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Alpes : aménager en économisant l’espace

En Suisse, à peine 30 % des zones constructibles sont bien ou très bien desservies par les transports publics. Le réseau de transports publics est peu développé dans un peu plus d’un quart des zones constructibles, et il est à peine présent, voire inexistant dans près de la moitié des zones constructibles. Dans les autres pays alpins, la situation est encore plus difficile.

Dans les régions où le réseau de transports publics n’existe pas ou pratiquement pas, les véhicules particuliers parcourent en moyenne deux fois et demie plus de kilomètres que dans les régions très bien desservies. Il n’est donc pas étonnant que les transports soient le souci majeur de la lutte contre le changement climatique. Toutefois, le problème n’est pas le comportement des citoyens en matière de transports, mais avant tout l’aménagement du territoire, qui autorise un étalement urbain excessif, des zones de maisons individuelles à faible densité, et la construction de parcelles sans desserte suffisante et sans commerces de proximité. L’aménagement du territoire a ici un rôle important à jouer, ce qu’il n’a pas fait de façon satisfaisante jusqu’à présent.
Contrôler l’urbanisation au niveau régional
Les communes se concurrencent entre elles pour le nombre d’habitants, les implantations d’entreprises, le tourisme et le pouvoir d’achat. De leur point de vue, il est logique d’étendre les terrains constructibles et de multiplier les zones résidentielles parsemées de maisons individuelles – la forme d’habitat préférée dans les régions alpines et au-delà. La concurrence entre les communes empêche ainsi le développement d’un habitat plus dense, associant logements, travail, loisirs et achats, dans lequel la rénovation aurait priorité sur l’extension. Un développement de l’urbanisation orienté vers le futur exige la coordination, la coopération et l’équilibre financier. Pour cela, un certain nombre de décisions importantes pour le développement de l’urbanisation doivent être transférées du niveau communal au niveau régional.

Prise en compte des coûts réels en matière de construction et de logement
Un terrain non construit fixe du CO2 et constitue ainsi un « partenaire » important dans la lutte contre le changement climatique. Un développement de l’urbanisation économe en surfaces réduit non seulement les émissions des gaz à effet de serre provenant du trafic, mais agit également contre l’imperméabilisation des sols. La prise en compte des coûts réels de l’approvisionnement en eau et en énergie, des infrastructures routières et de télécommunications, ainsi que des services sociaux tels que les services d’accompagnement des enfants, les transports scolaires et l’aide à domicile, la prise en compte de ces coûts constitue un instrument majeur pour contrôler l’urbanisation excessive.
Des études réalisées en Suisse, en Autriche et en Allemagne révèlent qu’une implantation désordonnée, dispersée et étendue des zones construites engendre des coûts d’approvisionnement et d’équipement par habitant jusqu’à trois fois supérieurs à ceux des zones d’urbanisation à forte densité. Les coûts d’investissement et d’entretien très élevés des zones pavillonnaires sont aujourd’hui doublement subventionnés par les habitants des zones à forte densité : une première fois par les aides financées par le contribuable, et une deuxième fois par les tarifs, puisque les coûts élevés liés à l’équipement des zones de mitage sont répercutés sur l’ensemble des consommateurs. En Autriche, seuls 37% des coûts d’investissement consacrés à l’infrastructure routière, à l’approvisionnement en eau et à la gestion des eaux usées sont à la charge des usagers. Ce taux chute même à 9 % pour les coûts de l’infrastructure sociale. Le reste est financé par les pouvoirs publics.

Des « marges de risque » pour les zones de danger
Le changement climatique va très probablement engendrer une recrudescence des risques naturels. L’espace alpin sera particulièrement touché par les événements climatiques extrêmes. La planification des zones à risque, qui se basait jusqu’à présent sur les expériences du passé pour définir les zones et les mesures de protection, doit se transformer en une planification des zones à risque. Cela signifie qu’il faut définir des « marges de risque » liées au climat. Le projet de protection contre les crues dans la partie inférieure de la vallée de Mangfall en Haute-Bavière en est un exemple : on y a construit un bassin de rétention des crues susceptible de contenir + 15 % d’eau que nécessaire pour une crue centenaire.

Cette « marge de risque liée au changement climatique » se répercute également sur la définition des limites de l’urbanisation ainsi que sur l’emplacement et la hauteur de la digue de protection. Les risques liés au changement climatique doivent donc impérativement devenir partie intégrante de l’aménagement du territoire.

cc.alps en bref
Le projet « cc.alps – changement climatique : penser plus loin que le bout de son nez ! » est porté par la Commission Internationale pour la Protection des Alpes (CIPRA) et financé par la fondation MAVA pour la nature. Avec ce projet, la CIPRA contribue à ce que les mesures climatiques déployées dans l’espace alpin soient en accord avec le principe du développement durable. Les informations sont traitées sous forme compacte dans onze cahiers thématiques consacrés aux thèmes suivants : énergie, construire et rénover, protection de la nature, risques naturels, autarcie énergétique des régions, tourisme, aménagement du territoire, transports, agriculture, sylviculture et eau, qui peuvent être téléchargés sur le site www.cipra.org/cc.alps.

Base de données avec des mesures climatiques exemplaires :
www.cipra.org/fr/cc.alps/resultats/bons-exemples
La version complète du « compact » CIPRA consacré à l’aménagement du territoire et au changement climatique est téléchargeable sur www.cipra.org/cc.alps-compacts.

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