Monsieur le Président,
Les orientations que vous avez annoncées le jeudi 25 octobre 2007 à l’Elysée, en présence du Vice-Président Al Gore et du Président Barroso, ont suscité l’enthousiasme des participants au Grenelle de l’environnement et un grand espoir dans l’opinion publique. Votre discours a donné l’impression que nous vivions un moment historique et que vous propulsiez la France à la tête du combat pour la sauvegarde de la planète.
« Vous nous avez appelé à nos responsabilités. Vous nous avez forcé à nous interroger sur le monde que nous allons laisser à nos enfants. Et vous nous avez fait comprendre que nous avions dépassé les limites de ce que notre planète peut supporter ». Tels sont les propos que vous avez tenus à la suite de l’allocution du Vice-Président Al-Gore.
Or, nous venons d’apprendre coup sur coup deux décisions décevantes : d’une part la confirmation par le premier ministre de la construction de l’A45, deuxième autoroute reliant Saint-Etienne à Lyon, d’autre part la transmission au Conseil d’Etat du projet de déclaration d’utilité publique pour la réalisation de la plate-forme aéroportuaire du Grand Ouest à Notre-Dame-des-Landes, au nord de Nantes.
Les orientations du Grenelle de l’environnement, démarche novatrice dont vous avez pris l’initiative, ne doivent pas être sacrifiées aux intérêts de quelques lobbys financiers et aux ambitions d’élus peu soucieux du monde dans lequel vivrons nos enfants. Vous l’avez dit vous-même, les enjeux sont d’une autre nature, d’une tout autre dimension.
Au lendemain de la conférence de Bali, vous seul avez le pouvoir de remettre les choses en ordre en replaçant les décisions que vous avez prises ce jeudi 25 octobre 2007 à leur niveau, c’est-à-dire à celui de l’avenir de notre planète.
Souhaitant que vous entendiez nos inquiétudes nous vous prions de croire, Monsieur le Président, à l’expression de notre très haute considération.
Jean Sivardière, Président de la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports
Sébastien Genest, Président de France Nature Environnement ( FNE ).
La note suivant accompagne la lettre des deux présidents
La construction d’une deuxième autoroute entre Saint-Etienne et Lyon, qui aurait de graves conséquences sur l’environnement local et l’aménagement du territoire, est une solution techniquement inadaptée pour fluidifier et sécuriser le trafic sur l’autoroute existante A47 : on peut, comme l’a démontré la Direction Départementale de l’Equipement de la Loire, réaménager efficacemment cette infrastructure pour un coût bien moindre et dans des délais bien plus courts. Par ailleurs le gros du trafic (environ 75%) observé sur l’A47 entre Saint Etienne et Givors est un trafic local qui ne se reporterait pas sur l’A45.
Inversement une part importante du trafic routier pourrait se reporter sur le train si on poursuivait les efforts, qui ont rencontré un grand succès, de développement de la liaison TER Saint Etienne-Lyon en créant un véritable RER entre Firminy et Lyon.
La construction d’un nouvel aéroport à Notre Dame des Landes impliquerait un gaspillage considérable d’espace agricole et naturel à proximité immédiate de l’agglomération de Nantes. Cette infrastructure surdimensionnée peut être évitée en réaménageant l’aéroport existant, qui peut par ailleurs aisément être desservi par le tramway nantais, afin de limiter les nuisances sonores subies par les populations survolées, en mettant en réseau les aéroports du Grand Ouest, et en facilitant l’accès aux aéroports parisiens par la modernisation de la grande ceinture sud de Paris puis en construisant le “barreau sud” d’interconnexion entre les lignes à grande vitesse Paris-Lyon et Atlantique.
Pour en savoir plus sur France Nature Environnement: http://www.fne.asso.fr/
Pour en savoir plus sur la FNAUT: http://www.fnaut.asso.fr/