, pousse les responsables agricoles à relativiser les reproches exprimés à l’encontre du secteur agricole, volontiers accusé d’être à l’origine d’une grande partie des maux environnementaux.
Ls paysans sont conscients de certaines erreurs largement passées. Et les responsables syndicaux acceptent de relever les défis environnementaux: usage raisonné de l’eau, utilisation prudente des pesticides. Ils estiment avoir négocié une application de la Directive Nitrate adaptée aux réalités régionales. Rhône-Alpes n’est ni la Bretagne, ni la Hollande, ni le sud de l’Allemagne. Les syndicats ont participé aux travaux sur le Schéma régional de Cohérence écologique (SRCE) qui prévoit la mise en place de trames vertes et bleues. Mais parfois, les demandes de certains écologistes sont excessives, comme celle d’une protection totale du loup.
Des besoins alimentaires en augmentation
Les menaces les plus graves sur le secteur sont économiques comme l’a rappelé l’assemblée générale de la Fédération Régionale des Syndicats d’exploitant Agricoles de Rhône-Alpes ce lundi à Lyon.
Evidemment les besoins alimentaires mondiaux augmenteront considérablement, comme l’a rappelé PhilippeChapuis, Directeur de l’Agroalimentaire à Crédit Agricole SA : la population mondiale passer de 7,5 à 9 milliards d’êtres humains, qui se nourriront davantage, et même adopteront en partie un mode de vie occidental, avec une plus forte consommation de protéines animales. Sur ces marchés, mondiaux, mais aussi continentaux et locaux, l’agriculture de Rhône-Alpes a sa place estime la FRSEA.
Des terres de qualité
Pour se maintenir et se développer, l’agriculture a besoin de bonnes terres. Mais la disparition des meilleures des terres, les terres profondes, se poursuit, comme le dénonce Daniel Prieur, secrétaire général adjoint de la Fédération Nationale des Syndicats Agricoles. Ces terres sont largement sacrifiées pour des zones d’activités, des infrastructures.
Or la terre est nécessaire pour que des jeunes s’installent dans de bonnes conditions de viabilité . Car l’agriculture régionale comme l’agriculture française doit s’inscrire dans un contexte mondial et européen, pour lequel les prix sont un critère déterminant.
Concurrence des agricultures hollandaise et allemande
Or depuis quelques années, l’agriculture perd des points par rapport à des agricultures du nord de l’Europe (Pays Bas et Allemagne) à beaucoup plus intensives, et on peut le penser plus polluantes. L’agriculture française a quelques handicaps sur le plan des outs. Des agricultures d’Europe du Nord, en Allemagne par exemple, bénéficient de coûts salariaux inférieurs, grâce à dela main d’œuvre en détachement.
S’affranchir de la guerre entre distributeurs
Pour résister, l’agriculture ne doit ni baisser les conditions sociales, ni les normes environnementales. Elle doit s’engager dans une stratégie fondée sur la production et s’affranchir de la guerre entre distributeurs qui tire les prix vers le bas. Il y a trop de grands groupes de distribution en lutte incessante pour faire pression sur l’amont, y compris sur les industriels qui demandent aux producteurs de baisser leurs prix.
L’agriculture doit mieux s’organiser, pour produire, créer de la valeur par la transformation, mieux vendre, mieux communiquer. « La valeur aoutée est la solution ” a souligné Michel Dantin, député européen, qui a travaillé sur la réforme de l’ Organisation Commune des Marchés qui régule les marché agricoles. Les agriculteurs de Rhône-Alpes ne doivent pas laisser la valeur se créer ailleurs. « Les broutards sont exportés en Italie et reviennent sous de forme de steak haché » rappelle Gérard Limandas, président de la Chambre d’agriculture de l’Ain.
La Région Rhône-Alpes est prêt à soutenir l’agriculture régionale. Michel Grégoire, vice président en charge du secteur a rappelé que de 2014 à 2020, la Région gèrera 1 milliard d’euros de fonds européens destinés à l’agriculture, pour aider le secteur à gagner en efficacité, en qualité.